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Mégaraisonnement.

Le propre de l’homme, c’est de penser qu’il existe. Bien sûr, les animaux ne pensent pas, ne réfléchissent pas qu’ils vont mourir. C’est toute la différence. Ils ne connaissent pas la suite logique de leur destin. Nous bien. C’est la raison pour laquelle nous n’aimons pas en parler, tant l’issue fatale est probablement la seule certitude partagée par l’humanité tout entière. Et cette certitude, lorsqu’elle nous échoit, presque personne n’y est préparé.
Cependant, ce que nous avons en commun avec les animaux s’appelle la liberté. Un animal sait quand il est libre ou quand il ne l’est pas. Nous, c’est pareil.
Il y a ainsi différents paramètres significatifs qui déterminent les individus.
Par exemple, le propre du militant, c’est avant tout la connerie.
Militant Ratzinger ou militant MR, même combat.
Car, pour faire militant en religion, en politique ou en sport, il faut croire.
Croire, ce n’est pas réfléchir, accumuler des arguments et en faire la synthèse. Non, croire, c’est choisir un homme, une organisation, une religion et suivre aveuglément ceux qui se sont interposés de toute manière entre l’objet de votre croyance et vous, qui s’y substituent naturellement par différents privilèges.
Ce n’est pas Dieu qui a choisi Ratzinger mais un aréopage de vieillards. En choisissant le libéralisme, vous tombez sur Didier Reynders. Savoir si l’un et l’autre incarnent le mieux les valeurs qu’ils représentent c’est un exercice que le croyant ne fait jamais ou lorsqu’il le fait, il risque l’apostasie ou l’exclusion.
Bien sûr, Didier Reynders n’est pas le substitut d’Alexis de Tocqueville, ni Ratzinger le triumvirat en un qu’il dit représenter. Tous les deux cependant font passer aux militants un message identique : ils incarnent ! L’un l’univers chrétien, qu’il identifie comme devant plaire à Dieu et en recevoir une récompense post mortem, l’autre une forme de gouverner les hommes qu’il aime associer à l’idée que le militant se fait de la liberté.
Croire, s’il rend imbécile, n’est pas douloureux. Au contraire, on s’enfonce dans un océan de certitudes dont aucune n’est démontrable, loin de la controverse, du doute et de l’inquiétude. C’est ainsi qu’en général on dit que les imbéciles sont heureux.
Ratzinger a été dans les jeunesses hitlériennes. Puis, il a servi dans une unité de la Wermacht de défense antiaérienne. Bon. C’est un fait avéré. Et s’il avait été décoré dans son unité pour avoir descendu une forteresse volante américaine, avec Douze navigants à bord ? Et que par conséquent, il aurait par son action guerrière tué douze fois ? Quelle serait la réaction des militants de Ratzinger ? Aucune, car le croyant s’il croit vraiment, ne croit par définition qu’à ce que son autorité morale lui dit et surtout pas à une autorité morale contraire qui pourrait le déstabiliser dans ce qu’il croit. Tout au plus certains fanatiques y verraient un signe que les douze victimes de Ratzinger seraient par exemple la prémonition qu’il deviendrait un jour le premier serviteur de Dieu et de ses douze apôtres !
Les artefacts tels les faits désastreux, les discours prophétiques dont la prophétie se révèle fausse, les erreurs de calculs et les approximations hâtives ne touchent pas les croyants. Si Ratzinger le dit, c’est que c’est vrai, puisqu’il incarne l’infaillible. Par exemple, il va dans les mois qui vont suivre parler de sa volonté de rassembler les églises chrétiennes. Si à sa mort rien n’a été rassemblé, comme c’est l’hypothèse la plus vraisemblable, le militant ou si l’on veut, le croyant, ne tirera pas la conclusion que Ratzinger n’était pas inspiré du tout et qu’il a fait croire des choses inexactes ? Non. Le militant dira « la Providence n’a pas voulu. L’Esprit Saint avait d’autres desseins, etc. » Bref, il possède, même dans l’erreur tout un arsenal de raisons qui le mènent à déraison, c’est-à-dire à poursuivre sa croyance de la même manière qu’il l’a commencée, sans aucune vision trouble et perturbante.

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Si Reynders assure qu’une solution imminente va être trouvée pour l’arrondissement Bruxelles Halle Vilvorde après les ajustements du budget et qu’au contraire on débouche sur une crise grave, le militant MR ne va pas pour autant s’affilier au Parti socialiste parce qu’il aurait surpris Reynders en plein discours démagogique. Si une chose pareille était possible dans les deux sens, l’équilibre du nombre de militants resterait identique d’un bord à l’autre, puisqu’il y a autant de chances que Di Rupo se trompe que Reynders, sur les mêmes questions, sinon sur d’autres tout autant importantes.
Si ce va et vient n’est pas de mise c’est que le militant est toujours d’accord avec celui qui le fédère dans une croyance.
Les Libéraux croient que la liberté du commerce favorise la liberté, tandis que les socialistes croient que le commerce libre favorise la liberté. Vous me direz, c’est la même chose. Vous verrez bien qu’il y a une nuance qui est suffisamment importante pour que le libéral reste libéral et le socialiste, socialiste.
Quand je vous disais que le propre du militant, c’est avant tout la connerie.

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