Tous mobilisés !
A l’heure où paraîtront ces lignes, nous ne le savons pas encore ; lorsque vous les lirez, serons-nous peut-être fixés sur le nom de la ville qui accueillera les Jeux olympiques de 2012.
Pourvu que ce soit Paris, de façon que nous puissions dormir tranquilles, oui-oui, en Belgique aussi !
Pourquoi ?
Mais parce que depuis le retour de Florence Aubenas, les Français – du moins leurs porte-parole – cherchent à se remobiliser pour un défi qui soit à leur mesure, et ce faisant emmerdent tout le monde en Europe. Nos voisins ont besoin de cela pour survivre dans la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes et pour oublier la gestion désastreuse de la crise actuelle par leur gouvernement.
Ils sont repartis en fanfare à Singapour avec tellement d’enthousiasme que si par hasard Londres était désignée, ce serait un nouveau Waterloo.
C’est bizarre tout de même, cet engouement pour une manifestation qui n’aura lieu que dans 7 ans et dont, à part les sportifs (certes nombreux) tout le monde se fout !
Qu’est-ce que les Français espèrent des Jeux dès maintenant, sans attendre 2012 ?
La création d’emplois et l’ouverture de grands chantiers ?
Certes. Mais ne serait-il pas plus exaltant d’ouvrir un autre grand chantier plus nécessaire, afin de loger les Français et d’arrêter une spéculation immobilière qui est en train de vider Paris et les autres grandes villes de leur population traditionnelle ?
La vitrine du sport mondial à portée des sportifs français ?
Tout le monde sait que seules quelques villes de France possèdent les infrastructure qui font la graine des champions et qu’après les jeux, rien ne sera changé !
Pourquoi ne pas disposer des capitaux que les Français vont engager dans des projets pharaoniques sur Paris et sa banlieue pour donner la possibilité à chaque petite ville de France les moyens de construire un stade municipal honorable et une piscine olympique par cent mille habitants ?
Rien que pour atteindre ce chiffre de cent mille habitants équipés, le travail à faire est énorme !
Mais, non. La situation pourri là-bas, comme en Belgique, tout compte fait, où à notre échelle, le gouvernement wallon va une fois de plus ouvrir notre porte-monnaie pour satisfaire aux appétits de Max Mosley à Francorchamps, alors que nos sportifs manquent de tout et que pour monter dans une voiture de Formule 1, il faut aujourd’hui être millionnaire.
Même en Belgique, on s’échauffe sur la décision du Comité olympique de ce mercredi.
Derrière cette mascarade et les grands rassemblements des anciennes gloires du sport français, réunis dans un dernier show à Singapour, c’est l’ambition d’un Jacques Chirac contrarié par la récente victoire du « non » au référendum et qui a besoin de redorer son blason pour les futures présidentielles. Il va survenir, vedette hypermédiatisée, en héros d’apothéose quelques heures avant le verdict en pleine délibération à Singapour, pour recueillir les fruits médiatiques, avec le risque que si ce n’est pas la France qui l’emporte, il va avoir l’air malin, une fois de plus ! On voit bien que dans cette aventure, celui qui dans les sondages est au taux plancher, essaie cette dernière pub dans une ultime tentative de se rabibocher avec l’opinion. Personne jusqu’à présent ne lui sait gré d’avoir remplacé Raffarin par Villepin. Les cent jours de ce dernier risque bien d’être les derniers cent jours de son patron. Chirac joue son va-tout !
Delanoë, le maire de paris, s’est fortement investi aussi. C’est plus logique qu’il se démène pour sa ville, mais il ne peut pas s’empêcher de penser qu’il joue une carte personnelle dans l’aventure. Les jeux acquis en 2012, c’est sa réélection à la mairie de Paris assurée. C’est aussi affirmer une position incontournable à la direction du parti socialiste. Après le congrès de septembre - qui sait ? - devenir le candidat alternatif au secrétariat national et aspirer à un affrontement avec Sarkozy pour le remplacement du « guignolo » de l’Elysée.
Les journalistes sportifs après le Tour de France vont sécher pour boucler le mois d’août, l’obtention des jeux pour la France en 2012 permet avant tout d’agrandir au monde entier l’image du sport français et de faire de la copie.
En marge des tribulations et du grotesque de la situation, les habitants de la plaine Saint-Denis se mobilisent, mais eux, ce n’est pas dans l’enthousiasme des jeux, mais parce que les projets olympiques de 2012 prévoiraient l’expropriation et la démolition d’un quartier de leur arrondissement. Alors qu’il n’y a pas de projet de relogement des habitants expulsés !
Comme on le voit, tous les Français ne sont pas pour les jeux.
Mais de ceux-là qui s’en préoccupent ?