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David Manning en visite à Liège.

La visite de David Manning à Liège, n’est pas passée inaperçue. La controverse et le flou qui entourent ce personnage ont créé un choc comparable à la première femme en soutien-gorge sur une page de pub de Marie-Claire en 1954.

Juste un retour en arrière.
Nos professionnels à court d’imagination peuvent s’inspirer au vol de l’idée des Studios Sony.
Il n’y a pas grand monde pour tirer le petit bout « insolite » qui dépasse des antichambres du pouvoir. C’est comme l’histoire de la fille du roi, la chose est « délicate » et ne se répand qu’en « stoemeling ».
Les Studios Sony se sont dits, puisque l’information nous est mesurée, créons-là !
C’est simple. Mais il fallait y penser.
Sur la foi d’un certain David Manning, critique de cinéma, des millions d’Américains se sont rués dans les salles obscures pour voir des films distribués par Columbia Tri-Star, filiale de Sony.
La direction de Sony vient de le reconnaître, les services de la publicité avaient créé un journaliste fictif « David Manning » du Ridgefield Press, vrai hebdomadaire du Connecticut.
La mèche fut éventée par Newsweek qui démontra à ses lecteurs que David Manning n’existait pas.
Revers de la médaille, Sony va devoir sortir de ses bénéfices 1 million 500 mille dollars pour dédommager 300.000 spectateurs.

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L’idée du journaliste fictif est tout à fait adaptable à la belge-sauce. Car des journalistes David Manning, il en pleut chez nous. Ils ne le savent pas, ils s’insurgeraient plutôt si on leur disait qu’ils ressemblent au critique de cinéma qui n’existe pas, et pourtant, ils n’auraient pas besoin d’un grand effort d’adaptation pour se glisser parfaitement dans la peau du personnage.
Par exemple, la description dithyrambique de Liège les pieds dans le sable à l’espace Tivoli, c’est sans doute l’œuvre d’un David Manning local. Les couronnes du génie tressées à nos artistes locaux, qu’ils soient lyriques ou écrivassiers par les boys de Magotte, ce sont de purs David Manning. Enfin, les hagiographes de nos grands hommes qui siègent à la Violette ou au Palais provincial, on ne les recrute pas ailleurs que dans le catalogue David Manning.
La platitude de l’événement typiquement belge est une plaie dans la profession. L’angoisse permanente de ceux qui ont à traiter du vide, relève du laboratoire de science fiction. Comment faire huit pages d’infos quand il ne se passe strictement rien, surtout l’été ?
Ce drame serait moins insupportable si nous avions quelques David Manning qui ne se contenteraient plus de trouver admirable ce qui n’est en soi que fort médiocre ; mais plutôt qui en remettraient à seule fin de réjouir la galerie noyée sous la morosité du style et le manque d’imagination.
Ainsi le besogneux de l’écriture rentrerait le soir noircir son petit papier. Sa femme lui dirait « tu as ramené des infos à traiter, mon chéri ? ». Il répondrait « Non ! mais je crois que ça va venir ».
Nos David Manning n’auraient aucune peine à affirmer que Di Rupo va trouver une formule pour rendre la vie plus douce aux petites gens en demandant une augmentation de 500 euros du salaire minimum et des pensions, qu’Anne-Marie Lizin veut faire cent heures d’intérêt général pour s’autopunir de la lettre malencontreuse à un juge, que Verhofstadt prend à charge sur son salaire la création de mille crèches, ou que madame Simonet veut créer sur ses fonds propres, un prix Charlemagne équivalent au Nobel, à l’université de Liège.
Vous voyez d’ici le mauvais effet d’un démenti de Verhofstadt « des crèches ? Mais, il n’en est pas question… », ou de Madame Simonet « Pas un sou pour l’ULg. »
Nos David Manning verraient en foire d’octobre avec les petits orphelins des homes, le bourgmestre distribuer des tours sur les carrousels et Michel de Lamotte défendre le droit au relogement des filles de bar de la rue Varin ; ce qui serait le moins quand on s’appelle Lamotte !
Certes, il y aurait quelques timides démentis, je ne pense pas que sur des bonnes actions fictives, nos glorieux réclameraient une action en justice.
C’est une idée à creuser.
Il est grand temps que les professionnels remplacent leurs plumets et leurs gilets rayés par du matériel neuf.
Il en va de leur survie. Je connais quelques David Manning qui y pensent.
Il paraît que Richard III lui-même ?

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