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Interview de l’Agent Dha de Moulinsart.

-Je ratisse, pouce par pouce les terrains. Je poursuis des enquêtes. Je recoupe mes sources. Vous voyez cet affleurement aquatique ?… une source recoupée… Le colis derrière l’arbre…
-Mais c’est une crotte de chien !
-Les colis suspects de tous ordres doivent être signalés et manipulés avec précaution.
-Vous en avez d’un autre genre que celui que vous me montrez ?
-Non. Pas encore. Mais le manuel nous dit : Attention ! Warning !... manipulez avec précaution… que s’il est avéré qu’il ne cache pas une bombe. Pour que cela soit avéré, il y a toute la procédure. Professionnel !...
-Vous avez reçu des menaces ?
-Non.
-Vous avez des craintes ?
-Oui. Dès que nous prenons notre service, nous avons des craintes. Au briefing, l’inspecteur Vital Statistic nous a fait un cours sur la merde piégée.
-Comment ratissez-vous ?
-Large, mais professionnel.
-Avec quoi ?
-Avec le flair de Dolly, une chienne de 5 ans. Chaque fois que nous la sortons du chenil, elle passe au détecteur, des fois qu’elle serait devenue terroriste au cours de la nuit.
-Vous interpellez ?
-Sans arrêt.
-Hep vous, là, le bronzé… Puis nous nous approchons en tenaille. Stand Detir, notre instructeur en interpellation, nous le dit tous les jours « Tirez à la tête et interrogez ensuite » voyez ce qui est arrivé à Londres. Un électricien brésilien a failli tuer des inspecteurs qui l’interpellaient.
-Mais c’est lui qui est mort ! Il n’était pas armé…
-Qu’en savez-vous ? Vous l’avez fouillé ?
-Non. Mais Scotland Yard, oui.
-Nous autres de la police, nous ne pouvons pas tout dire… certaines fouilles doivent rester secrètes. Nous sommes des professionnels…
-Quand même à Moulinsart !
-Madame Mathus, notre village est célèbre dans le monde entier.
-Que pensez-vous de la situation mondiale ?
-Elle est très mauvaise. Voyez nos collègues de Londres et de Charm el-cheikh ! Les terroristes se sont peut-être réfugiés dans les bois de la Commune ? Sur Reumont nous avons vu des ombres vers minuit, près du Cimetière. Nous avons demandé un hélico. Nous avons balayé le terrain à 30 mètres du sol. C’était plus sûr. Le Steff a tiré après sommation. Heureusement, ce n’était qu’un lapin. Je vous demande, qu’est-ce qu’un lapin pouvait bien faire au cimetière de Reumont à minuit ?
-Ne croyez-vous pas que vous alimentez la tension à tenir de pareils propos ?
-Madame Mathus, l’ancienne concierge de l’école dans laquelle Madame Simonet a fait ses primaires a pris sa retraite et habite à présent notre village. Vous ne croyez pas que c’est une lourde responsabilité qui nous incombe. Ah ! que je n’aime pas ce mot !

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-Incombe ?
-Oui. Il rime avec bombe…
-Que pensent les habitants de la haute tension ?
-Ils sont assez contents. Sauf pendant les orages… nos lignes ne sont pas enterrées…
-Je parle de la tension que le terrorisme fait courir à Moulinsart ?
-Les habitants se sont résignés à mourir dans la dignité. Le Plaute, est mort la semaine dernière.
-Victime du terrorisme ?
-C’est l’enquête qui le déterminera. A 92 ans, il a avalé une côtelette de travers au baptême de son arrière petite-fille. Il est mort sur le coup.
-Ce n’est pas un acte terroriste, ça. Il s’est étranglé…
-Madame Mathus, personne ne l’a vu quand il est tombé. On la retrouvé dans les cabinets, un os de côtelette à la main. C’est tout. L’enquête déterminera s’il n’est pas la première victime du terrorisme à Moulinsart.
-Combien êtes-vous pour surveiller le pays ?
-Deux et 60 caméras.
-Comment deux ?
-Oui, le grand Dominique est parti renforcer la brigade de Libramont pour la foire annuelle.
-Ils ont reçu des menaces !
-Non, mais des peintres exposent leurs œuvres et parmi eux il y a, paraît-il, une bombe sexuelle. Je l’ai vue l’année dernière et c’est vrai, j’ai failli exploser.
-Et vos 60 caméras ?
-Il y en a partout. Y compris à l’intérieur des habitations. Surtout celles qui sont isolées, sur le bois, par là. Nous, on ne voulait pas, rapport à la vie privée. Les habitants ont insisté !
-Des exhibitionnistes ?
-Ils ont peur. Moi-même, j’en ai fait mettre une dans l’escalier du living chez moi. C’est ainsi que j’ai vu monter quelqu’un, pendant que j’étais de service. J’ai tout de suite téléphoné à la Laude. Elle était au lit et n’a vu personne ! Parfois il y a des interférences. C’est ainsi qu’on a cru voir le bourgmestre dans la remise du Conseil communal malmené par une femme. C’était la femme d’ouvrage qui nettoyait une armoire. C’est égal. Nous restons vigilants.
-Professionnel…
-Je ne vous le fais pas dire…

Commentaires

Richard Vador : - Ffffhhh... Je suis ton père, Nain Dien !

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