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Les partis sont unanimes.

Le progrès est en route, on n’en a jamais douté.
Le tout c’est de savoir prendre la BMW en marche, plutôt que se retrouver comme des cons à l’abri-bus, après avoir raté le virage du succès. Marie Arena a une technique qu’elle tente d’appliquer au FOREm. Hélas ! les chômeurs sont de mauvais élèves. Oncques ne vit plus frustres et plus attardés, que ces bestiaux-là, diraient les Vlaams belang et les Fronts nationaux, les si délicats adolphins du royaume.
Le progrès n’est qu’une question de bonne éducation.
Quand on n’est pas éduqué, le travail des moniteurs est tellement difficile que la Région interdit de prendre le thé dans des tasses « coquille d’œuf » au cours HORECA, pour l’emploi de porte-serviette dans un graillon de la zone. Les leçons pratiques se donnent donc dans des gobelets en plastique… Et puis comment voulez-vous que les licenciés de la sidérurgie et de l’industrie lourde saisissent dans leurs grosses mains calleuses et maladroites, les objets qui seront demain les témoins de leur réussite hôtelière ?
Vous voyez Moulou, ben Soussian, Ismaël et Ishram faire une table de bridge ?
Il n’est qu’à se promener en ville pour arriver à la conclusion que le productivisme porte ses fruits. On sent la prospérité gagner du terrain. Les fonctionnaires de l’Europe ne comprennent pas qu’on ait pu voter « non » sur le projet de Constitution Giscard, ce joyau de la démocratie de pointe.
En général les mandataires publics sont satisfaits.
Hermann De Croo, à la dernière interview de la RTBf, n’a pas hésité à recevoir le journaliste dans sa salle à manger alors qu’il déjeunait avec Madame. Le cadre raffiné et exquis de l’hôtel de maître que la Nation offre au président de la Chambre des Représentants était propice aux épanchements sur l’amour qu’à Hermann pour la dynastie. Le vin y est de première qualité. La gastronomie d’Etat ne compte plus ses fourchettes. A voir avec quelle grâce notre gloire nationale portait sa coupe de cristal aux lèvres, et avec quel soin il découpait son filet pur, on devinait qu’il pouvait faire moniteur HORECA chez Arena.
On n’a pas vu les domestiques, comme les deux étaient fringués, on les devinait en gilet rayé et gants blancs, debout hors camera à épier les désirs de leurs éminences.
La bégum, pardon… la rombière à Hermann, on la voyait mal ramasser les couverts et les porter à la cuisine.
Ce fut pour les téléspectateurs un moment divin ! Il manquait Jean-Pierre Koff à s’écrier : « Ça au moins, ce n’est pas de la merde ! »

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Tout va donc pour le mieux dans ce merveilleux pays, on sent la joie de ceux qu’on interroge au hasard du côté du Palais royal. Même la sentinelle à l’air si heureux, et elle va son petit bonhomme de chemin si sereinement qu’on a envie de l’embrasser sur l’air de « Fernande ».
Roger Mené, exceptionnel de vitalité a ses troupes « classe-moyenne » bien en main. L’artisanat répare sa montre, le chausse de cuir souple et entoure sa large bedaine des soieries les plus délicates.
Le plan Marshall remet l’oignon de Roger en 45, encore 6 mois et c’est la bataille des Ardennes.
L’artisanat sera épique au Mardasson.
Ils attendent de pied ferme la poignée de misérables nostalgiques de Staline, contre lesquels toute la Belgique se liguera dix ans plus tard, puisque Von Rundstedt aura complètement raté sa mission. .
L’avenue Louise est aux anges, du pied d’Ixelles à Knock-le-Zout.
On sable le champagne dans les cantines, sous les plafonds à caissons et moulures des palais de la nation. Les costumes sombres sont les salopettes du riche. Il y en a tellement que sur les trottoirs il faudrait allumer les réverbères à l’ouverture des bureaux du rond-point Schumann. .
Le PS et les libéraux recueillent énormément d’avis enthousiastes de citoyens satisfaits. Selon des sources dignes de foi, le baromètre est au beau fixe, malgré la flambée des prix du mazout.
Ce tableau idyllique concernait en 2004, 10 % de la population. En 2005, presque 15 % !
A la demande de Madame Simonet, l’ULg a calculé qu’en 2080 plus de 18 % de la population seront au comble du bonheur, soit 3% de mieux qu’en 2005.
Elle va proposé un référendum libellé de la manière suivante : Etes-vous très très satisfait de la démocratie libérale ? Très satisfait ? Satisfait ?
Selon l’indice trimestriel 4 de l’Institut national de statistique (INS), d’octobre 2003 à octobre 2004, les salaires dans l’industrie ont augmenté de 2,37%, tandis que l’indice des prix à la consommation a grimpé de 2,86%. «De ce fait, conclut l’INS, les salaires ont diminué de 0,49% en valeur réelle.» Comme l’index est depuis longtemps truqué, on pourrait même aller jusqu’à 2 % en perte réelle du pouvoir d’achat.
Si l’on augmentait les salaires du privé de 3%, cela coûterait 2,6 milliards d’euros aux patrons. Soit à peine 8% du bénéfice des 30.000 plus grandes sociétés du pays.
N’est-ce pas divin pour le commerce extérieur, que cette augmentation de 3 % n’aura pas lieu ?
Quant aux pensions et à l’assistanat public des carottiers et des paresseux, tous les partis sont unanimes. Comme du temps où l’on regardait du côté de la ligne bleue des Vosges : ils ne passeront pas.

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