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Soyons excessifs !

Rome le 23 août 410
- Honorius : Nos troupes sont fraîches, l’ennemi est affamé. Alaric sera défait, foi de Romain. Par précaution, je rejoins Ravenne dès ce soir et reviendrai pour mon triomphe.
- Rufin : Bien pensé, Imperator. L’excès nuit en tout et les troupes du Wisigoth sont épuisées de luxure.
-Stilicon : Les extrêmes s’annulent. Un excès de prudence comme un excès de confiance seraient nuisibles.
-Honorius : Je pars donc rassuré. Notre opinion centriste est la meilleure. C’est ainsi qu’il faut diriger les peuples. La raison triomphe sur l’extrémisme.

Rome le 24 août 410
Alaric à la tête de ses Wisigoths met les Légions romaines en fuite, s’empare de Rome qu’il met à sac et c’est la fin de l’Empire romain qui aura duré près de 5 siècles.

Septembre 1938
Edouard Daladier en compagnie du Premier Ministre britannique Neville Chamberlain signe les accords de Munich avec le chancelier du Reich Adolphe Hitler. Daladier, c’est le champion de la juste mesure, l’ennemi de l’excès. Il a mis fin aux « libertés » du Front populaire afin de rétablir un ordre moral. Sa politique centriste est l’ennemie des « débordements ». Il ne se veut ni trop alarmiste, ni trop confiant, mais modéré. Les opinions excessives s’annulent. La guerre est évitée. Elle n’aura pas lieu.


3 septembre 1939
Londres et Paris déclarent la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne le 1er septembre par les troupes allemandes, la Grande-Bretagne se déclare en guerre avec l’Allemagne à 12 heures. La France fait de même à 15 heures. La Seconde Guerre mondiale a démarré. La guerre se terminera six ans plus tard et avec elle les excès que l’on croyait éviter avec plus de 52 millions de morts !

Janvier 61 la belge attitude
Le 3 janvier, pour la première fois dans l’histoire du parti socialiste, les élus wallons, seuls, exigent une révision de la structure unitaire de l’Etat belge. Ils demandent «pour la Wallonie le droit à l’autodétermination et le droit de choisir elle-même son expansion économique et sociale.» La conjonction de ce genre d’exigences au mot d’ordre qui unit tout le monde – «non à la loi unique» – sème la confusion.
Mais il y a des opinions convergentes vers un centre modéré à la fois de la gauche et de la droite chrétienne dont Monsieur Gaston Eyskens est le leader et chef du gouvernement.
« Je comprends que le gouvernement fait tout ce qu’il faut pour maintenir l’ordre», déclare le socialiste Achille Van Acker, après que la grève ait déjà fait trois morts et des dizaines de blessés.
Le 6 janvier, les heurts font 75 blessés : 26 grévistes, 49 gendarmes. Deux ouvriers tués. Les jours suivants, les grévistes cherchent des moyens d’action plus durs encore. Afin de prévenir l’insurrection, on arrête massivement les piquets de grève.
Désormais, le PSB condamne explicitement la violence des grévistes.
Les paroles de Gaston Eyskens sur l’excès qui nuit en tout et dont les opinions s’annulent réjouissent les socialistes qui boivent du petit lait. Notre régime parlementaire est un régime de fausse démocratie et que l’action directe doit primer sur celle du parlement, dira Jacques Yerna qui est illico classé d’excessif. A un moment où le mouvement ouvrier était dans une phase offensive et exigeait des réformes de structures anticapitalistes, le PSB l’a empêché de les obtenir. Il a choisi la voie parlementaire et n’a pas mobilisé ses troupes. La grève historique contre la loi unique illustre à merveille le rôle néfaste de la social-démocratie quand il s’agit de maintenir en vie le système capitaliste contre le peuple. La modération triomphe une fois de plus de l’aventure et de l‘excès.

Fin août 2005
En grande pompe Elio Di Rupo reçoit le sieur Mestagh, patron des patrons wallons, lors de la réunion du Val Saint-Lambert du PS. La lutte des classes est enterrée depuis 1961. La collaboration avec la droite existe depuis lors. La Wallonie est au bord de la faillite. Le système capitaliste, malgré ses zélés collaborateurs de gauche a montré son vrai visage et tué la dignité du travail. La mondialisation suit son train. Le pic de Hubbert en matière de pétrole va être atteint et personne n’a de solution. Aucun économiste ne saurait projeter une quelconque perspective sérieuse d’avenir. Mais, la politique du centre est sauvée L’excès est définitivement exclu et le peuple vit paisiblement sa pauvreté.
Et le pauvre Richard est taxé d’utopiste dangereux, tandis que se préparent des hécatombes nouvelles…

Commentaires

Ha! Mais quel équilibre trouver entre "excès excessif" ;-) et modération stérile????

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