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Voeux au Parti socialiste de Belgique.

En cette période particulièrement faste en vœux pieux et en manifestations de sympathie, je me rends bien compte que plus je me déclare de gauche, plus je tape sur le parti socialiste ! Y aurait-il incompatibilité entre eux et moi ? Mystère. Je suis prêt à reconnaître mes torts, à condition qu’ils reconnaissent les leurs.
C’est sans doute la volonté de la direction du PS d’ignorer les classes sociales. Ça fait quand même un bail ! Comme si les clases sociales n’existeraient plus par la volonté d’un parti, alors qu’elles continueront d’exister aussi longtemps qu’existeront des rapports d’exploitation d’une catégorie sociale à l’autre !
Mais je peux comprendre le dilemme dans lequel s’est trouvé piégé le Bureau de ce parti dans les années septante. Alors, le prolétariat s’était élargi aux employés, ce qui donnait une majorité mixte de la population active. On pouvait raisonnablement prétendre que l’évolution capitaliste allait s’étendre favorablement à toutes les couches de la population et donnerait naissance à un centre où allaient se mélanger harmonieusement la droite et la gauche.
L’erreur a été de faire confiance aux économistes qui prévoyaient tous cette évolution douce, grâce à l’augmentation constante du produit intérieur brut.
Or, le durcissement du système dans ses égoïsmes allait mettre un terme à la vision idyllique.
Les différences des catégories sociales sont aujourd’hui si apparentes, les inégalités de statuts entre salariés du privé et employés d’administration de l’Etat si fortes, avec la super catégorie des fonctionnaires européens, à cela viennent s’ajouter le chômage massif, la misère des petits métiers et les placards insalubres d’immigrés, que les discours de Di Rupo sur l’égalité des chances et le nécessaire coup de pouce aux plus démunis sont presque une insulte à la pauvreté.
En un mot, la politique centriste a fait long feu et n’illusionne plus que les quelques petites réussites bourgeoises et le monde de la finance à l’aise dans une société pacifiée et rassurée.
La gauche était arrivée au pouvoir héritière des luttes antérieures qui lui faisaient concevoir un salariat en conflit permanent avec les classes supérieures. Les avantages furent considérables tant que les luttes ont perduré. Cet héritage a été gaspillé dans des collaborations qui n’ont profité qu’à une bourgeoisie politique « de gauche » principalement composée d’avocats, qui s’est installée dans les pouvoirs que les électeurs lui ont délégués. Aujourd’hui, le frein social est perceptible dans cette pseudo élite intellectuelle !
Comment recréer un sentiment de générosité qui susciterait l’adhésion de tous ? Comment reprendre le dialogue avec les pauvres, sinon en taxant les grandes fortunes et en augmentant les salaires, tout en faisant baisser les coûts salariaux chers à la FEB, par des détaxations en renonçant à des dépenses inutiles ?

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Veut-on un exemple dans le cadre des pensions ? Il est anormal que des pensionnés vivent avec des retraites de 600 euros, alors que les hauts fonctionnaires, les généraux et bien d’autres catégories sociales perçoivent des retraites vingt fois supérieures, lors même qu’ils ont perçu toute leur vie d’importants revenus qui les disposaient déjà à une retraite sans souci !
Et tout est l’avenant, dans cette société foncièrement inégalitaire.
Voilà une tâche qui serait à la mesure de ce que les gens attendent du parti socialiste de Belgique : remettre à plat les dépenses de l’Etat et en changer les priorités.
Ce n’est évidemment pas facile de rompre avec les habitudes d’une collaboration douce avec les forces politiques de droite et les milieux aisés installés sur les dépouilles des humbles. Non pas qu’une radicalisation ne trouverait pas des soutiens favorables dans les sections, mais parce que les dirigeants actuels sont bien trop engagés dans un autre monde que celui qu’ils sont censés représentés.
Je l’ai toujours prétendu, on ne peut pas défendre ceux qui vivent dans les mille difficultés sans qu’on n’y soit pas, d’une manière ou d’une autre, impliqués.
Les hommes et les femmes de pouvoir de la gauche n’ont plus la fibre sociale qui les reliait directement avec le peuple. Au contraire, tout les en éloigne et rien ne les rapproche. Ils voient différemment les choses. Mieux, ils ne s’aperçoivent pas que la dernière dérive capitaliste, peut-être l’ultime péripétie, est l’avatar de plus qu’il faut éviter.
C’est sur cette dernière réflexion que je forme des vœux pour que 2006 soit une prise de conscience des gens qui ont notre avenir entre leurs mains.
La gauche n’a que faire de partager un pouvoir qui accable la population.
Sans elle, tout le monde le sait, le pays est ingouvernable.
Raison de plus d’avoir d’autres ambitions.
On a dit de Di Rupo qu’il était un fin stratège, qu’il était un bûcheur infatigable, etc. Que n’est-il sensible à l’essence même du socialisme, à ce qui a fait le parti tout au long du siècle dernier. Que ne se penche-t-il réellement sur la misère des gens produite par la dérive capitaliste et l’accaparement des richesses par une minorité internationale.
C’est tout ce que je souhaite pour 2006, à lui et au PS.

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