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Dépravation de l’autorité de justice.

Le fiasco du juge Burgaud et de la justice française lors de l’affaire d’Outreau débouche sur une commission d’enquête parlementaire qui doit nous rappeler quelque chose, celle du dysfonctionnement de la justice en Belgique et de la guerre des polices lors de l’épilogue de l’affaire Dutroux qui s’était terminée, elle aussi, par une enquête parlementaire publique qui avait fait un tabac énorme dans les télévisions de l’époque, tant nous étions habitués à la politique du silence de ces Messieurs-Dames qui se défendaient d’exposer leurs conneries au jugement des citoyens..
On sait ce qu’il en est advenu de l’enquête parlementaire en Belgique : RIEN !
Si l’on tient pour négligeable la fusion de la police et de la gendarmerie, à seule fin politique d’éviter que des officiers de gendarmerie n’occupent un jour le Parlement avec leurs hommes ou qu’une affaire du type « les tueurs du Brabant wallon » ne débouche sur l’organisation d’un putsch fasciste.
On sait aussi comme les sanctions que l’opinion publique aurait voulu voir tomber sur des magistrats et des policiers négligents ou incompétents se sont transformées en « promotions » à tel point qu’un policier avait déposé plainte contre les Russo, parce qu’il lui semblait que les accusations portées contre lui étaient diffamatoires et portaient préjudice à son avancement ! Il a sûrement eu gain de cause en retirant sa plainte et il est probablement passé au grade supérieur, sans tambour, ni trompette – à la belge en quelque sorte….
Pourvu que l’enquête parlementaire française ne se transforme pas en eau de bidet comme en Belgique. C’est tout ce qu’on leur souhaite.

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Chez nous, c’étaient les parents des malheureuses victimes de Dutroux et de la Justice qui étaient accueillis par Marc Verwilghen, président de la Commission. En France, ce sont les acquittés qui se sont livrés à une attaque en règle de l’enquête policière, du rôle des magistrats et en premier lieu de celui du juge et de la presse. Les députés, eux, tombaient des nues que la justice en soit encore à des méthodes et un code qui datent de François I, à peine remanié par Napoléon !
Et c’est le défilé des victimes du juge Burgaud, lamentable suite d’innocents traînés dans la boue, méprisés, menottés, injuriés comme « violeurs d’enfant » ! Ce qui fit dire à l’une d’entre elles - acquittée à Paris en décembre 2005 et qui fit 23 mois de détention sur la seule décision de Burgaud - "L’humanité, c’est ce qui a le plus manqué dans ce dossier", devant le juge, "j’ai eu l’impression de tomber devant le Bon Dieu. Il avait le droit de vie et de mort".
En effet, au nom de l’indépendance de la justice, ce qui est fort controversable puisque celle-ci a tendance de prendre des gants et faire des politesses quand il est question d’un personnage influent ou médiatique, on assiste à la toute puissance de personnages qui du policier au magistrat cultivent depuis toujours la politique de l’aveu et la présomption de culpabilité, afin d’arriver au résultat.
En Belgique comme en France, ça fait des dégâts. Si l’on ajoute à cela l’opinion publique attisée par la meute journalistique en quête de sensationnel, on a un cocktail explosif qui peut envoyer en prison pour de longues années des gens qui craquent sous la pression et qui finalement avouent n’importe quoi, pourvu qu’on leur fiche la paix, alors que, simplement, ils voulaient rentrer chez eux, comme Patrick Dills, où là encore, la justice française avait déraillé.
L’affaire d’Outreau a ceci de différent par rapport au fiasco de la justice belge que la justice française en a fait trop et n’a instruit qu’à charge sur la foi des experts et de la parole des enfants - on sait ce qu’il en est aujourd’hui de la fragilité de certains témoignages - tandis que la justice belge en a fait trop peu et la police encore moins et mal.
Que la France se méfie des bonnes résolutions et d’une remise au pas de l’institution judiciaire, à la lumière de ce qui en est advenu chez nous.
Il n’y a rien de plus difficile à réformer que des fonctionnaires nantis d’autorité sur le citoyen, d’autant plus qu’ils sont les serviteurs de la loi, même si celle-ci acquise de l’Ancien Régime est de façon évidente dépassée, obsolète et elle-même criminelle par certains de ses aspects.
C’est que le pouvoir est une drogue qui exacerbe les personnalités en les rendant sottes et orgueilleuses.
En Belgique comme en France, il faudra bien plus que quelques affaires qui se terminent pas un désaveu de l’autorité, pour balayer des pratiques honteuses et faire du neuf.

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