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Tu peux me loger ?

Quand on ne sait pas où l’on va, il faut se souvenir d’où l’on vient.

-Manu, où tu vas ?
-Je vais. Je glande par là ?
-D’où tu viens ?
- On s’est retrouvé avec les copains devant un closed bar pourri. Comme on partait, voilà Bab qui dit : « Si on retournait d’où on vient ? »… Impossible de se rappeler. On s’est séparés en deux groupes. J’ai fait private groupe à moi tout seul.
-Alors, tu ne sais pas où tu vas, sans savoir d’où tu viens ?
-Non. mais, je sais quand même où j’habite ! Et toi ?
- Hier, Félicie m’a foutu à la porte. Depuis je ne sais plus où j’habite.
-Mais tu sais où tu vas ?
-Je comptais sur toi pour m’héberger, puisque tu sais encore où tu habites.
-Dehors, il gèle plus. Dors dans ta bagnole. Je me disais que si on demandait aux gens ce qu’ils foutent dans leurs bagnoles, à part ceux qui y dorment, certains sauraient rien dire.
-T’en as qui savent même plus qu’ils y sont.
-C’est inquiétant. C’est un truc qui m’arrivera jamais.
-Tiens, pourquoi ?
-J’ai pas de bagnole, mon pote.
-Note, par contre, ils savent d’où ils viennent, dans leur bagnole.
-Pas sûr. J’en connais, ils la retrouvent même plus sur le parking du Cora.
-Qu’est-ce qu’ils font ?
-Ils attendent la fermeture. Ceux qui restent, c’est parce qu’ils ont paumé leur bagnole. Alors, ils s’arrangent entre eux. Tiens c’est la mienne. Non, c’est la tienne. Ils essaient les clés. Ils les échangent.

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-Ça m’est arrivé chez Carrefour. J’avais dit à Félicie que je rentrerais pour six heures. Je la préviens par politesse, à cause qu’elle a quelqu’un. Voilà que je tombe sur Mèmeye…
-La pouffe à Bab ?
-La même.
-Elle avait laissé ses clés sur le tableau de bord. Heureusement que le hayon était ouvert. Je m’introduis par l’arrière. J’arrive au tableau de bord. Je tends les bras. Je prends les clés. J’ouvre la portière. Mèmeye entre, juste comme Félicie s’amène et me voit étendu sur les deux banquettes, les genoux de Mèmeye à hauteur d’oeil. J’étais tellement surpris de la voir, que je pique du nez sur la touffe à Mémèye…. Elle entre en furie. Il m’a été impossible de me rappeler où j’avais mis ma Peugeot.
-Tu viens de me dire que Félicie a quelqu’un !
-Oui. Mais je suis censé ne pas le savoir. Donc, ça compte pas. Elle est jalouse par principe. D’ailleurs, c’est un type tout à fait gentil, son type, très propre sur lui, convenable quoi…
-Pourquoi tu m’as demandé où j’allais ?
-Si des fois tu voulais venir avec moi…
-Où tu vas ?
-Je sais pas non plus.
-C’est complet. Tu me demandes où je vais et d’où je viens. « Je sais pas » que je te dis. Et toi c’est pareil. Tu sais pas non plus !
-C’était juste pour savoir.
-Maintenant tu sais…
-Tu crois qu’y en a qui savent ?
-Tu te demandes.
-Ou alors, y vont ; mais c’est que pour faire des conneries…
-Des trucs qu’on se demande.
-Si on sait pas où on va, au moins on ira ensemble !
-Justement. Vois-tu, je peux pas te loger.
-Pourtant le soir, tu reviendras bien à ton point de départ ?
-T’en as qui vont et qui viennent et qui tournent en rond…
-Forcément on revient toujours à son point de départ…
-Si t’es venu pour me dire ça, t’aurais mieux fait de pas venir.
-Je savais pas où aller.
-Je parie que tu savais pas où tu venais, non plus…
-Comment tu sais ?
-Alors, pourquoi tu fais chier ?

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