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Le cas Villepin.

A son contrat première embauche, Villepin va-t-il être remercié sans motif par Chirac ?
On le disait intelligent, séducteur, prudent. N’étant l’élu de personne, sauf du président monarchiste de la France républicaine, Villepin avait jusque là fait le parcours idéal de l’ambitieux anonyme. Sorti de l’ombre après le discours aux nations Unies sur l’intervention américaine en Irak, toute sa carrière avait été auparavant une suite de succès dans les différents emplois aux Affaires étrangères comme grand commis de l’Etat. Remarqué par Chirac, il fait ensuite une nouvelle ascension dans l’ombre du Président. Membre du cabinet Raffarin, Chirac lui demande après le couac de l’ancien, de reprendre le poste de premier ministre. Le Président compte ainsi barrer la voie de la Présidence à Nicolas Sarkozy en lui jetant au travers de sa route, un diplomate désormais adoubé du seigneur, en attendant que Chirac se décide à rempiler ou céder son fauteuil.
Dans un livre qui vient de paraître, le journaliste Franz Olivier Giesbert (FOG pour les intimes) juge Villepin en partie responsable de la solitude du président de ces trois dernières années. Il l’estime baroque et exalté, épris de lui-même : «rodomond de passage en politique». D’après FOG, Villepin aurait pris « le contrôle du cerveau présidentiel, asphyxier l'entourage, éliminer les rivaux, promouvoir les nigauds ou fermer les portes de l'Elysée aux nouveaux talents de la droite qu'il couvre de sarcasmes.»
Voilà pour le Villepin météore intrigant.
Jusqu’à la faute, sa cote de popularité était bonne. Les Français semblaient admettre que l’Elysée se passe de la consécration d’un mandat politique pour offrir aux siens des hauts emplois de l’Etat, compris celui de premier ministre.
Patatras ! La belle machine, sans doute grisée de performance, sort le CPE, contrat de première embauche, avec la seule caution et le feu vert de Chirac. C’est une loi de régression caractéristique des sociétés libérales qui grattent autour du mal sans oser s’y attaquer et qui pénalise, une fois de plus, ceux qui n’ont que la force de travail pour argument.
Et soudain, tout s’emballe. Les jeunes se rebiffent et l’opinion se retourne contre l’auteur du projet. La cote de popularité de Villepin dégringole, la droite s’effraie et le baron Antoine Seillière et les patrons disent qu’avec un an de probation et l’inscription d’un motif pour le renvoi, cela aurait été acceptable.
Villepin s’obstine. Que pourrait-il faire d’autre ? Du coup la droite se voit aculée à soutenir un projet d’ores et déjà calamiteux pour l’élection du président l’année prochaine et une lourde présomption de défaite pour les législatives suivantes.
Sarkozy qui se croyait en concurrence avec Villepin pour la succession de Chirac perd le principal adversaire de son propre camp, mais en même temps, pourrait se sentir pris dans la même tourmente et entraîné à la suite de Villepin, dans une chute d’opinion favorable, comme tous les membres du gouvernement.
A ce propos, on pourrait se demander si Chirac, qui a résolu de se retirer de la course à la présidence, n’aurait pas piégé Villepin en le poussant au projet de CPE, afin de précipiter dans sa chute, son rival le plus haï, Nicolas Sarkozy et l’ensemble de l’UMP, comme souvent les vieux tyrans font sombrer leurs affidés avec eux ?
De toute manière, quelle que soit l’évolution de la crise, on devine qu’elle est plus profonde et que le refus du CPE n’est que la goutte du trop plein.
Le malaise de la Société française n’est pas propre à elle seule. Partout en Europe, sauf pour les nouveaux arrivants à peine débarrassés du joug soviétique, les Européens sentent confusément que le système capitaliste bascule dans une autre forme que celle du libéralisme classique : mi-paternaliste, mi-recherche individuelle du profit. Aujourd’hui les bénéfices exceptionnels des entreprises sont exportés hors d’Europe sur des comptes de fortunes personnelles ou collectives comme les fameux fonds de pension et ne sont ni réinvestis dans la recherche, ni dans le progrès social et financier des travailleurs. Ce sont donc des ponctions qui appauvrissent les pays où elles sont pratiquées et n’ont plus rien à voir avec la légitimité d’un profit « raisonnable ».

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Or, Villepin, comme ses prédécesseurs : Jospin et Raffarin, réagit à une donne qui est celle d’il y a 30 ans, avec des remèdes qui ne sont pas adaptés à la crise ouverte et qui ne sauraient en rien arrêter la progression du chômage.
C’est ce caractère dépassé qui surgit aussitôt que les yeux se sont dessillés du portrait de Villepin. Un homme brillant, à l’intelligence adaptée, mais justement, trop adaptée au système qui le porte au pinacle, pour avoir la prescience que le destin d’un vrai homme de pouvoir c’est de dépasser sa condition sociale afin de penser aux autres, on pourrait même dire, de penser « comme » les autres.
Cela, Villepin n’a pas fini de le payer. Il passera dans l’histoire comme un fonctionnaire de Chirac, sans plus. Et tout sera dit.
Villepin, un démagogue du « parler vrai » ? Jean-marie Le Pen n’avait pas pensé à ça…

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