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L'effet Romano Prodi

Le succès de Romano Prodi en Italie a gonflé le moral des rosés européens de la « gauche modernisatrice ».
Selon Ségolène Royal, la rosette phare du PS français, c’est une nouvelle étape d’adaptation aux temps mondialisés. Reste à savoir si les étapes précédentes ont été ressenties de progrès et de modernité par tous les laissés pour compte de la société de consommation, moderne ou pas.
Berlusconi n’en revient pas encore, que toutes les télévisions, les journaux, les maffias d’affaire qu’il contrôle en Italie, n’ont pas réussi à l’imposer. Il est bel et bien battu sur le fil par Prodi avec 27.000 voix et des poussières de préférence, mais un Prodi aussi terne que le cavaliere est pétillant et comme sorti à l’instant de chez le coiffeur !
Voilà l’Italie gouvernée par une majorité de couillons, selon les propres termes de Sylvio.
Les Rosés profitent de l’écoeurement de la bonne moitié des citoyens, du libéralisme. Seuls ou en coalition, les socialistes sont aux commandes dans douze Etats de la Communauté.
Et les revoilà repartis étrangement sur des lendemains qui présagent des apothéoses comme s’il était question de l’établissement d’un socialisme véritable, dans un genre de petite révolution d’une Europe rivée plus que jamais au système américano-libéral.
Le malheur c’est que la gauche qui gouverne, qu’elle soit en coalition ou pas, n’a plus rien à voir avec la gauche de l’immédiat après-guerre. Elle n’est ni radicale, ni altermondialiste et surtout pas anticapitaliste. C’est ce qu’on appelle une gauche modérée, tellement qu’un Davignon ou un Lippens pourraient voter pour elle, sans perdre un poil de prérogatives, coupons d’action, parachutes dorés et même la position d‘experts écoutés et appréciés.
C’est tout le dilemme de la roseraie d’Europe. Au pouvoir, ils déçoivent plus vite que les formations libérales auxquelles ils succèdent, parce qu’ils ont les mêmes programmes et les mêmes définitions de la démocratie couplée au réalisme économique, pour le meilleur et surtout pour le pire comme c’est le cas depuis vingt-cinq ans.
Or, qui vote libéral n’est déçu que sur des détails : des situations de crise économique mondiale, des chipoteries d’exonération de taxe aussitôt mises à mal par la Commission européenne sur lesquelles les libéraux n’ont qu’une prise relative, un racisme latent de l’électorat de droite qui conteste les mesures de protection insuffisantes contre les « envahisseurs » ; tandis que les Socialistes sont élus pour que « ça change » et il ne faut pas quatre années de législature pour s’apercevoir que cela ne change pas. Mieux, quand ça empire à la suite d’une mauvaise conjoncture, voilà nos Rosés aussi pitoyables que les Droites !

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Les Rosés affichent un goût nouveau pour des Belges d’origine d’Afrique du Nord qui renforcent les habitués des affiches électorales. C’est bien, c’est courageux et on applaudit. Voilà les Libéraux qui répliquent en montrant une Zaïroise épanouie et qui s’insère dans « l’équipe qui gagne ». Les Socialistes évoquent-ils la fraternité d’une société qui entend soulager la misère, voilà les Libéraux qui battent le rappel des gens de droite sous prétexte que les Rosés n’ont pas le monopole du cœur. Et tandis que le citoyen se demande qui a raison et qui a tort, les centres fermés comme ceux de Vottem ne désemplissent pas et « accueillent » sous tous les gouvernements la même population désespérée et pour laquelle droite et gauche ne peuvent rien.
Di Ruppo comme ma grand’mère, comme Reynders ou le curé de Robermont, sont toujours les comparses de la « stratégie de Lisbonne », revue et améliorée en l’an 2000, dont le but est d’adapter l’Europe à la mondialisation, sauf que ma grand’mère et le curé de Robermont n’ont aucun pouvoir pour faire comprendre à nos ténors de la politique que peut-être bien cette politique ne vaut rien.
Enfin, puisque c’est moderne, dirait la dame Smith d’Ionesco…
A la gueulante des tribunes du premier mai, il faudra s’attendre au pire, le pire c’est de se remonter contre une droite dont la gauche défend la même politique. Exercice difficile où seuls les vieux routiers à la rose auront le bagout adapté.
On voit d’ici le tour de force, d’autant qu’on est aux affaires et qu’on partage les responsabilités.
Enfin, on pourra toujours dire que la droite empêche d’aller plus loin dans les réalisations sociales, encore que cela soit difficile de contester la politique d’exclusion du chômage par les ministres fédéraux et régionaux et qui sont de gauche.
Heureusement que le temps des paris stupides est derrière nous. Sans quoi, au PS, il y en a beaucoup qui auraient déjà mangé leur chapeau.

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