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C’est fransquillon, mais c’est aussi du belge…

C’est évident : les fluctuations d’opinions en France, si on les étudie d’un peu près, concordent avec celles observées chez les francophones de Belgique.
D’où les vénérables de nos institutions de sondage en déduisent, avec quelques mois d’avance sur l’opinion, les tendances de la rentrée.
Cela un peu comme les journalistes des magazines de mode qui traînent dans les couloirs des maisons de couture de la rue de la Paix, pour nous dire comment les femmes seront vêtues cet hiver.
Selon la dernière étude IFOP, le PS de François Hollande marquerait des points parmi les salariés, tandis que le Front National réaliserait de nouvelles avancées parmi les chômeurs !
Cette nouvelle est surprenante à première vue.
Tout compte fait, elle est compréhensible dans la mesure où le PS poursuit sa cure centriste en s’alignant, sans désemparer, sur l’opinion d’une frange de la population qui se serait adaptée au système économique et en tirerait même des avantages. C’est non seulement un aveu d’embourgeoisement, mais surtout une acceptation sans réserve du système économique actuel avec ses conséquences les plus durement capitalistes.
Ce goût bourgeois qui se confirme au PS n’explique pas le brusque engouement des chômeurs pour le Front National.
Comment peut-on voter pour l’extrême droite, lorsqu’on est déçu de la gauche officielle et collaborationniste ? Peut-on oublier qui sont ces gens venus aujourd’hui nous relancer avec des idées d’hier : le racisme, la nostalgie des régimes nationaux-socialistes d’Allemagne et d’Italie des années 40 ! Le dernier avatar de cette chienlit se joue actuellement devant les tribunaux où un certain Le Pen comparaît pour avoir déclaré publiquement que l’occupation allemande sous le régime nazi n’avait pas été si terrible que cela ! Quoique cela soit son opinion et que l’on a tort de l’empêcher de cracher son venin et de le condamner pour un délit d’opinion, ceux qui entrent dans cette extrême droite sont-ils vraiment certains que c’est le seul moyen d’exprimer leur détresse, en prenant la défense, par leurs votes, d’une pareille affirmation ?
On peut comprendre leur désarroi, dès lors que la gauche caviar les abandonne.
Les chômeurs qui rejoignent le Front, n’auraient-ils pas mieux à faire ?
Cette tendance effective en France, nous devons nous attendre à la voir fleurir chez nous lors des élections communales, d’autant qu’en Belgique, il n’existe pas de formation vraiment à gauche. La situation est particulièrement fragilisée à Charleroi depuis les affaires qui secouent l’entité communale à majorité socialiste.
Mais, ce n’est pas sur ce plan-là que se situe le problème au PS. Il y a toujours eu des corrompus dans tous les partis, les autres formations n’en ont pas manqué par le passé. Les mesures d’assainissement, même si on peut chipoter sur la manière qu’a Di Rupo d’asseoir son autoritarisme à la faveur des événements, servent aussi d’avertissement à l’égard des despotes de village et elles marquent les bornes à ne pas dépasser. Le PS ne perdra pas trop de voix de ce côté-là.

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La responsabilité du PS à l’égard des chômeurs et des pauvres est ailleurs. Dans ce pays paraissant à l’étranger un pays de cocagne, il n’y a plus aucune formation politique qui revendique quoi que ce soit pour les victimes du capitalisme égoïste et profiteur, sans vergogne et sans morale. Un quart de la population est laissé pour compte.
Les avocats, les fils de, et quelques autres histrions de la foire d’empoigne, qui profitent de la politique sont bien incapables de parler aux noms des petites gens. Ils ne savent pas comme vivre avec moins de mille euros par mois est devenu aujourd’hui une terrible galère. Ne le sachant pas, comment pourraient-ils parler en leurs noms en employant des mots justes, venant du cœur ? Comment pourraient-ils s’indigner de ces injustices, puisqu’ils ne les vivent pas !
Quant à la Région flamande, la situation est différente à la francophonie. Le nationalisme flamingant a trouvé dans le Vlaams belang les chantres qui lui convenaient. La misère là-bas y existe aussi, mais de manière moins criarde. On dirait qu’elle n’est pas de la même nature qu’en Wallonie. Elle n’y est pas trop répandue. Les grandes villes comme Gand et Anvers ont, certes, leurs îlots de pauvreté, mais les voix du SP et des autres formations s’effritent depuis les strates de toute la société. C’est que la conscience flamande et le nationalisme pointu y font recette garantie. On amuse le peuple à des feux d’artifice linguistique. On entretient la peur de l’assiégé qui se verrait dépossédé de sa langue, de ses terres, de son patrimoine ancestral. Et ça marche… même lorsqu’on montre la Flandre plus riche que la Wallonie, c’est encore les mêmes ressorts que l’on agite en faisant passer l’autre pour un parasite fainéant et incapable.
Voilà où nous en sommes à quelques mois des élections communales.
Décidément, les sondages en France sont des outils précieux à la compréhension du climat politique actuel en Belgique.

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