« Concentration et frustration. | Accueil | Les beaux zemplois du FOREm »

Eddie De Block en immersion de connerie

Non, décidément c’est trop beau. Les blogueurs qui jouent du clavier en politique vont faire des gammes sur le sujet : « Le néerlandais est dorénavant la seule langue tolérée dans les cours de récréation des écoles communales de Merchtem ! ».
Voilà une information qu’elle est chouette, dis donc !...
Est-ce le vent solaire Leterme qui irradie les penseurs flandriens ? Ce qui est certain, voilà les faibles d’esprit francophones - qui ne peuvent apprendre le flamand - surclassés par des enseignants de Merchtem, eux, complètement idiots.
D’accord, les sbires de la moedertaal pourront sanctionner les élèves qui s’expriment en français dans la cour d’école, encore que si les parents ne portent pas la chose devant des instances sensibles aux droits de l’homme, mais les citoyens attendant leurs chérubins ? Quelle serait la sanction que les pointus pourraient appliquer ?
Ils n’iraient pas jusqu’à renvoyer l’élève dont les parents parleraient le français sous le préau en attendant la sortie des classes ?
Il est vrai que les nazis fusillaient bien des otages innocents pendant la dernière guerre.
Il en est toujours resté un petit quelque chose chez les nationalistes flamands. Mais tout de même…
A moins… hypothèse machiavélique, supposons que le conseil communal de Merchtem soit secrètement affilié au FDF et admiratif d’Olivier Maingain. Comment lui rendre un grand service pour les élections communales d’octobre ? C’est de prendre en septembre une décision d’interdiction du beau langage fransquillon !
Ce qui me fait douter de cette mirobolante stratégie, c’est l’unanimité du conseil à ce choix unilinguisme. Il n’est pas possible qu’au milieu de la francophonie renaissante et encore secrète de Bruges à Gand, il n’y ait pas un seul Hub Broers tapi sous les plafonds armoriés de cette commune périphérique et prêt à une nouvelle bataille des éperons d’or.
Dorénavant le flamand, langue universelle comme chacun sait, sera d’application également lors des contacts avec les parents. Le mandarin parlé par un milliard de Chinois, l’anglais et le russe à côté du flamand sont méprisantes choses, a fortiori le français, langue horriblement difficile pour les demeurés de Merchtem, il fallait donc réduire l’horizon de cette admirable commune au strict minimum. Le flamand unique langage correspondrait bien aux frustrés de la périphérie. L’idiome est écorchant, certes, mais simple. Dit avec un accent guttural, il invite à l’engagement militaire. Bref, il est l’émanation même de l’âme flamande. Seule difficulté, lorsqu’il n’y aura plus qu’Yves Leterme et le conseil communal de Merchtem a préservé la pureté de ce joyau contemporain de la culture européenne, que feront-ils, les malheureux ?
Ils seront obligés d’interdire le français en français, s’ils veulent être compris !
Gravissime dilemme !...
Où l’on retrouve l’interrogation de Leterme sur l’aptitude des francophones à l’ouverture de la langue des langues, c’est dans la justification d’Eddie De Block (VLD), le bourgmestre de Merchtem, à l’interdiction du « vranzais » : « Cette nouvelle réglementation répond à une demande des directions des écoles qui sont de plus en plus confrontées à des parents ne parlant que le français. Ceux-ci sont, de fait, incapables d'aider leurs enfants à étudier ou à faire leurs devoirs. »
-Moeder… een en een = ?
-Tu peux pas compter comme tout le monde, dis ? Ce que tu es devenu con, Henri, pardon, Hendrik, depuis que tu parles un machin dont personne ne comprend rien !...

heteh.JPG
C’est heureux, Eddie n’en veut pas aux francophones, pas du tout. Il veut simplement la bonne intégration à l’école. La preuve, au cours de français, pour favoriser l’insertion, on ne parlera plus que le flamand. Enfin, le cours de français, parlons-en, il a lieu une fois par mois, jumelé avec le cours de science en qualité de maladie honteuse. Quand on pense qu’à côté de cette commune à prétention unilingue, il y a un million de francophones bruxellois ! Comme c’est bizarre d’élever les petits flamands dans le mépris d’une si importante communauté ! Ne seront-ils pas privés, eux aussi, de la connaissance d’une langue aussi répandue à la porte de leurs maisons ? Le problème ne sera pas avec les francophones. Ils disent oui-oui à tout de peur que la Belgique et la dynastie partent en couilles… Non. Le problème ce sera avec les musulmans. S’il interdit l’arabe, Eddie doit faire gaffe aux intégristes. Un coup de fil à Oussama et il pourrait se retrouver avec une fatwa au cul.

Commentaires

Facile, mais .... tu ne trouves aps que Eddie débloque?

Je me suis inscrit l’année passée à un cours intensif de néerlandais pendant 3 mois et j’ai pris ensuite un abonnement de 6 mois au Standaard. J’ai été étonné de la qualité de l’information, de la modération de ton et de l’ouverture d’esprit des journalistes. D’une manière générale, les flamands sont de braves types –davantage que les wallons, serais-je tenté de dire- et les jeunes sont particulièrement décomplexés et ouverts à la culture des autres (surtout anglo-saxonne). Il subsiste toutefois vis-à-vis du français un prurit linguistique qui pousse ses racines dans l’histoire. L’attitude du bourgmestre de Merchtem peut à première vue sembler curieuse et surtout contre-productive puisque les francophones et les étrangers qu’il vise sont précisément des gens qui ont choisi de placer leurs enfants dans l’enseignement néerlandophone alors qu’ils auraient pu leur faire faire quelques kilomètres pour fréquenter une école francophone. Question de moyens financiers ? Si oui, il s’agit alors d’immigrés peu aisés. Si c’est le cas, il est intéressant de rappeler l’inquiétante évolution observée en Grande Bretagne où, jusqu’il y a 20 ans les immigrés se faisaient un point d’honneur (et d’intérêt) à s’intégrer rapidement, eux et leurs enfants. Depuis, sous l’influence des courants communautaristes et du langage très « droits-de-l’hommiste » des « élites » (il faut respecter la culture indigène même si elle est inadaptée au monde moderne et intolérante), on a assisté à un repli sur soi des communautés immigrées. Il serait bon de faire un peu marche arrière et redonner ses lettres de noblesse à l’intégration des immigrés et à la culture occidentale (certains semblent même en avoir honte !). Dans cette optique, le discours du bourgmestre de Merchtem n’est peut-être pas si idiot.

C'est un point de vue que je ne partage pas, quand on sait combien les officiels flamands sont difficilement satisfaits de la qualté des francophones qui se disent bilingues et qui postulent des emplois en ce sens. C'est le cas des Chambres à magistrats bilingues. On y a vu la majeure partie des francophones refoulés, non pas qu'ils n'entendaient et ne parlaient pas le flamand, mais parce qu'il était visible par leur accent et leurs hésitations sur les termes appropriés qu'ils étaient nés francophones. Si cela n'est pas du pur racisme, je me demande ce que c'est. D'autant que l'on accepte des bilingues d'origine flamande et qui sont à la limite de l'audible en français. Ce que veut l'administration communale de Merchtem ce sont des francophones astreints à se débattre dans une langue qui, bien parlée ou non et malgré leur bonne volonté, leur restera toujours hostile par la volonté flamingante et devant des pointus goguenards. Et ça, c'est intolérable.
Cette mauvaise volonté des officiels flamands, il n'est que d'aller lire les inscriptions dans les musées de Bruges et d'ailleurs pour s'en rendre compte. L'anglais, l'allemand font bon ménage avec le flamand et pas une seule inscription en français. Si ce n'est pas de la provocation, je me demande ce que c'est ?

Poster un commentaire