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La violence a de l’avenir.


Ce n'est pas rien tout ça, les bellicistes et tous les mots en iste jusqu’aux enculistes sont assurés d’avoir du pain d’explosif sur la planche.
N’empêche que derrière les lois, les règlements, les horaires, les façons de dire ceci pour avoir ça, la manière de gueuler « tu ne tueras point » en égorgeant les autres, les pauses, les embarras, les interdits « jette ta clope mon pote » jusqu’à « il est interdit de se pencher au-dehors », la vie se complique plus on est nombreux. La guerre la simplifie.
Le territoire, le pré carré, l’environnement semblent rétrécir, comme lorsque après avoir quitté la maison de son enfance, revenant 20 ans plus tard adulte, on trouve tout fort petit, réduit, alors qu’on croyait que c’était immense. Sauf qu’ici les objets, les aires de marche, les terrains de jeux sont restés les mêmes. Ce sont les foules qui ont grossi, mais l’effet de rétrécissement est le même.
Comme l’homme moderne est territorial et agressif, hostile et intolérant vis-à-vis des étrangers, ce n’est pas peu dire que les lois contre le racisme ne sont pas du tout le cri du cœur d’une unanimité généreuse, mais plutôt le pressentiment de quelques-uns qu’une catastrophe est prévisible, si l’on ne tente rien. Pourtant cette loi, pétrie de bons sentiments, ne correspond ni au système économique, ni aux instincts grégaires. Il n’est qu’à lire Conrad Lorenz dans ses observations sur les animaux pour connaître qu’en règle générale les espèces ne transigent pas sur les notions de territoire et d’exclusion, et ce des grands singes aux épinoches.
Cela ne veut pas dire que ces lois contre le racisme ne sont pas nécessaires. Au contraire, elles sont indispensables, ne serait-ce que pour empêcher une explosion générale de haine et de refus des autres. Mais, elles ne sont pas naturelles. Elles sont là parce qu’on ne peut faire autrement.
L’homme vit au sein d’une structure sociale autoritaire où l’affirmation de soi par la compétition ne sert qu’à caractériser le pouvoir du mâle victorieux.
Aujourd’hui en Europe, le racisme ne servant plus officiellement d’exutoire, l’homme des villes porte son attention sur des formes dérivées d’exclusion.
Raciste le propriétaire qui vit dans mille mètres carrés avec piscine, par rapport à l’ouvrier qui vit sur 32 ! Raciste le directeur qui occupe tout le dernier étage du building où sous lui s’entassent deux cent personnes de son entreprise. Et l’on pourrait multiplier les exemples qui toucheraient aux voitures, aux vacances, à la vie de tous les jours, jusqu’à la consommation des œufs d’esturgeon.
Les villes et les grandes concentrations humaines sont assez récentes dans le parcours de l’humanité. Ce qui est inscrit dans notre héritage génétique, le rejet des étrangers et le penchant à la violence, ne pourra pas disparaître du comportement de l’homme social, parce qu’un législateur aura décidé qu’il en sera autrement, d’autant que le « chacun chez soi » a complètement disparu depuis le brassage rapide des populations par les voies aériennes.
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part sont à présent nés partout pour n’être de nulle part.
Le racisme, la violence, l’exclusion du non-identique ne sont pas abolis parce qu’il existe des lois qui les condamnent.

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Ce qui tend à disparaître, c’est une certaine logique qui partait de l’instinct pour induire un mieux éthique et social. On aurait mieux fait de « condamner moralement » les propos racistes que de les interdire.
Dans nos sociétés, on interdit ainsi abruptement tout ce qui dépasse d’une morale puisée dans « Les malheurs de Sophie », sur le temps que le racisme généralisé se moque des lois sous cape.
Quelques plaintes et quelques procès retentissants entretiennent notre mémoire. Il s’agit le plus souvent d’intimider des groupes d’extrême droite en les privant de la parole.
De toutes les entités humaines qui quadrillent la terre de barbelés et d’interdits, la société européenne est apparemment celle qui depuis 45 a oublié ce qu’était la guerre, si l’on excepte les Balkans (dont la fureur a été canalisée vers des solutions pacifiques).
Mais cette paix inclut une interrogation : « Comment nous passons-nous de faire la guerre ? », quand on voit tant de régions du monde vivant perpétuellement sur le qui-vive et les armes à la main !
Malgré les lois, nous transférons des énergies dirigées vers l’extérieur dans une projection raciste inédite vers l’intérieur. La violence sociale, la haine des étrangers, la lutte pour préserver ou agrandir l’espace personnel sont autant de guerres que nous menons qui remplacent la grande, celle qui remplit le mieux les cimetières.
Cette vie sans guerre, n’est pas la paix trouvée. Elle nous oblige à inventer des ennemis parmi nous, à innover dans des systèmes sociaux organisant la survie des pauvres, pour ne pas qu’ils tentent des pronunciamientos.
Elle canalise le flux naturel pour la guerre vers de petites haines diffuses, confuses, à peine contenues et perceptibles au raz des trottoirs des villes.
On se demande ce qu’il arriverait si à nos frontières éclatait un conflit qui mettrait aux prises les musulmans et le monde occidental ?
Sans doute verrait-on les lois combattant les instincts voler en éclat et le racisme triompher, comme il triomphe déjà ailleurs, lorsqu’on brûle à Rabat des drapeaux étrangers ; que des soldats américains sont détruits en effigie à Damas, et l’image de Chirac lacérée à Téhéran.
L’avenir de la violence défie l’imagination.
L’individu en rut est capable de tout.
La guerre a quelques belles années devant elle.

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