« Comité de rédaction. | Accueil | Une démocratie herméneutique »

Un drôle de numéro.

J’en ai à présent une belle collection, je ne sais quoi en faire.
Les moins scrupuleux les jettent négligemment n’importe où pour s’en débarrasser, comme si en les gardant trop longtemps dans les mains, on attraperait une maladie nosocomiale extra-muros d’une léproserie.
Tous finissent dans la poubelle ou dans le caniveau. Pourtant, nous pouvons y lire de grandes leçons de morale, d’admirables définitions écologistes, une description magnifique de Liège, la perle de la Meuse, la cité ardente. Et ce devenir possible, cette magnifique quête de la beauté et de la joie de vivre à notre portée, à la merci d’un geste de la main, d’un simple pointage sur un écran !
L’acte accompli, hop, le conte de fée commence, à condition que votre voisin et le voisin du voisin et ainsi de suite, aient les mêmes gestes, la même pulsion intelligente, sur une seule matinée… un resserrement civique de l’espace-temps.
Et tout ça pour qui ?... des modestes, des gens qui n’en veulent pas, qui disent « non, je n’en suis pas digne » et qu’on pousse dans le dos quand même en leur disant « mais si, c’est toi le meilleur » et enfin, saisis par le bon sens et la clairvoyance de ceux qui les poussent dans le dos, ils cèdent la mort dans l’âme, avec la frousse qu’ils se soient trompés, humbles jusqu’au bout pour appréhender le pouvoir, cette force redoutable qui pourrait détremper leur âme d’acier toute entière portée par le devoir, les changer en un mot, alors que tout le monde s’accorde à dire « Reste comme tu es. Surtout ne change pas ! ».
Enfin convaincus, ils accomplissent une mission, que dis-je un sacerdoce. Ils savent qu’au bout, ce ne sera pas le Mercator qui rapatriera leurs cendres, mais le Moniteur qui établira leur cursus, dans le Te Deum final, quand sur des coussins de velours, des anges porteront jusqu’au chœur de la cathédrale les distinctions et les rubans, qui n’auront qu’un seul sens : l’hommage au destin d’un grand homme.
Ils sont tous ainsi, sauf un.
Il y en a toujours qui vendent la peau de l’ours en vendant la mèche, qui s’estiment les mieux placés, qui crient à l’outrage dès qu’ils ne sont pas choisis.
Celui-là, l’énergumène des parangons, le spécial dénudé, c’est Didier Reynders.
Comment peut-on le vérifier ?
En ouvrant la belle circulaire bleue de 4 pages que tous les Liégeois viennent de recevoir.
Au verso de la première, sous la signature dudit après un texte à la gloire d’une Liège plus ambitieuse et qui a envie de mobilité (par exemple si le signataire pouvait à force de mobilité envoyer Liège du côté de Saint-Tropez, on ne dirait pas non). Sous la signature, donc, une affirmation : Didier Reynders, votre bourgmestre.
Voilà, c’est clair. L’ambition est découverte. Il n’attend pas d’être élu, pour proclamer que le but est atteint… C’est comme si un carabin en première candi vous opérait de la cataracte.
Il est gonflé, Didier.
Il aura beau dire qu’avec lui – on a même envie d’écrire avec Lui – Liège retrouvera son rayonnement de Ville Culturelle, cette ambition affichée gêne un peu par la volonté de pouvoir qu’elle exprime. Et en même temps, il est tellement sûr de ce qu’il écrit, qu’on se retrouve dans les bois de Domrémy-la-Pucelle qu’il foule d’un pas assuré afin de scruter à travers la futaie le dieu libéral, Alexis de Tocqueville, sur son destrier des grands combats qui lui susurre : « Vas-y Didier, elle est à toi, tu es le plus couillu ».
Cependant, triste chute, en page 3 de ladite épître gesticulatoire, les trois personnes en Dieu du libéralisme liégeois : le père Didier, le saint-esprit Defraigne et Jésus le fils de l’autre Forêt, qui ne cache pas sa jeune pousse par manque de modestie.
Ah ! ce triumvir qui offre l’image d’un partage des pouvoirs, déjà, entre compères, avant même de l’inauguration de la nouvelle gare TGV que le « bourgmestre » Reynders ne manquera pas d’inaugurer l’année prochaine, juste avant le nouveau triomphe des législatives.

trottoir1.JPG

Et c’est la triste réalité. Didier n’est pas seul. La barque a des pontonniers en surnombre. La cale craque sous l’étoupe des ambitions. Bref, la nef lockéenne est en réalité un sacré ponton dans les bas-fonds de laquelle les pompes aspirantes ne sont faites que des mille bouches de l’empirisme décadent d’un parti sans idéologie, sans âme, sans autre ambition que celle du tiroir-caisse et la soif méprisable du possédant, prudent navigateur, entre la grosse galette et le pauvre, sur le dos duquel il vit.

Commentaires

Beau morceau de bravoure, Richard III! Calliopé, la muse de l'éloquence, a titillé ta plume !

Poster un commentaire