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La Belgique bradée.

A-t-on bien mesuré l’importance de l’événement économique de cette semaine avec la fin de l’usine performante de VW à Forrest ?
Tout ce qui s’est dit sur le dynamisme et le pragmatisme de l’économie capitaliste était donc faux.
Voilà une usine qui tire le maximum de la productivité des hommes, qui est rationnelle en soi et qu’on efface d’un trait de plume au profit d’entités moins performantes, mais qui ont le mérite d’être situées en Allemagne !
On aura beau agiter le nationalisme qui profite aux unités établies dans le pays de la Maison mère ; rien ne justifie une pareille hérésie économique.
Sinon, il faut revoir les cours dans les universités et mettre en doute le credo de la loi du concept libéral de l’économie.
Ce qui est fâcheux, c’est que ce credo est celui de nos économistes les plus écoutés en Belgique. C’est aussi l’hymne à la liberté d’entreprendre du Mouvement réformateur et du Parti socialiste, comme meilleur façon d’accroître le PNB et le bien-être qui est en cause.
C’est ainsi que nos industries, nos talents, nos fabrications les plus spécifiques à la Belgique, comme la bière et le chocolat, ont été vendus à l’étranger sans aucun état d’âme.
Le voilà bien le drame, car nos anciennes firmes l’ont fait par amour des plus-values et conviction libérale. C’est toujours vers ces bradeurs que le monde des affaires et le monde politique se tournent, comme s’il ne suffisait pas de nous conduire au bord du gouffre et que nous y précipiter serait plus adéquat !
Faut-il rappeler aux jeunes générations qu’au sortir de la guerre notre savoir-faire était intact et que nous fabriquions à partir de notre acier des avions, des voitures, des motos, des locomotives et des tramways !
Certes, nous n’étions pas dimensionnés pour résister à la concurrence, nous a-t-on assez dit ; mais comme VW l’entend aujourd’hui, nous aurions pu nous organiser pour une autosuffisance qui se justifierait en 2006 au vu de l’industrie comme elle va.
A défaut de quoi, vendus à l’étranger, nous ne sommes plus qu’une minuscule terre de misère où, ceux qui le peuvent, envisagent de plier bagage.
Nos dirigeants politiques font la démonstration qu’ils sont impuissants à empêcher un massacre industriel. Ce ne sera pas le peuple qui leur aura enlevé leurs attributs, mais le pouvoir économique.

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Du coup les mandats politiques perçus comme le résultat des élections n’ont plus aucun sens, puisqu’une grande partie du pouvoir échappe aux citoyens, par ce moyen démocratique.
La boucle est bouclée et nous voilà à la merci d’un repli à l’étranger de ce que nous avons abandonné dans l’euphorie des pontes du commerce d’une mondialisation de l’économie.
Dorénavant, ce ne sont plus les pays à bas salaires qui seront les seuls à être attractifs, mais les Etats des maisons mères, capables de retenir leurs industriels par des subventions ou des taxations dissuasives, comme à l’inverse, subissant le chantage des entrepreneurs eux-mêmes, les menaçant d’apocalypses...
On avait déjà vu s’amorcer cette tendance avec la fermeture de Renault Vilvoorde. Elle a fait des progrès depuis, pour aboutir à la fermeture d’aujourd’hui qui pourrait en annoncer d’autres de même ampleur, sur le temps que s’évacuent en douceur des entreprises plus petites, comme le Café Char Noir à Liège, comme nous avons vendu la capacité de faire des pneus (Englebert) et de l’acier à de grands groupes.
Les médias par les journaux télévisés de RTL et de la RTBf ont réagi comme le système attendait qu’ils réagisent. En première partie, un exposé des faits et des mouvements sociaux qui s’amorcent, suivis immédiatement des « cellules de crise » pour larguer les gens en douceur, avec des promesses de réinsertion. Comme si faire monteur de voitures était la même chose que travailler dans le bâtiment, comme si le gâchis allait pouvoir se réparer à coup d’intérims, de prépensions et de stages de formation !
Les Allemands, allumant un contre-feu, Martin Winterkorn aurait l’intention de faire construire un nouveau modèle d’Audi sur le site… en 2009 ! « Der Spiegel ».
Cette proposition rappelle le mirobolant plan de relance d’ARCELOR avant de l’oublier, juste avant que Mittal ne l’absorbe, et que Dollé ne s’éclipse avec de sérieuses indemnités.
Comme on se raccroche à tout, les syndicats disent « faut voir », mais quid des travailleurs jusqu’en 2009 ?
Nous voilà beaux avec nos savoir-faire sans usine !
Nous remercierons ceux qui, en bradant tout, auront donné le conseil du siècle et notamment nos interlocuteurs de la finance, du patronat et du parti libéral : la Belgique est au cœur de l’Europe, elle ne peut qu’attirer les investisseurs.
Si le système capitaliste va droit dans le mur, avec cette politique, nous y serons avant nos voisins. Ce sera moins dur pour les Français et les Allemands. C’est toujours ça.

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