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Ça volait ferme à la SABENA

Le désastre de la Swissair est à l’affiche des tribunaux suisses.
On ne peut voir les images de la direction helvétique de cette compagnie, tous innocents, comme il se doit, sans avoir une pensée émue pour notre compagnie aérienne bradée par des inconscients de la politique belge aux aigrefins de la Confédération qui l’ont proprement désossée avant de périr eux-mêmes de leur propre boulimie.
Ce qui est croquignolet et qui doit sidérer l’ancien personnel de la SABENA, le juge Van Espen dispose d'éléments laissant penser que la plupart voire tous les membres du comité de direction de la Sabena bénéficiaient entre 1992 et 1997, « de rémunérations occultes, versées au départ d'une société basée aux Bermudes, un paradis fiscal. L'existence de soupçons avait été éventée dans la presse il y a trois ans, mais, depuis, les enquêteurs ont réalisé d'importants progrès dans leur travail d'investigation. Sous réserves de découvertes de dernière minute qui contrediraient leurs soupçons, ils sont parvenus à comprendre l'ingénieux mécanisme mis en place par les dirigeants de la compagnie pour éluder une partie de l'impôt dû sur leur rémunération. » (Info du Soir).
Ces membres de la direction de la Sabena, étaient non seulement incapables de diriger une compagnie de cette importance, mais encore avaient constitué, fin 1991, une société aux Bermudes pour la couler davantage. Officiellement baptisée Sabbel Insurance limited, cette société avait pour objet l'assurance de risques non aériens de la Sabena, comme les pertes de bagages, ou les risques politiques dans des pays à la situation politique instable, comme le Rwanda. « Chaque année, la Sabena versait des primes à cette société. Les sinistres couverts par la société d'assurance étant rares (l'enquête dira si les primes étaient excessives), la société offshore réalisait de confortables bénéfices. Ceux-ci étaient ensuite reversés aux membres du comité de direction de la Sabena (la suite de l'enquête dira s'ils étaient tous concernés). » (Toujours selon l’info du Soir)
Ces incapables, maladroits à Bruxelles, étaient fortiches ailleurs côté combine. Afin de tromper le fisc, le bidule distribuable passait par le Luxembourg, la grande lessiveuse de l’argent du gotha belge. C’est Axa Luxembourg qui faisait la distribution, sans doute un peu comme dans notre Marine nationale sous la forme de cadeau de la Saint Nicolas, moyennant quelques « rachats » des primes et autres tours de passe-passe.
Pour les cartographes, le triangle des Bermudes passait par le Luxembourg !
On ne sait pas de combien chaque directeur en aurait croqué.
Le Soir situe le grisbi à environ un million de francs belges par an et par combinard de 1992 à 1997, en plus des rémunérations légales, bien entendu.
L'enquête du juge Van Espen n'est pas terminée.
En comparaison, les dérives de Charleroi étaient des pourboires, si l’on considère que certains détournements alimentaient des caisses de terrains de sports, des réunions de « prestige » bref, des réunions militantes du samedi soir, toutes choses hautement illégales, certes ; cependant, dans le cadre d’une politique laxiste et de longtemps acquise, dans une sorte de léthargie citoyenne et d’entraînement collectif, on peut comprendre.
Ici, des voyous en croquaient au moment où la SABENA criait famine.
Dans ce radeau de la Méduse que finalement devint cette entreprise, tandis qu’on demandait des efforts au personnel navigant et au personnel au sol, ces messieurs téléphonaient au Luxembourg, s’inquiétaient du temps qu’il faisait aux Bermudes, blanchissaient à longueur d’année.
Il est à souhaiter que l’on n’en reste pas là et que ces voyous de la finance alimentent par jugement la curatelle de la faillite, afin de distribuer si possible une compensation à un personnel qui a beaucoup perdu.
Bien entendu, avant le procès, les accusations, la constitution d’un dossier qui, paraît-il n’a pas encore révélé tous les petits arrangements entre amis, il pourrait se passer quelques mois, voire davantage.

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Dans ce foutu pays, chaque trimestre révèle son content de voyous dans les milieux les plus protégés, les plus éclectiques. Et sur le temps que ça pirouette encore et donne toujours « les bons conseils moraux qui s’imposent aux petites gens », les prisons sont pleines de pauvres diables qui ont volé des clopinettes, et qui sont tombés à cause de broutilles.
C’est fâcheux. Parce qu’à l’aune de la morale des riches, une évidence s’impose : les petits délinquants ne volent pas assez, pour éviter la Correctionnelle, ou, tout au moins, franchir la porte des prétoires que des flics en gants blancs ouvrent pour eux, se voir condamner avec sursis et s’en retourner se plaindre devant la presse de l’injustice qui leur est faite, et puis paisiblement rentrer chez eux pour se foutre de notre gueule en famille.

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