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Inaudible !

Soirée kitsch et ringarde sur RTL ce mercredi… Di Rupo, c’est le Lionel Jospin de la politique belge, il suffit qu’il apparaisse, pour que quelque part on se dise : c’est foutu !
La singeuse a encore fonctionné entre RTL et les débats français, suite à la course à l’échalote Ségo-Sarko. En Flandrie wallonneuse, cela donne : Elio Di Rupo contre Yves Leterme.
Débat animé nous annonçait-on. Eh bien ! on n’a rien vu. Et aussi ce qui est plus grave, parfois rien entendu, quand Leterme était traduit en français, la voix du traducteur se mêlant à la voix de l’illustre Flamand, une belle cacophonie montait aux oreilles.
Non seulement, c’était difficilement supportable, mais encore ce qu’on entendait des débats l’était encore plus. Il est difficile de rassembler en une heure tous les poncifs et les lieux communs de la politique comme l’ont fait ces deux-là. Pourtant, nous en avons d’aussi balèzes au parti MR, Kubla, par exemple….
Di Rupo, avec ses allures chafouines, son sourire entendu et son nœud papillon est l’archétype de César Birotteau, parfumeur, ce chef-d’œuvre de Balzac.
Devant le navrant du spectacle, on ne peut que s’étonner de la bêtise générale qui sévit dans nos contrées en laissant ces deux-là nous représenter, vanter nos mérites, parler de nos défauts, augurer de notre avenir. Nous n’avons pas autre chose dans les stocks à présenter ?
Franchement, la Belgique, patrie du surréalisme, c’est incontestable ; de l’absolue médiocrité des êtres, aussi. C’est peut-être un mérite, dans le fond, d’être médiocre ? En tous cas, ça paie en politique. C’est rassurant un médiocre. On se dit, ce qu’il fait, je pourrais le faire aussi. On vote pour lui, comme on vote pour soi. La médiocrité, ça se déguste en famille… Notre aptitude y est résiliente…
Dans ce pays de profonde placidité, le train est un symbole. Cela permet à dix millions de Belges de le regarder passé.
Pendant que ça discourait dans la cacophonie du plateau, on avait au moins la latitude d’être ailleurs, de rêver par exemple à la Chine qui pollue dorénavant comme une grande, c’est-à-dire comme les USA. Ce qui fout par terre les espérances de Kyoto et les recettes précuites de Hulot sur l’effet de serre…
Parfois du sirop servi à la louche par l’empêché de Mons, un mot, une phrase sortaient du pot-bouille insondable : « Le plan Marshall que j’ai mis en place… certes, les Flamands sont parmi les plus riches de la planète… le réservoir de main-d’œuvre, l’espace disponible, se trouvent en Wallonie… ».
En somme, la Wallonie pour Di Rupo, c’est le Congo de la Flandre. Le temps des Missions n’était pas terminé. Nous allons voir bientôt les prospecteurs flamands nous tomber dessus, examiner les dents, les avant-bras pour les piqûres éventuelles de morphine, de notre réservoir de main-d’œuvre, puis organiser des charters pour Gand, Anvers, Bruges, histoire de doter la population la plus riche, des services de la plus pauvre.
Comme les Flamands sont des experts en colonialisme, dans leur sabir inimitable, ils vont nous attirer par « Toi, li en pas savoir, que mi peux toi y en donner du gras salaire ! ».
C’était humiliant à la fin. On se serait cru chez Salvator en Sicile, quand on fait le tri de la main-d’œuvre arabe pour le ramassage du raisin.
D’autant que l’Illustre montois venait de sortir l’antienne « …mon père, juste une valise en carton (prononcer cartonne) quand il est venu d’Italie… comme Onkelinx père, Flamand pur sucre de Tienen, obligé de partir… chassé par la misère et, ô miracle, jaillissante de ce malheur de l’émigrant, la pure merveille onkelinienne : Laurette… ».
A cause du traducteur bruyant comme le brouillage de Radio Londres par les Allemands en 40, saura-t-on jamais si les poncifs de Leterme égalaient les lieux communs du cavaliere rosso ?

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Et surnageant des fritures et des accents rocailleux d’une langue qu’on aurait difficile à situer ailleurs que dans les 347 dialectes perdus par an des ethnies amazoniennes et new-zélandaises du patrimoine de l’humanité, tout sourire dans sa jaquette flottante, la voix du Premier namurois-montois-belgo-flamand, vantait les mérites d’une Belgique fédérée et unie. Il atteignait au pathétique dans le divorce entre la tonalité joyeuse de l’attaque vocale et la sourde inquiétude du fond du bocal. On aurait dit Sarah Bernard en 1902 dans Phèdre.
Assurément, s’il était encore parmi nous aujourd’hui, cela aurait évidemment intéressé Saussure.
C’est ainsi que nous nous voyons en Belgique, comme ces deux-là. mi-farauds, mi-embarrassés de l’énormité de nos mensonges ; mais avec, heureusement, un tel retard mental sous les couches universitaires, que cela donne une excuse permanente qui fait qu’en Europe, être Belge, c’est péter dans les serres de Laeken afin de démontrer que l’on peut faire des gaz à effet de serre de manière très contrôlée.

Commentaires

que ce soit inaudible était voulu pour que les wallons n'entendent que la pensée unique.

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