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Inquiétante Amérique.

On veut donner du sens à tout, surtout à ce qui n’en a pas. C’est comme le besoin de se justifier sur des types de raisonnements ou des événements, alors que nulle demande ne nous parvient ; car les gens s’en fichent. Ils sont comme nous, ils cherchent l’occasion de se justifier, de paraître avoir pour tout une réponse intelligente.
Si bien que chacun a une vision de ce qui le retient à tout ficher par terre et s’abandonner au désespoir.
C’est dorénavant devenu très difficile d’adhérer.
Adhérer, mais c’est faire partie de quelque chose et d’y croire.
Si on mettait bout à bout toute la littérature, tous les discours qui depuis La Fayette sont partis de la vieille Europe pour aboutir en hymne à l’amour de l’Amérique, on remplirait une vaste bibliothèque.
Bon nombre d’hommes encore vivants auraient à fournir sur ce mémorial, quelques explications.
Comme c’est le temps présent qui intéresse, il est prudent de s’abstenir d’un enthousiasme débordant sur l’Amérique ; bien que la patrie de Bush soit toujours l’Eldorado pour l’Européen, ses cadres et ses mandataires politiques.
La passion de l’Amérique est enracinée en nous. C’est comme si nous avions tous un jour traversé l’Atlantique pour nous accrocher, éperdus, au pont de Brooklyn pour ne plus jamais s’en déprendre.
Voilà pourquoi, cette « ancienne » nouvelle terre, quoi qu’elle fasse, est intouchable.
Nous en avons tellement rêvé que nous ne pouvons revenir en arrière.
Henry Miller, un Américain d’origine européenne, a écrit des livres pertinents sur New York, puisqu’il y a vécu, aimé, souffert et travaillé.
C’est vivant et troublant de détails.
La crasse, la maladie et la plus grande misère n’ont jamais déserté les bords de l’Hudson; Et si le chômage y est insignifiant, la précarité y est telle qu’un petit boulot s’acquiert avec la perspective de le perdre la semaine suivante. Il n’y a donc aucun répit pour les petites gens. Le système les y a toujours écrasés.
Nous nous demandons après ces récits comment nous avons pu prendre cette nouvelle Europe comme exemple ?

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Comment avons-nous osé - et encore aujourd’hui nous ne changeons pas d’avis - prendre parti dans la guerre froide contre ce grand pays d’Europe qu’est la Russie et nous faire les hommes liges du nouveau monde ?
La misère n’était-elle pas effroyable d’un côté comme de l’autre ? N’avions-nous pas l’occasion d’aider l’URSS à conforter son système anticapitaliste, à épurer ses apparatchiks et ses cadres abusifs afin de montrer une autre voie au monde ? Peut-être le communisme y aurait-il réussi à la satisfaction générale ?
Au lieu de quoi, nous avons choisi une misère plutôt qu’une autre.
Nous aurions dû au moins faire une projection, puisque nous l’avions faite du communisme, de l’avenir du capitalisme, avant de prendre parti.
A notre corps défendant, ce sont nos responsables qui ont choisi pour nous, liés plus qu’ils ne le laissaient paraître à l’Amérique des banques, des cartels et des trusts. Nous, nous étions persuadés que notre statut d’Européen allait nous mener à la classe moyenne, dont nous nous rapprochions déjà par les discours socialistes qui avaient singulièrement évolués et qui nous voyaient « mieux » que ce que nous sommes. Une sorte d’alliance entre la middle class américaine allait nous faire sauter la misère de tous les Bronx et gagner au moins deux générations de traîne-savate.
A présent que - avatar de l’autre - la galère communiste a sombré, il reste à naviguer vers des lendemains d’incertitude sur la galère qui reste.
Et que disent nos machiavel en précipitant la manœuvre ?
L’Amérique reste l’exemple d’une démocratie où tout peu se faire, mais où aussi, tout peut se dire; ce qui en atténue les excès !
Mais l’échéance approche où il faudra avouer que le capitalisme à l’américaine est un redoutable échec.
Nos hommes politiques n’en sont pas encore persuadés. Il s’agira d’abord qu’ils s’en persuadent, avant de changer leurs discours.
Certes des petites rébellions se sont hasardées au cours de l’histoire.
Il ne faut pas se bercer d’illusions, l’Amérique et son fichu système capitaliste, nous l’aurons encore pendant longtemps. L’Europe s’est trop compromise, trop mouillée dans les intrigues de la mondialisation. Les hommes en vue d’ici s’y sont tellement promenés, y ont récoltés tellement d’appuis, intrigués avec tellement de banques, que bien malin saurait dire comme ils s’en dégageront, s’ils s’en dégagent jamais ?

Commentaires

Comment expliquer l'ampleur de cette attirance? Richard nous parle de la litérature, mais je pense aussi à la chanson, à Joe Dassin qui voulait l'avoir. Il faut admettre que l'Amérique fait plus rêver que ce plat pays qui est le notre?

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