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Drapelets, majorettes et orphéons

Pour un clapant premier mai, on est servi. Un mois sans pluie et le soleil à gogo !...
Pour le reste, ce qui surnage de la fête du travail, du PS, du PC, et des syndicats, … c’est la vente de crayons, le muguet à 2 euros 50, les cartes de soutien aux clubs de majorettes, avec en bruit de fond, les propos de tribune.
Quelques coups de gueule « camarades », une allusion à l’incapacité libérale de construire l’annexe du palais de justice place Saint-Lambert sans un mot pour les riverains mécontents, une envolée extasiée sur la gare de Calatrava, unique au monde, en oubliant le dépassement financier et les dates de finition, 2005 prévu et 2009 si tout va bien… On se demande combien ces quatre années supplémentaires de salaires vont coûter aux citoyens. Et c’est tout…
Ce qui trouble, c’est la lente érosion des militants, ceux qui étaient convaincus que cette société est injuste et qui le clamaient, l’incapacité d’organiser un défilé, si l’on considère ce qui se faisait avant : les communistes aux terrasses, les socialistes sur le boulevard et les syndicalistes déjà flottants et vaguement intégrés sous la bannière PS.
Il a fallu un regroupement des socialistes venus de toute la Wallonie pour faire quelque chose de sérieux autour de Di Rupo et son discours de lancement de la campagne électorale, l’après-midi, le matin étant réservé aux ténors locaux.
Une foule bon enfant, qui a chaud et qui boit de la bière. Une foule pas si éloignée que cela de celle qui sort des églises le dimanche matin, ou qui s’endort prise par la chaleur sous la bâche blanche des libéraux à Jodoigne.
Qu’est-ce qui a changé vraiment de cette foule satisfaite, de celle, vive, inquiète des années de combat ? C’est une manière empirique d’admettre tout « parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement », aboutissement d’un raisonnement ou pas de raisonnement du tout d’une population qui se maintient à flot contre vents et marées, sans trop se soucier d’une frange de la société qui ne le peut pas ou qui ne le peut plus, des gens qui se défaussent des responsabilités sur leurs politiciens, de sorte que si cela ne marche pas, ils n’y sont pour rien. En somme, c’est la république des autres. Voilà pourquoi elle est mal faite. C’est ça la modernité.

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Il n’y a pas dans les derniers militants hors clientèle PS qui fêtent le premier mai, un seul marginal, un seul chômeur de longue durée, un seul sans-papier, ou alors, ils se cachent bien, et instrumentent leurs affaires en se confondant avec le bourgeoisisme ambiant.
Peut-être ont-ils rejoint des partis plus à gauche que le PS ? La réponse à cette question est assez négative, quand on songe aux squelettiques sections, aux scores électoraux confidentiels d’une extrême gauche qui, elle aussi, a fondu sous le soleil, mais pas seulement aujourd’hui, depuis la chute du mur de Berlin. Comme si l’effondrement de l’URSS avait d’un seul coup réduit à néant les espoirs d’une autre société, comme si les philosophes qui pensaient la révolution s’étaient lourdement trompés en misant tout sur Lénine… alors que la plupart d’entre eux étaient morts en 1916 !
On pourrait se dire puisque les foules furieuses ont disparu, que le centre et la droite ramassent leurs parts qui grossissent au point d’occuper tout le terrain politique, qu’enfin la droite a vaincu la gauche.
Eh bien ! pas du tout. Partout en Europe, la social-démocratie avance cahin-caha avec des hauts et des bas, comme poussée par des insectes bousiers qui se nourrissent avec ténacité du caca des autres.
La grande nouveauté, c’est que tout le monde se veut social-démocrate, réformiste en diable, écologiste et attentif au commerce équitable.
Ce que Sarkozy nous balance, si l’on excepte ses redondances à la Maurras, Barrès, Drumont, et consort, comme Reynders, Milquet et Di Rupo, c’est bel et bien du pur jus social-démocrate, il est aussi blairiste que Ségolène Royal, social-démocrate bon teint, si ça se trouve Le Pen aussi… Si les étiquettes brouillent les pistes, le fonds de commerce est à l’identique.
Nous avons affaire à des musiciens de kiosques. Le lieu est public, généralement un parc, le kiosque est au centre et tout autour des chaises sont disposées.
Un peu comme cette fin de matinée au parc d’Avroy.
Des hommes politiques jouent leur opérette, la fanfare est derrière pour rattraper une fausse note, et meubler les silences.
On se demande quand Sarko et Reynders chanteront l’Internationale, aux cris de « rendez-nous notre Eugène Potier ! L’année prochaine, peut-être ?

Commentaires

L'après-midi, il y a eu un cortège pour la légalisation des sans-papiers...

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