« La nouvelle morale. | Accueil | L’enfant et les fripouilles. »

Un libéral centriste.

Débat courtois, entre compères, à la radio entre Didier Reynders et Elio Di Rupo, au point de se gausser ensemble de Philippe Moureaux qui aurait traité de « salaud » l’éminence libérale.
On s’attendait devant ce consensus à une conversation aimable sur les grands sujets. On n’a pas été déçu, rien que des sourires et des attentions l’un pour l’autre.
Bien entendu, le gouvernement sortant a été félicité, puisque nos deux « amis » y ont placé des ministres.
Le bilan, dans tout cela ?
Pour les deux, c’est superbe. A croire qu’ils sont inscrits dans le même Loge !
Alors, auraient-ils escamoté le débat pour l’avenir ?
Au sujet du relèvement des pensions, des indemnités sociales, des bas salaires, du communautaire, des emballements des prix des produits courant de consommation, du fiasco de la mise en concurrence du gaz et de l’électricité, des ratages de la poste, du marasme des situations dans lequel les circulaires Arena plongent parents, enseignants et élèves, bref de tout ce qui ne va pas dans ce pays et dont le gouvernement porte la responsabilité au premier chef, rien, trois fois rien !
Parfois un petit différend… oh ! bien léger, entre les deux « debaters », aussitôt, Reynders fait remarquer à son collègue qu’il a mal lu la feuille de propagande MR des élections, ou c’est Elio qui donne quelques explications complémentaires de son programme, « en toute humilité » ce qui signifie, que rien ne saurait entamer la haute estime qu’il a de lui-même...

petitcomm.JPG

Tous les sujets abordés furent lissés de la sorte.
C’est une technique éprouvée. On affirme ne pas écarter ce qui fâche. On prend la parole en « toute humilité » comme le répétait sans cesse Elio Di Rupo, pour dire en réalité, tout ce qu’on a entendu des dizaines de fois.
Mais quand fera-t-on le bilan d’une politique, d’un gouvernement, finalement du pays ?
Si même à 10 jours des élections, on n’en sait pas plus de la bouche des principaux protagonistes, alors c’est à désespérer de ne savoir rien de rien.
Les deux « complices » s’entendent à merveille pour réaffirmer leur loyalisme à la couronne et à l’indissolubilité des deux communautés dans un fédéralisme à la belge, bon d’accord. Mais alors, ils ignorent tout des demandes flamandes ou feignent-ils de les ignorer ?
Parce que ceux qui vont aller voter pour nos deux charmeurs doivent au moins savoir jusqu’où les partis wallons iront pour dire non aux Flamands ? Jusqu’à par exemple une déclaration flamnade unilatérale d’indépendance ?
Alors, je pense que pour BHV, c’est déjà presque conclu. La scission s’effectuera bel et bien, avec en compensation quelques avantages pour les 100.000 francophones qui sont du mauvais côté de la frontière linguistique.
Sauf rebondissement, ce sera Yves Leterme, qui succédera à Verhofstadt. Voilà qui donne le ton et qui réaffirme que non seulement 100.000 francophones, c’est une minorité en terre flamande, mais que 4 millions de Wallons l’est aussi au niveau fédéral.
Il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu, avant les négociations qui s’ouvriront après les élections, mais il ne faut pas non plus que faute d’huile, le feu s’éteigne. Et nos deux ténors ont une vocation de pompier à éteindre tout par excès de précaution.
Les Flamands ne comprennent pas le refus des francophones d’ouvrir une nouvelle négociation institutionnelle. La réforme de l’Etat est perçue en Flandre comme devant être un mouvement perpétuel dont chacune des étapes recèlent les mobiles de l’étape suivante.
C’est malhonnête du côté wallon de ne pas en convenir.
A moins que le MR et le PS soient tombés d’accord sur la volonté de tout régler au fur et à mesure des reculades sans en informer leurs électeurs. Il existe des précédents. L’affaire des Fourons, communes bradées sur l’autel d’un accord qui concédait à la Flandre une supériorité sur les intérêts wallons et qui ne s’est jamais contredit, en est un fameux.
Des deux marchands de soupe, c’est encore Di Rupo qui apparaît le plus fragile. Ses malheurs avec Charleroi et son incapacité à exclure Van Cauwenberghe et son système l’ont très certainement marqué, mais ce qui fait défaut à cet homme, c’est ce qu’il tente de cacher sous son apparent sang-froid : son manque de conviction !
Alors, lorsqu’au début de l’échange poli, Reynders a affirmé qu’il ne sortirait pas socialiste de la confrontation, on avait l’impression que la réciprocité n’avait pas besoin d’être posée, tant Di Rupo est sorti, lui, depuis longtemps, bon libéral du débat politique bien avant celui-ci.

Commentaires

En France aussi on a notre manière de se faire un petit trou dans la morale.

Poster un commentaire