« L’argent et le pouvoir. | Accueil | Sarkozy et Maurras. »

Vulgarité métaphysique

Le plus beau de l’amour, c’est quand on monte l’escalier.
On le sait pas encore, après c’est plus ça. On en a tous plus ou moins montés. Plus ils sont raides, mieux c’est ! On se souvient jamais de ceux qu’on a descendus.
C’est ça l’homme, d’abord on voit plus que lui. Dès que Toutou eut repoussé le pot de géranium pour tirer les rideaux, il se retourne et reste à se regarder la gueule dans la glace biseautée de la garde-robe.
Qu’est-ce qu’on fout là ?
C’est l’autre, dans le miroir qui pose la question.
Toutou voulait s’expliquer à la femme du flic sur le bord du lit, cuisses tellement enveloppées que même ouvertes, on pouvait pas mater son jardin d’Isna. Elle était pas d’accord. Son bonhomme rentrait à huit heures, il en était six à l’horloge fixée par des punaises sur le papier à fleurs oranges de l’hôtel de passe.
D’abord attiré par les formidables nibars, lâchés du soutif, les roberts tout en cascades et ondulations, brusquement attiraient plus Toutou.
Coco sentit que dépoitraillée, son julot se dégonflait. Elle se resangla à demi dans les poches grands formats pour exciter le mâle.
-Merde, Toutou, il est déjà six heures. Les flics ont pas l’air, mais ils reviennent jamais trop tard.
-T’as déjà pensé à la mort, Coco ?
-Tu vas pas recommencer, dis ? On est là pour baiser…
Coco pensait à sa longue préparation, tout un après-midi à se bichonner, s’asperger d’un flacon à 50 euros, les dessous chics, dentelles et porte-jarretelles. Elle avait pas trop de raffinement, faisait plutôt vielle pute, c’était un travail, le harnachement occasionnel... La gymnastique que c’est de se peindre les ongles des pieds à presque 50 piges !
Tout ça pour que le loustic débande en parlant de la mort !
-Grande question la mort ! Tu crois qu’il y a quelque chose, Coco ?
Si ça avait été la première fois qu’ils s’étreignaient dans la chambre 12, elle l’aurait trouvé mauvais. Peut-être qu’elle se serait réemballée dans ses soies bariolées. On ne lève pas une honnête femme pour lui parler de la mort, surtout une femme de flic. On sait la maladresse du cocu à déposer le flingot un soir que la poursuite d’un voyou a donné soif et qu’on rentre un peu schlasse… un plomb est vite parti.
« -Salope tu couches avec Toutou ! -Qu’est-ce que tu vas chercher là, Emile ! »
-Non, mon Jésus, il n’y a rien…

a1.jpg

Elle se mit à l’astiquer. Elle avait la technique du bonheur. Sous sa pogne l’engenreur prenait des couleurs. Elle tenait ça d’un vieux jésuite qu’elle avait fessé pendant dix ans.
-C’est qu’une dislocation, un anéantissement. Pourtant, si l’âme se détachait du corps pour se fondre dans le grand tout ?
-Je te fais une pipe, chéri pour te remettre au TGV ? Il est déjà six heures quart !
-Nous savons que nous mourrons, nous ne savons pas ce que cela veut dire et personne ne le saura jamais…
-Te frappe pas, trésor. Ce qui compte, c’est ce que tu as dans le froc pour faire plaisir à sa petite Coco. Je te descends le chapeau de guignol, pendant que tu me feuillettes le bréviaire ?
-Si on n’était qu’une partie de l’humanité et notre histoire un accident de l’écorce terrestre ?
-Tu bouges trop en causant. Tu pourrais pas un peu la fermer ? J’aime pas le discours quand on baise. On baise ou on cause.
-C’est exactement ça. On baise, c’est la vie. On cause, c’est la mort !
-D’accord, on baise ?
-Qu’est-ce qu’il en pense, Emile ?
-Quoi, qu’on se voit ?
-Non, de la mort ?
-C’est pas la question à poser à Emile. Je te préviens. Surtout que le soir, il est ballonné.
-Qu’est-ce que ça vient foutre qu’il soit ballonné ?
-Quand il pète devant la télé, tu peux pas lui parler. Pour peu que je lui gratte la couenne, il nage dans le bonheur… alors, la mort… Je vais sur toi. Tant pis si je t’écrase. Tu m’auras assez fait attendre… Mets là donc !...
-Toute vie humaine se déroule sous le signe d’une incertitude au sujet d’elle-même… aaah ! faut que je m’injecte…
-Déjà ! Qu’est-ce que tu disais au sujet de l’incertitude ?
-C’est plus le moment, aaahhh !
-Ooooh ! ça me prend…
-T’as moins gueulé que la fois dernière ?…
-C’est égal, la pensée de la mort déclenche une urgence à vivre !
-Ouais, la survie, c’est les autres… Dis, Coco, c’est toi qui vient de me balancer celle-là ?
-Je suis trop conne, sans doute ?
-Comme disait Marcel Conche, toute pensée de la mort est un asymptote. Toi au moins t’approche pas la limite, tu la franchis… T’as vu le bleu que tu m’as fait sur la cuisse ?

Commentaires

Bonjour, Richard III!
Mais où vas-tu chercher ces photos? J'adore. Seraient-elles issues d'un album personnel?

Ophélia / T'as l'infini qu'est devenue tout dérisoire "chérie"

Poster un commentaire