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Une certaine idée de la justice.

Dans l’affaire Clearstream, il y a de fortes chances pour que la justice mette en examen Dominique de Villepin à la suite de son audition prévue pour la fin du mois.
C’est un couplet déjà entendu, quel que soit le cas de figure, quand un politicien ne se fait pas prendre la main dans le sac, il plaidera jusqu’au bout l’innocence.
Cela ne signifie pas que Villepin soit coupable, cela veut dire tout simplement qu’il est difficile de croire que tous les VIP des personnels politiques soient innocents et injustement accusés dans les affaires qui se terminent devant la justice.
L’affaire Clearstream est particulièrement éclairante d’un climat, celui d’une fin de règne de Jacques Chirac où se croisent des ambitions, des haines de personnes et le machiavélisme de ceux qui luttent pour la conquête du pouvoir.
Le public est lassé d’entendre les hauts personnages parler de morale et de bien public, même si le discours est élevé et dit par un personnage qui respire la loyauté et inspire confiance au peuple.
Tel a été le cas de Villepin et avant lui de son patron Chirac.
Et Chirac, comment peut-il refuser avec hauteur de témoigner dans une affaire qui éclata sous sa présidence et dont il aurait eu de fameux motifs à mettre en route ?
Les voilà bien ces personnages surpayés, surmédiatisés, surprotégés qui se disent citoyens ordinaires à vouloir partager nos difficultés et qui au moindre soupçon se drapent dans le manteau de l’indignation, s’extraient de cette citoyenneté ordinaire qu’ils revendiquaient la veille et prennent de haut justice et magistrats !
Sont-ils traduits en justice ? Les voilà qui ergotent, s’entourent d’avocats et même convaincus des crimes qui leur sont reprochés, clament à l’oreille complaisante de la presse qu’ils sont innocents, que la machination dont on les croyait capables, a été ourdie contre eux.
Ils adoptent, est-ce pure coïncidence ou rouerie connue de tous les truands, un système de défense dans lequel ils ne reconnaissent rien, même l’évidence, afin de semer le doute dans les esprits d’un jury qui est ici la Nation.
Le « je suis innocent » n’est pas tombé dans l’oreille des sourds au pouvoir. Ils en jouent, ils en distillent les couplets. Et ça marche. Rarement traduits devant les tribunaux, presque jamais condamnés à la prison, et sursitaires hors pair, les voilà dès la dernière audience terminée gonflés à bloc pour la reconquête de leur prestige, du pouvoir, des places, des mérites !
Tantôt c’est un d’entre eux qui part « en exil » pour un an vivre la vie d’un professeur d’université, après avoir payé pour un autre ; tantôt, c’est un déchu d’une autre manière que le parti récupère et parachute dans un emploi lucratif où il attendra des jours meilleurs, c’est-à-dire un nouveau mandat politique.
Ah ! ce ne sont pas des voleurs de pommes, des petits voyous à la roulotte, pègre de quartiers pauvres, de vulgaires repris de justice à 6 mois ferme pour recel d’objets volés. Il s’agit de tout autre chose. Il n’est ni question de bagarres sanglantes, de crimes crapuleux, ni de ce dont les gazettes sont pleines. Nous entrons dans le feutré, le non-dit implicite et les détournements majeurs, le coup de couteau dans le dos qui ne laisse ni traces, ni la victime exsangue, mais qui rapporte gros, souvent des trésors de guerre non quantifiables immédiatement, des millions d’euros de rabiot, des honneurs à n’en plus finir et des Légions d’honneur comme on en voit rarement.

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Sur le soupçon d’un simple vol, le citoyen ordinaire voit sa vie détruite, son parcours arrêté. Il rejoint les prisons surpeuplées en préventive d’abord, en qualité de détenu ensuite. Il est un cas parmi tant d’autres cas. Le juge s’y arrête à peine et condamne en série. Au trou, les pauvres…
On est loin du compte avec les honorables, les grandes destinées, les propriétaires en quelque sorte de nous tous, notre travail, les biens nationaux, nos créations.
On les suspecte ? Allons, leurs affidés, les anciens commis, la clientèle, les partis, tous se récrient : lui !... un voleur !... Quelle méprise…
L’instruction se fait avec des gants de velours, les « je vous en prie » de classe. Les menottes ! Vous n’y pensez pas ! Avec la Légion d’honneur à la boutonnière…
Et pourtant, les enjeux ne sont-ils pas plus important que le simple fric frac d’un tiroir-caisse ?
Ces voyous – n’ayons pas peur des mots – ne pillent-ils pas les plus pauvres ?
Est-ce cela faire bonne justice que de les juger autrement parce qu’ils représentent une certaine idée de la morale et surtout qu’ils nous représentent ?

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