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L’Algérie aujourd’hui.

Alors que la population maghrébine immigrée s’accroît d’année en année, les relations entre les Belges et les populations de la côte africaine de la Méditerranée restent distantes, voire inexistantes.
Les Wallons ne sont pas a priori racistes. Les Tunisiens, les Algériens et les Marocains ont l’avantage de parler français. Est-ce que les exactions des intégristes musulmans, la mauvaise réputation de la Syrie, de l’Iran et les turbulences en Irak perturbent à ce point les relations entre eux et nous ?
Sans doute, cela joue mais pour une part relative si l’on considère le peu d’intérêt de la plupart des Wallons à la politique internationale et aux rapports entre l’Europe et le reste du monde.
C’est même le mauvais côté des choses cette indifférence à regarder vivre les autres, de sorte qu’en fin de compte les ressortissants des pays du Maghreb finissent par amalgame à être assimilés aux exactions des intégristes et à être considérés comme des terroristes potentiels.
Alors, si de temps en temps, nous recevions des informations dignes de foi de l’autre rive de la Méditerranée, peut-être pourrions-nous avoir avec les ressortissants de ces pays vivant chez nous, un meilleur dialogue dans le but de nous comprendre.
Les trois pays du Maghreb concernés vivent sous trois dictatures différentes. Les Tunisiens et les Marocains voient leurs deux régimes s’infléchir depuis l’afflux de touristes vers une sorte de compromis entre la consultation des citoyens et la volonté de se passer de leur avis ; tandis que la dictature algérienne est plus musclée, car toujours aux mains des militaires du FNL et est, de surcroît, en lutte de façon assez feutrée avec le FIS (1), qu’elle essaie de ramener dans le paysage politique commun par une absolution de ses crimes. Mais des trois pays, c’est la population algérienne la moins soumise aux imans et la plus apte à s’ouvrir à la démocratie.
La récente hospitalisation au val de Grâce en France, d’Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a quand même servi à ce qu’on reparle un peu de ce pays, tout au moins de la succession de cet ancien fonctionnaire devenu président par la grâce des Anciens du FNL.
Devenu otage à son tour d’une armée qui garde sans concéder l’économie et la politique aux civils, le président Bouteflika n’a pas su se débarrasser de la corruption afin d’ouvrir son pays à l’économie de marché de façon crédible, alors que le pays recèlent des gisements de gaz importants.

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C’est tout juste si à l’après terrorisme – quoique celui-ci puisse renaître de ses cendres – la population est moins sujette à la pénurie et aux files d’attente devant les magasins.
Pourtant géographiquement, ce vaste pays a des atouts. Il serait magnifique si les habitants y croyaient encore en le faisant fructifier dans ses cultures et ses habitats de ville.
Mais voilà, l’immigration vers les pays d’Europe est comme un ver qui ronge le fruit. Des histoires courent par centaines de gars qui vendent tout pour rejoindre l’autre côté de la Méditerranée, ruinent leur famille, abandonnent femmes et enfants, pour revenir, plus pauvres que jamais, quand les polices des frontières d’Espagne ou de France les y réexpédient.
D’où un amour-haine des Maghrébins pour l’Europe à qui ils reprochent un passé colonial en assimilant notre occupation du Congo avec les Français (déjà appelés les Franj à la croisade de Pierre l’Ermite, dont l’histoire épouvantable fit le tour des Pays arabes).
Cet amour-haine cache la profonde blessure nationaliste à l’égard d’un pays tout à fait incapable de tirer profit des richesses du sol pour les mettre à disposition du progrès social.
Alors, que l’exploitation des gisements date de l’après colonialisme français, c’est bien commode de se réfugier derrière le traumatisme qui se termina aux accords d’Evian consacrant l’autonomie de l’Algérie, pour ne pas remettre en question l’incapacité à régler les problèmes internes.
Les journaux ne sont pas tous dans la main des militaires. Ils sont peu nombreux.. Mais ils existent. Les temps sont difficiles et la vie de certains journalistes est en danger. Cependant, ils ne cessent d’écrire sur les affaires de corruption, mais c’est inutilement. rien n’y fait. L’inertie de l’Etat algérien qui laisse sa jeunesse rêver de l’Europe en regardant la télévision française grâce à la parabole (70% de la population a moins de 25 ans) sans grand espoir d’avenir, est aussi dénoncée, en pure perte.
Le retard du pays en tout domaine par rapport à ses deux voisins fait craindre pour le futur un antagonisme renforcé.
Où passe l’argent, avec un baril à 80 dollars ?
C’est la question qui est sur toutes les lèvres et qui restera sans réponse pour un bout de temps, tant que le véritable jeu démocratique n’aura pas chassé du pouvoir les anciens du FNL qui touchent depuis la fin de l’occupation française les dividendes de leur patriotisme.
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1. FIS : Le Front islamique du salut était une formation politique algérienne militant pour la création d'un État islamique. Elle a été dissoute en mars 1992 par le tribunal administratif d'Alger

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