« Profession : jean-foutre. | Accueil | Une fin de la Belgique à l'amiable… »

Une bombe monétaire.

Obnubilés par nos 100 jours de crise, nous sommes moins sensibles à la crise ou crisette financière qui secoue les marchés et qui met directement en cause les Etats-Unis sur la gestion de sa dette publique et ses frasques immobilières, sans oublier l’hémorragie qui se chiffre en milliards de dollars de l’occupation de l’Irak par l’Armée américaine.
Evidemment, les économistes gagés par les banques nous disent que cette méfiance dans la santé financière américaine ne sera que de courte durée et que « la plus grande démocratie du monde » dont le taux de croissance coince un peu va se ressaisir et repartir à la hausse.
Les économistes indépendants, les chroniqueurs et les journalistes spécialisés sont moins optimistes. Chacun y va de sa recette et chacun désigne son bouc émissaire. Il ne se passe pas un jour qu’un grand journal n’énonce les difficultés qui sont devant nous avec à la clé des remèdes pour que l’économie mondiale reparte du bon pied.
Par exemple, dans le journal Le Monde du 19.09.07, Claire Gatinois désigne son monstre du Loch Ness qui serait parti se baigner dans le lac Érié aux States : « La contagion de la crise de l'immobilier américain, partie des crédits à risque (subprimes) vers l'ensemble de la finance mondiale, a un temps été imputée aux fonds spéculatifs. Aujourd'hui, les experts comme les autorités de régulation dont la Banque centrale européenne (BCE) les attribuent plus volontiers aux excès de la sophistication financière. Le coupable a un nom : titrisation. »
Bien entendu, il ne faut pas minimiser le phénomène de « titrisation » ; ce n’est pas le seul non plus. C’est un ensemble de petites et de moyennes « catastrophes » qui apportant à chaque fois une pierre à la pente qui se forme, va finir par déclencher une avalanche dont tout le monde sera victime.
Pour comprendre ce qui se passe, outre la dette américaine qui gonfle et qui fait que ce pays vit à crédit sur le dos des autres, 30 % des prêts immobiliers américains finissent en Asie sous forme d’obligations des banques américaines. Un américain qui achète une TV ou une voiture, c’est en Chine qu’on détient la créance. Cela crée une interdépendance entre la Chine et le reste du monde, puisqu’on sait bien dans le système financier mondial aujourd’hui que l’Amérique est incontournable.
Comment s’en sort la majorité des Américains avec cette nouvelle donne ?
Très mal si l’on en juge par les salaires planchers, qui sont plus bas aujourd’hui qu’il y a 30 ans !
Tandis que Bush faisait des cadeaux fiscaux aux gens les plus riches – un peu comme fait Sarkozy en France – dans l’espoir que cette redistribution allait produire du dynamisme et un redémarrage de l’économie, le revenu moyen a chuté. Afin de maintenir le niveau de vie ancien, ceux qui le peuvent cumulent les dettes avec les cartes de crédit. Ces avances, énormes pour l’ensemble du pays, pourraient faire chuter le dollar. Les autres s’enfoncent dans les embarras de la pauvreté. C’est ainsi que 50 millions d’Américains – un chiffre qui progresse – sont sans couverture médicale.
Le plus riche pays du monde tombe dans une crise de l’emploi.

IMG_5392.jpg

La concurrence avec les produits importés de Chine notamment fait que les grandes sociétés américaines tentent de réduire les coûts par des licenciements et des décentralisations industrielles à l’étranger. La qualité des produits finis s’en ressent, tandis que l’accélération des chaînes de montage et des méthodes béhavioristes augmentent le stress des personnels. Général Motor qui était le symbole d’une Amérique dynamique aux hauts salaires copie dorénavant ses réformes sur l’entreprise mondiale de textiles Woolmark connue pour ses bas salaires et ses productions « à la chinoise ».
Les retraites payées par les entreprises sont menacées. Les Américains, dont le credo au capitalisme triomphant n’a cessé au cours de l’histoire mondiale de l’économie, sont en train de déchanter rapidement.
Le duo forcé Amérique et Chine est devenu une bombe monétaire. Les économistes américains voudraient une réévaluation du yuan. Les Chinois rétorquent non sans raison que s’ils y souscrivaient d’autres pays comme le Viêtnam et la Corée prendraient le relais et que rien ne changerait.
La Chine n’a pas à compenser seule ce déséquilibre.
C’est évidemment un peu court.
Ce qui fait la différence, à savoir les bas salaires, le manque de couverture sociale et l’absolu « dévouement » des Chinois à leur entreprise, un peu à la manière japonaise persisteraient à faire le déséquilibre qui fait tant de mal à la classe ouvrière occidentale.
C’est que, faire faire par les plus pauvres dans les meilleures conditions pour les plus riches, est devenu le premier article de la bible des entrepreneurs. Fabriquer n’est plus rentable pour les décideurs américains. C’est la vente qui l’est.
Alors, pour demain, verrons-nous un crash ou un atterrissage en douceur ?
Pour répondre à cette question les Américains doivent intégrer une autre donnée qui est celle de la dette publique qui devient un gouffre d’une telle ampleur qu’elle ne saurait déjà plus être stoppée par cette génération.
Mais cette dette publique en postposant à plus tard son arrêt, puis son extinction progressive, ne sera pas épongée par toute la génération suivante ; mais seulement, une fois de plus, par les plus pauvres qui n’auront pas eu l’heur d’en recueillir les fruits, ni de bénéficier auparavant des avantages par les intérêts des obligations de l’Etat.
C’est donc véritablement là que réside une charge explosive en puissance ; car, il faudra bien de l’astuce et bien de la persuasion pour faire croire aux pauvres d’Amérique et d’ailleurs que la dette sera supportée et remboursée par tous.
Pour revenir plus modestement à la Belgique, on se souvient de La Loi Unique vaste escroquerie aux plus pauvres pour sauver la Belgique d’un fiasco financier et, il n’y a pas encore si longtemps, la même manœuvre de Jean-Luc Dehaene au prétexte que la monnaie belge pour entrer dans l’Euro devait consentir des sacrifices sous la forme d’augmentation des taxes et de la TVA. Ce qui a essentiellement contribué à la pauvreté des Belges, sans affecter beaucoup les grosses fortunes nourries du tissu industriel et des obligations d’emprunt de l’Etat.

Poster un commentaire