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Sauver quoi ?

Les sauveurs de la planète ? Il en pleut. A commencer par Al Gore le nouveau prix Nobel de la paix, grand donneur de leçons à partir du pays le plus pollueur au monde, lui-même usant et abusant des « bienfaits » de cette civilisation particulièrement néfaste avec grosses voitures, six salles de bain, deux piscines, qui ne peut se déplacer qu’en yacht, en Boeing ou en hélicoptère…
A ce compte-là, il pourrait renoncer à son prix, présenter des excuses, abandonner son train de vie, rompre avec les Clinton, enfin toutes sortes de gestes qui feraient qu’on se dise finalement que c’est un chic type.
Vivre plus simplement, c’est la formule inapplicable par excellence, surtout pour que les autres puissent simplement vivre.
Et quand on pense qu’à ces voraces d’énergie et qui sont en passe de mettre la terre exsangue, d’autres clients se pointent plus friands encore de confort, d’énergie, de centrales, de voitures : la Chine et l’Inde, par exemple, et comment le leur reprocher ?
Ces jours-ci le blabla écologique bat son plein. C’est à qui préconise des formules, des nouveaux Kyoto, au point qu’impressionné, je n’ose plus trop ouvrir le robinet pour me brosser les dents, je claque du bec dans mon bureau de froid et je débute un compost sur mon balcon !
Peut-on atténuer les menaces qui plombent l’avenir de la planète ?
Comment diminuer les inégalités sociales transnationales qui empêchent tout consensus ?
Quand on lit les magazines, les éminences qui se tapent le Don Pérignon au foie gras, on se demande si la réduction personnelle de consommation des milliards de pauvres de la planète sera suffisante. Penser que je coupe un œuf dur en deux pour me faire deux repas et que pendant ce temps on réfléchit dans des palaces à l’avenir de la Belgique et qu’on y entre et en sort dans des grosses cylindrées, la gueule béante d’avoir bâfré, prêts à rendre l’âme, à déglutir la sauce du chef devant les caméras… je me demande si les étiologues et les médecins au chevet de la terre ne me prennent pas pour un con, complices du gratin belge qui laisse le dauphinois aux pauvres.
L’aide au développement s’est révélée impuissante à faire prendre conscience aux masses plongées dans la famine. Il y a même une sorte d’indécence à leur expliquer comment pêcher un poison quand il n’y a plus que des arêtes. Au vu et au su de tout le monde, elles arrachent les derniers buissons avant le désert pour cuire le pain, tandis que le tyran de la Région compte les sacs de riz des organisations qu’il revendra aux notables depuis son palais réfrigéré.
Rien faire alors ?
Merde, je n’en ai pas le cœur.
Même l’époque où elle battait son plein, cette aide était détournée par les faiseurs de pollution et elle n’augmentait que très peu les capacités de consommation des populations.
La diminution du rejet de CO², une de ces farces encore des amis de Schumpeter, fait que Seraing ne repart pas tout de suite à la fonte depuis le haut-fourneau miraculé. On dépasse les cotas ! En cause quelques tonnes de plus de particules qui vont se balader un peu partout en Belgique.

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Ah ! si les habitants de Seraing pouvaient les bouffer après les avoir happées en plein vol ! Ils chieraient des métaux lourds qui partiraient dans le verre des Hollandais en passant par la Meuse ! Ce serait une manière de répartir les pollutions.
Or, si ce gros tas de ferraille n’éjaculait plus son sperme enrichissant Mittal, et qu’il fallait raser le bijou, cela produirait pendant deux ou trois ans le double de pollution que ce qu’on va faire en rallumant la clope !
Et pendant que l’Europe gamberge sur l’émission minimale qui rendrait à la Meuse sa belle vallées, les Chinois et les Indiens font 10 % par an d’activités en plus. Londres se fout des directives et la Russie se divertit dans les poubelles de ses entreprises naissantes !
Alors, sauver la planète Bon, d’accord.
Que les milliardaires commencent les premiers ; qu’Al Gore convertisse son prix en éoliennes ; que nos ringards qui ne sont pas fichus de nous trouver vite fait des solutions à nos problèmes linguistiques se magnent le cul à pied au Parlement ; que la journée « sans » ait lieu 300 jours par an partout dans le monde et qu’on taxe les gens qui ont une auto et pas de vélo ; qu’on expédie les gros cubes sur des trains pour des ferroutages écologiques et qu’on cesse d’imaginer de nouveaux parcours d’autoroutes. On a déjà assez perdu de temps comme ça.
Alors, seulement, alors, je ne tirerai plus qu’une seule fois la chasse d’eau des WC.
J’achèterai des « Iles de Paix » jusqu’à entrer dans le rouge de ma carte de crédit. Et j’irai moi-même planter des herbes aux confins des déserts que j’arroserai de mes diminutions d’eau en ne me lavant plus que tous les quinze jours.

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