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Une femme de caractère.

Il fallait s’y attendre. 174 jours sans nouveau gouvernement, le N-VA a eu raison des velléités des fédéralistes. Nul ne peut ignorer en Belgique que le CD&V est à la remorque de son petit partenaire.
Bart De Wever et les nationalistes flamands qui veulent la fin de la Belgique fédérale ont gagné.
Ils ont compris que plus la crise durait, plus l’opinion flamande manipulée par le lobby séparatiste les rejoindrait. Ils comptaient aussi sur leur allié Leterme. Ils n’ont pas eu tort.
Désormais, le compte à rebours a commencé.
Si on en est là, hormis la minorité flamande au départ qui avait secrètement décidé du scénario, il en va de la responsabilité du formateur et de Didier Reynders.
Yves Leterme avait semblé avoir un accord lundi qui était approuvé par trois partis sur quatre. Seul opposant… son propre parti CD&V et son allié obligé le N-VA !...
Comme tout cela était une mascarade et qu’il fallait pour l’opinion flamande que le chapeau de l’échec soit porté par les francophones, Leterme pond une nouvelle mouture. Elle est de toute autre nature que la précédente !
On peut imaginer que si les partis francophones avaient dit oui à la dernière version, qu’aussitôt le N-VA serait sorti du bois et aurait introduit de nouvelles propositions.
Le tollé en Flandre du refus de Milquet d’avaler la couleuvre est on ne peut plus indigne des Flamands honnêtes. Alors qu’on avait applaudi au refus du CD&V-N-VA, dans cette logique, Leterme aurait dû reprendre une fois de plus sa copie. Non, cette fois, c’était à prendre ou à laisser, un ultimatum ! Mais ce type est un flamingant aussi !
Très justement Joël Milquet prit le risque que l’opinion flamande manipulée la désignât madame Niet définitivement.
Personnellement, je trouve qu’elle a agi crânement. Elle a montré aux yeux de tous que le camp d’en face dépassait les bornes. C’était la seul solution.
Le cas Reynders est différent.
Ce politicien libéral depuis qu’il a trois députés de plus que les socialistes s’est juré de se venger de l’humiliation que le PS lui a fait subir au parlement wallon en vidant le MR de la coalition régionale. C’est lui le principal artisan de l’orange bleue du côté francophone. C’est lui qui depuis le début est prêt à toutes les concessions sur les exigences flamingantes et qui chipotait encore sur la dernière note-ultimatum de Leterme pour que Bart De Wever occupé à donner des coups de canif dans le contrat fédéral, passe pour un homme d’Etat responsable, à seule fin que cette note honteuse soit entérinée par son parti. Maingain ayant mangé son chapeau depuis lundi, le gouvernement croquignolesque de Leterme pouvait éclore avec Joëlle Milquet pieds et poings liés. En grand homme d’Etat, la présidente du CDh a refusé de tomber dans le piège.
Voilà donc six mois de perdus, six mois au cours desquels la situation économique des petites gens s’est singulièrement assombrie. Et ce sont MM Reynders et Leterme qui en sont les principaux responsables, avec derrière eux la clique des flamingants déchaînés.
Il a fallu que ce soit une femme qui ait mis fin au vaudeville, les autres étant incapables d’assumer politiquement leur échec !

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Le roi n’a pas joué un rôle très glorieux dans ces péripéties. La Cour aurait été bien avisée de constater l’échec Leterme bien avant que celui remît sa démission une seconde fois, tout en espérant qu’il n’y en aura pas une troisième.
Que va-t-il se passer demain ?
Au moins que Verhofstadt, le premier ministre sortant, reçoive du parlement un mandat pour sortir des affaires courantes afin qu’il prenne des initiatives là où il y a urgence, sinon la situation des Belges se dégradera un peu plus tous les jours..
Il appartient au roi d’appeler un autre formateur, par exemple Verhofstadt ou encore Reynders, quoique les chances de ce dernier co-responsable de l’échec de l’orange bleue et informateur au départ de celle-ci ait très justement perdu toute crédibilité.
Il est certain que la Belgique des porteurs de cocardes tricolores est morte au 174me jour de crise.
Reste que se dépêtrer d’un sac de nœud comme Bruxelles, même les flamands les plus enragés à larguer le pays hésitent.
Pour faire court, une armée de notaires ne pourrait régler la délicate question de la séparation des biens. Quant à la frontière linguistique, on sait bien qu’elle n’existe que par la volonté flamande et que son tracé ne reflète pas la réalité.
En l’état, Bruxelles rattachée à l’Europe, mais quid de ses communes périphériques ? La Flandre demandant une étoile nouvelle sur le drapeau européen, est une hypothèse, la Belgique se réduisant à la seule Wallonie.
On n’en est pas encore là.
Mais où en est-on alors ?
Nulle part. Et c’est bien là le drame. On est reparti pour un tour de piste. Tous redoutent la dissolution des Chambres et de nouvelles élections, surtout Reynders. Comment pourrait-il changer sa déroute en triomphe vis-à-vis de ses électeurs ?
La seule chose positive est que Joëlle Milquet s’est montrée l’homme politique à la hauteur, par son courage et sa lucidité.
Merci Madame !

Commentaires

D'accord avec toi sur la force de conviction de la dame!
Mais ne faudrait-il pas être réaliste et bien intégrer que ce n'est que partie remise? Demain, les mécanismes voulus par la Flandre (transfert de compétences y compris en matière fiscale,régionalisation d'une partie de la Sécu et peut-être vote majorité numérique contre minorité)s'appliqueront qu'on le veuille ou non. Le nationalisme est un feu qui ravage tout. Seule la crainte de l'opprobre international le contraindra à museler quelque peu ses outrances.
Dès lors, plus vite on arrivera à ce qui de toute façon se produira , mieux ce sera. Prenons l'Europe comme notaire et témoin du divorce et de la séparation des biens. Et profitons-en pour imaginer et construire une autre façon de vivre. Un peu à la manière des architectes qui établissent les plans d'une nouvelle ville. Bien sûr, il y aura du sang et des larmes (enfin, le moins de sang possible!). Mais n'est pas un défi extraordinaire à relever? Nous pourrions être un laboratoire européen.

Intéressante réaction de Caroline Gennez, présidente du SPa, le parti socialiste flamand:
"Pendant six mois, on a négocié avec un cdH qui croit toujours à une Belgique qui n'existe plus et avec un cartel flamand qui croit en une Flandre dont j'espère qu'elle n'existera jamais".

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