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Le Non à l’Europe qui devient Oui

Après le rejet, par référendum du projet de Constitution européen, les Français sont sur la voie d’entériner le même Traité à quelques broutilles près.
Certes la procédure sera différente, le peuple français ayant dit non, qu’à cela ne tienne, la majorité politique dira oui.
Ils sont ainsi les élus, plus européen qu’eux tu meurs ! Leurs électeurs n’ont qu’à la fermer.
On passera par la voie parlementaire.
C’est la démocratie d’aujourd’hui.
Comme l’a écrit La Rochefoucauld qui a une maxime pour toutes les occasions : « Les hommes ne vivraient pas longtemps en société s’ils n’étaient les dupes les uns des autres ».
Notez, qu’en Belgique, ce n’est pas mieux. C’est même encore plus faux cul. Nous n’avons jamais eu droit au chapitre. Le Parlement est d’accord, il entérine. L’avis du peuple ? Le référendum pour une chose quand même importante puisqu’il s’agit de savoir comment ils vont nous goupiller notre avenir : pas question.
En France, comme en Belgique, c’est un peu comme si on prenait les gens pour des cons !
Ce qui est grave, c’est l’ignorance des politiques de ce que les « Non » voulaient, cela tient en fort peu de choses, plutôt une intention qu’une revendication, une sorte d’accord tacite entre les dirigeants et ceux qu’ils dirigent.
Les électeurs voulaient que le traité européen reflète leurs préoccupations sociales et non pas qu’il soit un hymne au capitalisme de la concurrence et du libre échange, pur et dur.
Il n’aurait pas fallu grand chose pour qu’il y ait unanimité si l’on excepte les nationalistes d’extrême droite. Au moins, qu’il y ait eu quelque part des mots pour rassurer, une envie de social…
Maintenant, on aura compris, la classe politique toute entière à peu de voix près, droite comme gauche, est d’un rare mépris et d’une rare insolence pour ceux qui les ont faits.
L’argument selon lequel, le nouveau traité a été allégé des articles litigieux est totalement faux.
Giscard d’Estaing toujours vexé qu’on ait refusé sa prose, s’est empressé sur Europe 1 de déclarer qu’à peu de choses, on a fait le nouveau avec l’ancien !
Toujours aussi compliqué et tordu, c’est du pareil au même.
La question est de savoir si Giscard – de l’Académie française - ne serait pas en droit d’intenter un procès pour plagiat.
Selon le journal le Monde, voici la liste des modifications et des suppressions. Elle n’est pas longue.
1. Le terme de Constitution.
2. La référence aux symboles, même si ceux-ci continuent d'exister : le drapeau aux douze étoiles, l'hymne (l'Ode à la joie), la devise ("L'Union dans la diversité"), et la mention "La monnaie de l'Union est l'euro".
3.La partie III du traité constitutionnel fixant les politiques et le fonctionnement de l'Union. Ses articles, portant sur le marché intérieur, la concurrence, l'agriculture, l'Union monétaire, la coopération judiciaire et policière, etc., retrouvent leur place dans les traités existants, que la Constitution devait remplacer.

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A continuer sur la pente du dirigisme et du mépris des gens, la construction de l’Europe s’éloigne de plus en plus des objectifs dont le principal est le bonheur de ses habitants.
Tirée par l’Angleterre vers une situation de libre échange avec des rapports de plus en plus étroits avec l’Amérique, l’Europe dans sa construction première aurait dû écouter le général de Gaulle quand il mettait en garde les Européens, au point d’avoir eu l’intention de faire en sorte que l’Angleterre n’entre pas dans la communauté.
Enfin, Sarkozy doit dans quelques mois présider les institutions européennes. C’est sans doute une des raisons de sa précipitation à faire signer au plus vite le « mini-traité ».
Quant aux socialistes français, ils n’ont pas la chance de leurs homologues belges qui vont voter « oui » sans état d’âme. Dans leurs rangs on murmure.
Tous ne sont pas comme Jack Lang qui persiste et signe. Dame, il s’en trouve encore qui sont vraiment socialistes.

Commentaires

Íl est vrai que faire entrer par les fenêtres ce qui ne rentrait pas par la porte est plutôt cavalier mais il me semble qu'il y a une autre analyse du problème qui me semble plus judicieuse.

Penser que les francais ont rejeté la Constitution Européenne parce qu'elle n'était pas assez sociale est faux. Les Francais ont rejeté la Constitution Européenne parce qu'ils pensaient qu'elle n'était pas assez sociale. Les pro-constitution ont tellement cru que c'était dans la poche qu'ils se sont cru dispensés d'explications, ils ont pris les gens pour des moutons et leur ont dit "voter pour, c'est bon pour vous".

Les partisans du non n'ont plus eu qu'à s'engouffrer dans la faille, il était trop facile à deux mois du référendum de faire croire aux gens que :

-1ère option-
c'était la fin de leur pays et que dorénavant ils allaient devoir payer pour les autres, replis national, haine et tout ce qui s'en suit ... les partis nationalistes ne se sont pas gênés.

-2ème option-
la constitution était trop libérale, la fin des acquis sociaux et blabla, ... une certaine gauche s'y est adonnée à coeur joie.

A deux mois du référendum il était trop tard pour expliquer, réexpliquer et faire le travail de fond nécessaire quand on demande aux citoyens leur avis. Parce que demander aux citoyens leur avis sans leur expliquer de quoi il en retourne c'est effectivement les prendre pour des cons.

Donc les Francais ont rejeté la Constitution Européenne parce qu'ils pensaient qu'elle n'était pas assez sociale -option 2-.

Les hollandais ont eux, rejeté la constitution parce qu'ils estimaient que cela constituait une perte de leur identité nationale et surtout, surtout, qu'ils allaient devoir payer pour les autres -option1-.

En réalité la constitution n'est ni l'un ni l'autre, et sérieusement, dans tout ceux qui ont voté non, quelle que soit leur raison, combien ont lu le projet de constitution ? Parce que contrairement à ce que vous dites il ne contient rien en matière d'avancée libérale et il se borne à revoir les processus de décision des états membres qui devenaient impossibles à 27. Est ce que cela aura une influence droitière sur les décisions effectivement prises ? Moi je n'en sais rien mais aux Pays-Bas, les gens sont bien persuadé du contraire et c'est pour cela qu'ils ont voté contre !


Alors maintenant est ce que faire voter au parlement ce qui a été rejeté par référendum est judicieux ? Faut bien que les choses avancent, l'erreur c'etait plutôt de faire un référendum et surtout de le faire sans se sentir obligé d'expliquer. Je ne me sens pas privé de mon pouvoir de décision, nous avons voté pour nos élus, ils se sont prononcé pour nous et être politicien c'est parfois prendre des décisions impopulaires parce que s'ils ne prenaient que des décisions populaires ou s'il y avait référendum pour tout, on pourrait se garer n'importe ou dans les villes, la culture serait inexistante (combien de gens supporteraient la dotation de l'ORW, de l'OPL, de Charleroi danse ou de la multitude de théatre que seule 10 a 15% de la population fréquente), il n'y aurait plus qu'un sport subventionné, notre patrimoine bati serait un souvenir, on ne traiterait pas les eaux usées, ...

Je suis d'accord avec vous sur le dernier paragraphe. Il faut parfois du courage à nos représentants pour aller à contre courant des électeurs. Pour le reste, je pense que le mini-traité ne déroge en rien d'un libéralisme qui ignore le social.Quant au référendum, c'était une proposition des partis sans qu'il y ait eu une forte demande des électeurs.
La classe politique n'assume pas ses erreurs. Puisque vous dites qu'il avait été mal préparé, que n'ont-ils eu le courage d'en mieux préparer une réplique !

Chat échaudé craint l'eau chaude. Comment réagisseriez vous à leur place. Auriez vous les couilles (c'est bien de cela qu'il s'agit parce que un nouvel echec serait une véritable catastrophe) d'organiser un nouveau référendum ? Il ont reconnu leur erreur, faire un référendum était une gageure et ne plus passer par un référendum est la sagesse même.

A en revenir au côté libéral du mini-traité, je ne vois pas. L'europe avec ou sans mini-traité est certes le symbole de la circulation des biens et des personnes, de la libre concurrence et d'un MARCHÉ unique, mais cela est assez injuste de la réduire à cela, chaque état membre représente lui-même un marché ou la libre concurrence s'exerce et ou les biens et les personnes circulent et personne n'y trouve à y redire ; l'Europe c'est la même chose en plus grand et je défie quiconque de trouver dans le mini-traité qui se borne à définir des règles de fonctionnement, en particulier en matière de prise des décisions, de trouver la moindre offensive libérale.

Le texte du mini-traité :
http://20minutes.s3.amazonaws.com/Traite-simplifie.pdf

Le seul risque qu'il y a c'est que, les décisions étant facilitées et avec la fin des décisions unanimes (c'est a dire en quelque sorte un droit de veto des membres), des décisions puissent être prisent contre l'avis de certains des états. Les états plus à gauche risque de trouver certaines décisions trop à droites (les craintes francaises), les états plus à droite de trouver certaines décisions trop à gauche (les craintes hollandaises).

N'est ce pas déjà ce qui se passe dans chacun des états membre entre ses différentes composantes, provinces, régions, départements, landers, ...

Et si l'on est pas prêts à jouer le jeu de la collégialité veut on vraiment de l'Europe et méditons là dessus avant de dire qu'on en veut pas, le repli sur soi est un signe d'égoisme ... pas d'altruisme.

Chacun de nous dans notre pays faisons confiance aux institutions, nous militons pour nos idées, nous acceptons la sanction des urnes. Avons nous peur de militer à une plus grande échelle quitte à devoir relever le défi de se faire entendre. Pensons à Ecolo confortablement assis sur 12% de l'électorat wallon qui allons devoir reconquérir un électorat plus large en partant de zéro au niveau européen. Et alors ? Sait on ce qu'on veut ? Veut on un seul grand pays doté d'une constitution commune ou d'un ensemble d'état ensemble pour faire du business mais indépendants pour le reste.

On ne pourra faire une grande Europe avec un mini-traité. Je l'ai lu, comme vous, il est en tous points compatible avec la formule de libre-échange anglo-américaine. Il n'y a rien dedans de la spécificité européenne qui consacrerait au social une place étrangement ignorée. Ce mini-traité est à notre image : il manque d'audace. Il nous laisse supposer qu'à la remorque des USA, notre avenir ne sera qu'un dégoûtant empirisme vis-à-vis du capital.

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