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Œcuménisme syndical au MOC

-Monsieur Dhen Dhûr, vous avez été l’invité libéral du MOC pendant deux jours, qu’est-ce que vous en retirez, en votre qualité de chef d’entreprise qualifié de patron à poigne ?
-Une note très optimiste.
-Vous avez des exemples ?
-Lorsque vous parlez d’action collective et que pour vous c’est de créer des espaces où les gens peuvent se rencontrer, je vous signale que voilà vingt ans que plus de 1.500 membres des usines Dhen Dûr se rassemblent tous les matins à huit heures et qu’ils sont ensemble jusqu’à 18 heures.
-Oui, mais dans quel espace !
-Comment quel espace ? Le grand hall des profilés fait 140 mètres de long. La tour de refroidissement est haute de 45 mètres ! Sans compter les 14 bureaux de 12 m² chacun et le mien de 190 m².
-N’avez-vous pas interdit aux travailleurs de parler sur les lieux de travail, donc de communiquer entre eux ?
-Il y a des endroits où il est impossible de parler, les broyeurs et les marteaux pilons couvrent, hélas ! les voix et dans les autres endroits, plus calmes, par souci d’équité le Conseil d’entreprise a estimé qu’il ne pouvait pas y avoir des privilèges entre travailleurs et a réclamé le silence.
-C’est vous qui avez muselé l’opinion dans votre entreprise.
-Pas du tout. Chacun est libre de s’y exprimer par gestes. Sauf, les gestes obscènes, il va de soi.
-Le MOC a 100 ans. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
-La même chose qu’à notre président bien aimé Reynders qui a de bonnes pensées pour les petits vieux du royaume…
-Oui, mais qui diminue les impôts des riches !
-C’est une question de division des tâches. Les bonnes pensées d’un coté et les diminutions fiscales de l’autre.
-Pourquoi ne pas faire l’inverse ?
-Les sommes que vous diminueriez chez les vieux sont tellement infimes que ce serait de la démagogie.
- Si"vivre avec 650 € est intenable", aider les personnes qui doivent vivre avec 650 € "est tout aussi intenable. Comment rester touché et détaché ?
-Nous faisons beaucoup au mouvement libéral. Nous avons la pudeur de ne pas publier dans les toutes boîtes nos gestes généreux. Mais, croyez-moi, nous en avons. Pas plus tard qu’au début de l’année, nous avions un petit jeune dans le besoin à Charleroi, dont par modestie nous tairons le nom. Qu’avons-nous fait ? Nous lui avons trouvé une place chez Leterme. Je sais, vous me direz, c’est un emploi précaire. Ne vaut-il pas mieux un emploi précaire que pas d’emploi ?

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-C’est un cas individuel. Mais du point de vue collectif, que faites-vous ?
-Nous avons toute une équipe de management qui s’occupe de cela. Nous offrons à qui le mérite, Monsieur Georis, l’occasion de servir notre société anonyme et nous leur assurons le pain quotidien !
-Et qui ne le mérite pas ?
-Nous sommes tous méritants au MR.
-"pathologiser l'individu" , évacuer les dimensions structurelles, requérir des moyens qui ne suivent pas, On perçoit toutefois l'émergence d'un "souci renouvelé du social", par l'action collective.
-Ne vous lancez pas dans des mots qui n’existent nulle part, Monsieur Georis. On pourrait croire que « pathologiser » vient de pathos, plutôt que de pathologie…
-Vous n’avez pas répondu à ma question !
-Vous ne m’en avez pas posé non plus.
-Dans tous les cas de figure, les travailleurs sociaux doivent constituer des équipes. Là-dessus vous êtes bien d’accord ?
-Vous en avez de bonnes, vous. Voilà 5 ans que votre syndicat refuse les équipes dans mon entreprise !
- Vous savez bien que la voie libérale est un leurre, Monsieur Dhen Dhûr.
-Vous en avez une autre, Monsieur Georis ? C’est tout de même de celle-là que vous vivez et pas avec 650 € par mois…
-Nous n’aurions pas dû vous inviter. Nous savions que votre mauvaise foi allait faire merveille. Il n’empêche comment expliquer le déficit démocratique ambiant, l’insuffisance de participation et une réponse insatisfaisante aux difficultés ?
-Comment voulez-vous enthousiasmer vos membres avec le programme que vous avez ?
-Vous en avez un meilleur ?
-Nous n’en avons pas. Et le MR s’en trouve bien. Monsieur Reynders s’en flatte. Il n’a pas d’idée, donc il n’y aura pas d’aventure au sein de notre parti. J’observais la tombola que vous avez organisée pour les fils de planteurs de riz de la Corée du Nord. Aucun sens du marketing. Vous aviez comme gros lot une paire de fixe-chaussettes ! Si vous aviez eu l’intelligence de les présenter comme étant celle que portait le cardinal Danneels au sacre de Benoît XVI, la tombola partait en flèche… Enfin, que ce soit Joëlle Milquet qui l’ait gagné, les MOC ont tout de suite pensé que la tombola était arrangée. Il ne restera plus qu’aux journalistes d’observer quel est le ministre qui les portera pour les embarquer dans les suppositions et les commentaires…

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