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Moureaux le Juste ?

La récente interview de Moureaux au journal Le Soir pose le problème des désignations dans les partis des personnels politiques au niveau de l’Etat.
Nous aurions bien aimé voir Monsieur Moureaux prendre position sur les principes de la représentation du peuple, plutôt que poser des banderilles sur un personnage de son parti.
Il faudra sans doute patienter jusqu’à sa mise à la retraite définitive, pour qu’il se déboutonne complètement.
C’est dommage.
L’élection terminée, l’électeur n’est plus au courant de rien. Il a déterminé le pourcentage d’influence des partis par son vote et c’est tout.
Comme tous les gouvernements sont de compromis en Belgique, il perd déjà sa faculté de suite dans les programmes sur lesquels il a élu ses candidats ; puisque dans la formation des gouvernements, s’entrechoquent les points de vue, rarement complémentaires et presque toujours contradictoires. Comment l’électeur va-t-il savoir quelle part sera réservée à ce qu’il pense ? Et surtout, avec quelle conviction le personnel désigné défendra-t-il le programme pour lequel il a été élu ? Sera-ce au prorata de son pourcentage dans la coalition, du bon sens, de la nécessité qui fait loi, de son habileté manoeuvrière ?
Mystère. La cuisine intérieure n’est pas du domaine public. Le citoyen est exclu du débat. Il n’en sera informé que plus tard, par des indiscrétions journalistiques ou par des communiqués officiels, toujours sommaires et neutres.
« Celui qui parle au nom des autres est toujours un imposteur », écrit Cioran.
La seule perception qu’il aura des débats et des décisions sera celle qu’il ressentira de son niveau de vie et de ses débours vis-à-vis de l’impôt, quand il sera trop tard et quand l’Etat, monstre froid et sans état d’âme, se paiera sur la bête !
C’est ainsi qu’il apprendra, quand il sera dans l’incapacité d’intervenir, la façon dont on aura interprété son vote.
C’est fort peu de chose. Et en vérité, cela le conforte dans le sentiment qu’il n’est qu’une quantité négligeable dans un système qui n’a besoin de lui que pour le symbole.
Pire, s’il va plus loin dans l’analyse, force sera de constater qu’il a donné naissance au premier terroriste : l’Etat, cette organisation qui broie autant de vies qu’elle n’en sauve…
Enfin, un très petit comité, sinon un homme seul, souvent le président du parti va désigner en-dehors de tout critère, les gestionnaires des affaires publiques.
On voit à quel éloignement se situe l’électeur !
Comment le président du parti va-t-il s’y prendre ?
Il le fera aux noms de ses préférences personnelles, de ses amitiés, de l’influence des sections pour une dilution équitable des pouvoirs, il aura à cœur de défendre sa Région dans la mesure où il sait qu’il s’y représentera aux prochaines élections, peut-être sera-t-il impressionné par le cursus d’un non-parlementaire…

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C’est ainsi que « les fils de… » bénéficient souvent d’une préférence dans la mesure où les pères sont enracinés dans une Région et peuvent être des alliés précieux et influents pour le président.
Ces choix échappent aux membres du bureau, comme semble l’avoir expliqué Moureaux pour le parti socialiste, lorsqu’il pinaille sur la nomination du secrétaire d’Etat Frédéric Laloux.
L’arbitraire remet en cause les fondements mêmes de ce que nous souhaitons voir dans une démocratie. La nôtre, est loin d’en approcher par les exemples qu’elle donne d’une ploutocratie partitocratie. .
Monsieur Moureaux emploie le mot « casting » comme au théâtre, pour désigner le rôle de Di Rupo dans les nominations. Le président-impresario est bien un homme de spectacle – comme ils le sont tous.
La moindre de leurs « confidences » n’est-elle pas montée en tête d’épingle, commentée, et produite comme si tout était extraordinaire de leur part ? A force d’être admirés ne paraissent-ils pas d’emblée plus intelligent ?
Ne sommes-nous pas coupables d’aduler ceux qui nous représentent si mal ? N’avons-nous pas perdu de vue qu’en période de disette, ces gens que nous payons de notre travail, le sont bien mieux de ce que nous le serons jamais, alors qu’ils prêchent l’austérité et la rigueur !
Ne payant jamais leurs erreurs, ne résolvant les situations qu’aux critères de la leur, nous avons le tort de les croire supérieurs.
Leurs avoirs ne sont faits que de ce que nous leur concédons des biens publics. Nous ferions bien de commencer par leur octroyer des salaires proportionnels aux résultats ; et avant tout, une immersion d’au moins un an dans un salaire entre 1000 et 1500 euros, ce qui n’est pas encore l’extrême pauvreté.
Si on les réduit à cela, ils voleront davantage l’Etat, diront des esprits chagrins. C’est le risque. Au moins auraient-ils mauvaise conscience. Nous saurions où sont les altruistes et les autres.

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