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Di Rupo et le mal de Naples.

Quel sens faut-il accorder aujourd’hui aux valeurs qui ont fait la gauche ?
Voyons d’abord la politique électoraliste de Di Rupo.
On ne peut pas reprocher au Président du PS d’orienter sa politique au centre en suivant l’opinion, afin de conserver une partie de son électorat qui a évolué et d’en convertir une autre, du moment que ce parti a la prétention de codiriger un pays à vocation libérale. Mais en même temps, on peut constater les dégâts dans la mesure où la gauche a toujours eu l’ambition d’accorder la priorité, avant toute autre politique, à la justice sociale, et que cette priorité est inconciliable avec l’ordre libéral qui se radicalise.
L’opinion est à peu près regroupée dans trois zones d’influence identique. Outre la gauche et la droite, le troisième tiers est fluctuant, sans opinion et fortement influençable selon les circonstances.
Devant l’inéluctabilité de la prépondérance de l’économique sur le politique, la gauche participationniste part perdante dans son duel avec la droite. Elle n’a pas su faire valoir ses valeurs, parce qu’elle montre un visage qui ne s’accorde plus à celui de ses électeurs de base. Plus la gauche plaira aux indécis, moins elle plaira aux autres. Ce qu’elle gagnera au centre sera perdu à gauche.
Tandis que la droite libérale joue sur du velours en faisant la même politique que ses rivaux socialistes, ce qui n’inquiète nullement son aile conservatrice. Tous croient en effet que l’économie poursuivra sa route que rien ne perturbera et surtout pas le parti socialiste embarqué dans la même atmosphère délétère.
C’est là qu’ils se trompent.
Certes, les derniers pays communistes se sont accommodés du système économique capitaliste ; même les dictatures qui ne sont ni de droite, ni de gauche, ont opté pour l’orthodoxie des marchés.
Mais l’évolution rapide du système capitaliste vers sa radicalisation, c’est-à-dire son égoïsme extrême, pourrait susciter de graves remous, voire des guerres qui seraient de nature à bouleverser l’opinion. Cette opinion pourrait d’indifférente passer à des réflexions qui la réconcilieraient avec des thèses que les socialistes dans leur quête du centre ont abandonnées depuis trop longtemps pour qu’ils puissent reprendre l’initiative.
Le programme de la gauche a été au temps passé de chercher des équilibres entre le progrès économique et le progrès social. Tant que la prospérité des entreprises permettait le progrès social, la gauche s’en attribuait le mérite. Un doute sérieux donne à croire que cette politique deviendra impossible dans un proche avenir.
La globalisation change la donne. Les prouesses industrielles et techniques qu’elle réalise encore, tuent dans l’œuf toute nouvelle espérance de progrès social. Le capitalisme essentiellement financier menace le devenir des travailleurs et s’apprête à détruire les liens que le socialisme de participation avait noués entre le travail et le capital.
Ce qui est en train de se produire échappe au plus grand nombre grâce au voile de fumée des médias.
Mais, jusqu’à quand ?
La majorité des gens percevra bien un jour clairement que le clivage social n’est plus entre une gauche et une droite associées, mais entre les gens qui auront réussi à tirer leur épingle du jeu social : politiciens, hauts fonctionnaires, rentiers et ce qui restera de la classe moyenne, tandis que les autres auront échoué parce que précarisés et dorénavant rémunérés comme en Chine ou en Amérique du Sud.
Alors, si la démocratie a toujours un sens, la gauche se reprendra de toute façon autrement que sous la forme actuelle d’un PS compromis.
La situation à Naples est un premier test. Les ordures ménagères s’entassent dans les rues et aucune solution de ramassage et de destruction n’a encore été trouvée, pour une agglomération de 4 millions de personnes.
Les pouvoirs se rejettent la faute, la maffia entre les acteurs officiels de ce drame urbain poursuit son délestage des produits toxiques et dangereux qu’elle transporte dans les campagnes environnantes moyennant profit, l’émeute gagne les quartiers les plus paisibles, chaque soir des habitants allument des incendies. Dans les montagnes de déchets, la peste et le choléra menacent de refaire surface, comme il y a deux siècles.

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Sylvio Berlusconi, tout matamore homme de droite qu’il est, doit trouver une solution.
La désintégration du collectif est ici exposée avec toutes ses conséquences. La communauté napolitaine est au bord de l’explosion.
Qui ne voit dans cet exemple les conséquences de la démission des pouvoirs publics au seul profit d’une pègre que le capitalisme actuel engendre et qui ira en se multipliant à l’avenir ?
Les voyous qui surveillent la Bourse ou dirigent les multinationales depuis leur hôtel à Dubaï ou ailleurs, les dirigeants politiques qui s’en mettent plein les poches en attendant le déluge et tous les subalternes, petits personnages véreux ou égoïstes qui surnagent sur les cageots à la dérive de cette démocratie bidon, n’est-ce pas déjà la pègre et pas que napolitaine, qui gagne toute l’Europe, dans un esprit de compétition à faire rougir nos meilleurs athlètes ?

Commentaires

Effectivement, il faut trouver une solutions avant que les déchets de la ville s'accumulent.

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