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Le Munster baisse ses prix !

Un article d'un certain Munster du journal Le Soir selon lequel la vie était plus chère avant m'a fait bondir. Et je me suis mis à écrire ce qui suit :
« La vie était plus chère avant ! C’est l’économiste (encore un !) Philippe Defeyt qui le dit…
Comment le prouve-t-il ? Il prend comme référence le salaire moyen à trois époques différentes, 1983, 1988 et 2008. Là-dessus, il calcule le temps qu’il faut travailler pour acquérir treize produits de grande consommation.
On est comme ça à l’Institut du développement durable, primesautiers et drôles, histoire d’égayer les gens tristes que nous sommes devenus…
Je ne sais pas qui paie Defeyt pour ses mirobolants constats… »
J’allais continuer cet article sur la lancée de mon indignation, sachant l’arbitraire des trois dates, les deux premières avec un écart de 5 ans et de 10 par rapport à la troisième, et pourquoi le départ à 1983 ? Un rapport avec Orwell (1984) ?
Je me disposais à poser la question du salaire moyen, la façon dont on le calcule et enfin, pinailler sur tout, un salaire constant, sans chômage, aucune maladie sur la période calculée, bref un salaire de stakhanoviste en bonne santé…
Quand soudain un doute supérieur m’envahit.
Et si c’était encore un des petits marioles du Soir, tout bonnement en train de tronquer l’étude de Defeyt, afin d’en extraire un bon jus libéral et roboratif ?
Aussi me suis-je penché sur la question et voici ce qu’en dit l’Institut, texte que vous ne trouverez pas dans les pages du Soir, bien entendu.
« Dans un contexte de craintes croissantes quant au pouvoir d’achat, la dernière étude de l’Institut pour un Développement Durable s’intéresse plus particulièrement à l’évolution du pouvoir d’achat des petits revenus.
« La principale conclusion est sans appel : depuis 2004, date de la mise en place du nouvel indice des prix à la consommation, les petits revenus ont perdu jusqu’à 400 € de pouvoir d’achat sur une base annuelle.
« Les pertes de pouvoir d’achat observées depuis 2004 pour les ménages en bas de l’échelle des revenus s’ajoutent à de probables pertes enregistrées entre 2000 et 2004 à la suite d’augmentations de prix qu’ils subissent de manière plus sensible (par ex : + 60,4% pour les pommes de terre, + 10,7 % pour le lait, etc.). Ces pertes de pouvoir d’achat s’ajoutent à de probables pertes de pouvoir d’achat antérieures (prix énergétiques et loyers), en attendant celles qui se préparent si on en croît les hausses de prix annoncées (qui toucheront, pour beaucoup d’entre elles, proportionnellement plus les ménages à petits revenus).
« De plus, les ménages précaires à faibles revenus qui sont locataires ont subi des hausses de loyers plus fortes que celles reflétées par les indices officiels et d’autant plus probables que ces ménages déménagent souvent.
« Pour des ménages précaires c’est ce qui restait peut-être comme (petite) marge de manoeuvre qui a totalement disparu.
« Une société aussi riche que la nôtre peut-elle continuer à laisser faire en laissant les ménages déjà précaires s’enfoncer davantage dans la précarité socioéconomique ? Les résultats qui précèdent plaident pour la mise en route effective (prévue en 2008) de la liaison des allocations au bien-être (ce qui permettrait probablement de compenser, au moins en partie, les pertes de pouvoir d’achat à venir) et pour une augmentation du net des petits revenus salariaux. »
(Fin de citation)

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Sur le temps que Munster amusait le tapis des lecteurs du Soir sur le prix du Cabillaud, l’Institut du développement durable rappelait la dure réalité des temps de la majorité des Belges !
Pour payer son Munster, la direction du Soir débourse-t-elle moins en 2008 qu’en 1983 ? Peut-être la trompe-t-on sur la qualité du produit ?
C’est encore un paramètres dont on doit tenir compte : la qualité du produit journalistique ! A-t-elle évolué en 25 ans ? Munster père était-il meilleur à la consommation que Munster fils ?
Là aussi, il y a matière à discussion.
Les libéraux le trouveront plus moelleux qu’il y a un quart de siècle. Quant aux socialistes, il se peut qu’ils le trouvent plutôt crayeux et sans saveur.

Commentaires

Pour comprendre un phénomène on a généralement l'habitude de suivre une démarche scientifique, on savait déjà que la croissance n'avait pas cessé d'être positive ces 25 dernieres années (à l'exception de 1993 ou elle avait été très légèrement négative), voilà qu'une nouvelle preuve arrive, c'est incontestable, le pouvoir d'achat MOYEN a augmenté. Faut il le dire, d'autres indices ne nous permettaient pas d'en douter, on a tous internet, on a tous un écran plat, on a tous un GSM, les belges ont voyagé 4% de plus entre l'hiver 2006-2007 et l'hiver 2007-2008 et les voyagistes s'attendent à une augmentation de 10% pour l'été qui vient. C'est une évidence, le belge MOYEN, vit nettement mieux et si les prix augmentent ils faut savoir faire abstraction et calculer en argent constant, le premier économiste vous le dira, c'est la seule méthode valable.

Le hic c'est que si la moyenne augmente, l'écart type aussi, en d'autres mots, l'écart entre riches et pauvres augmente et si les riches profitent largement de la croissance, les pauvres eux n'en profitent pas, que du contraire. Les classes moyennes, elles, le gros du peloton tout de même, stagnent et quand on stagne, on a l'impression de reculer mais c'est faux.

Quand vous écrivez : "... rappelait la dure réalité des temps de la majorité des Belges", relativisons et précisons que çette réalité n'est que celle d'une minorité des belges, les pauvres et que si les classes moyennes se plaignent c'est parce que la nature de l'homme est ainsi faites qu'il n'est jamais satisfait et qu'il a toujours l'impression de ne pas en avoir assez.

Reste que la politique menée ces 20 dernières années n'a pas bénéficier aux pauvres, que ceux ci ont été les dindons de la farce alors que le PS a été aux affaires sans discontinuer durant cette période, je trouve cela plutôt inquiétant.

Le gros du peloton des classes moyennes, dites-vous, et les pauvres qui ne cessent d'augmenter, à y regarder de près, ce n'est pas loin d'une majorité de citoyens. La dichotomie qui s'installe, n'est rien d'autre que les signes d'une faillite qui s'annonce. Le sujet principal de cet article était en réalité le caractère volontairement fragmentaire de l'article du Soir.Et la matière peu délicate d'argumenter à des fins de propagande.

Qui est riche qui est pauvre ?
Prenons un peu de recul. Si nous avons le temps de discourir, soyons objectifs, par rapport à ceux qui meurent vrainent de faim, nous, surtour notre "classe moyenne", nous sommes très riches, et probalement du côté des exploiteurs.
Alors pourquoi ne pas accepter d'avoir moins en veillant à être (plus?) ou mieux ?

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