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Une catastrophe programmée.

Dexia et Fortis deux banques belges moyennes (si on les compare aux géantes américaines) ont quelques soucis à se faire et nous avec elles.
Le problème est le suivant : que vous soyez en déficit dans votre budget ménage à cause du salaire qui ne suit pas, l’inflation et l’augmentation des impôts indirects avec le coût des carburants, Dexia et Fortis comme les autres banques belges s’en fichent éperdument. Des huissiers vous saisissent et vous finissez dans la rue si vous êtes en compte avec l’une ou l’autre banque. Par contre, si le clash est à l’échelle bancaire, les banquiers ne finiront pas sur le trottoir. Ces entreprises seront rachetées par plus gros. Dans ce cas, il y aura des restructurations, les petits actionnaires seront refaits et parfois les Administrations communales, dans le cas de Dexia – ancien Crédit communal – perdront des dividendes, voire leur portefeuille, enfin des employés se trouveront sur le carreau, et nous serons tous, indirectement, appauvris, tandis que le PDG fichera le camp avec des indemnités à faire baver un roi du pétrole.
Le devenir bancaire concerne chacun d’entre nous, en tant qu’artisan, consommateur, petit industriel, voire détenteur d’une bête carte de crédit.
La crise des subprime, la crise tout court n’est pas terminée. Elle est en pleine accélération. Son baromètre actuel est le prix du brut, face à un dollar faible. Les banques européennes ne sont pas à l’abri de la situation américaine. Mieux, elles vont se trouver en première ligne et certaines le sont déjà.
Or, aucune entreprise bancaire en Europe, hors HSBG, ne représente une capitalisation boursière supérieure à 80/90 milliards d’euros. C’est-à-dire qu’elles sont à la merci des grands groupes américains qui peuvent très bien par des rachats, faire payer à l’Europe sa quote-part dans la crise qui n’était au départ que le produit d’un emballement typiquement américain. (1)
C’est alors que nos ennuis commencent.
Les critères de définition de la nationalité sont – depuis la tournure mondiale des marchés – de plus en plus difficile à déterminer.
Si nous prenons comme critère le seul volume d’affaires, toutes les entreprises européennes seront chinoises dans vingt ans.
Le fait que Mittal produise son acier en-dehors de l’Inde, ne signifie pas que cette entreprise n’a pas ses racines et ses intérêts en Inde.
Les chiffres actuels de la capitalisation montrent clairement une accélération de la mondialisation.

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En cas de crise majeure, il est certain que les groupes mondiaux se replieront dans les pays d’où le Conseil dirigeant est issu, par réflexe et par le besoin d’une sécurité qu’ils n’auraient pas ailleurs.
Cela signifie une chose : l’Europe et particulièrement la Belgique sont en train de s’appauvrir, c’est-à-dire à rattraper par nos bas salaires, les hauts salaires chinois qui sont à environ 15 à 20 % en-dessous. Quand la jonction sera faite, si la descente n’est pas freinée, nous pourrions d’ici un ou deux lustres produire des chemises à 5 euros… pour le marché chinois, avec toutes les conséquences que cela suppose !
Le secteur bancaire n’est pas le seul concerné. Ce qui est représenté comme une simple adaptation à la modernité économique est le résultat d’un ralentissement généralisé des profits. Ce qui est proprement inacceptable pour les décideurs. De telle façon que nos industries et nos banques risquent de se faire siphonner par plus fort qu’elles, avec évidemment toutes les conséquences possibles que l’on imagine, des départs vers l’étranger des sièges sociaux..
Evidemment nos dirigeants politiques tiennent le même langage que les dirigeants de Dexia et Fortis. N’attendez pas d’eux autre chose que le couplet de « Tout va très bien, madame la Marquise… ».
C’est un langage dangereux et pourtant recommandé pour le moral des ménages. Dangereux parce que les mesures à prendre afin de se prémunir à la fois contre la mondialisation et le goût des Américains de faire payer les pots cassés de leur imprévoyance par les autres, pourraient encore être prises par l’ensemble des pays européens, s’ils n’étaient tous en train de suivre le chemin de la politique anglaise de la vente quasi générale des entreprises aux plus offrants étrangers, dans l’espoir, qui vient de se révéler faux, que l’industrie et les banques resteront en Grande-Bretagne et que le potentiel industriel de celle-ci sera sauvé !
Au contraire de tous les libéraux qui sont pour l’ouverture et la mondialisation à outrance, il faudrait renationaliser, donc communautariser par des lois, les entreprises et les banques qui sont sur la sellette. Pour cela, il faudrait admettre la participation de la collectivité à ces sauvetages, ce en quoi des gens comme Reynders sont farouchement opposés.
Les gens qui voient disparaître les quelques avantages obtenus dans les années 80/90, ne sont pas dupes. Ils sentent bien que le libéralisme actuel les pousse vers des abîmes. Il sera difficile de mettre encore longtemps sur le seul compte du renchérissement des matières premières, les erreurs et les manquements de nos capitalistes locaux.
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1. Sans ignorer que de petites banques et des organismes d’assurance américains ont été rachetés juste avant la crise par des banques belges !

Commentaires

Tous ceux qui s'opposaient peu ou prou au libéralisme forcené étaient considérés comme des rétrogrades ou des imbéciles.
Ce qui se passe à l'heure actuelle cela s'appelle retour de "boom"erang, non?

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