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Une grève sous le soleil.

Belle ambiance ce lundi 9 juin à Liège. Des milliers de manifestants ont défilé déçus des bienfaits qu’ils attendaient du capitalisme et qui n’arrivent pas.
Que réclament ces travailleurs ? Des salaires meilleurs et des diminutions de TVA, pardi ! On comprend l’effarement des gens quand, après avoir servi le système et croyant faire partie de ses enfants chéris, ils se trouvent trompés par la liberté d’entreprendre, d’exploiter et de réussir.
Ils se disent : le système est le meilleur, puisqu’il n’est contredit par personne – si l’on excepte des illuminés - mon député, mon délégué syndical, le PS sont d’accord avec mon patron, le gouvernement, la dynastie. Alors, pourquoi cette merde ? Qu’ai-je raté pour qu’il me pénalise ?
Et ils ne comprennent pas.
Ils ne savent pas que ce sont ceux qui sont aux meilleures places et qui sont les mieux nourris, donc les plus forts, qui gagnent toujours quand la roulette est truquée.
Ils ne savent pas qu’ils sont les fils d’une conjoncture qui de favorable devient franchement défavorable, à cause des spéculateurs, des prix vagabonds de la matière première et de la demande des peuples émergeants, mais aussi des grands appétits qui s’aiguisent à voir les travailleurs si doux et si raisonnables.
Une diminution de la TVA ne résoudra rien.
Il faut remonter à André Renard, le premier à s’élever contre cette taxe de la valeur ajoutée, pour comprendre le machiavélisme de l’Europe et des pays affiliés. La TVA est une escroquerie et un déni pour les crève-la-faim - les premiers taxés - qui ristournent le plus d’argent à l’Etat sur ce qu’ils gagnent, en proportion de leur paie. Un véritable bas de laine pour Reynders.

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Il faut réclamer la suppression pure et simple de cette taxe et la remplacer par une taxe de la valeur ajoutée en proportion des revenus. Impossible, ridicule, s’emportera Didier les bas bleus. Voire. Un système qui ferait payer 20 cents un kilo de pommes de terre à un pensionné et deux euros à un riche, serait bien plus juste. Les finances du pauvre diable en seraient soulagées. Le riche sentirait à peine la différence.
Mais, que voulez-vous, les gens qui défilent ont d’autres soucis en tête. Ils ne manquent pas d’intelligence, au contraire, le fait de descendre dans la rue est une démarche utile. C’est un pas vers une prise de conscience. Le malheur vient de ce que les gens ne croient pas du tout qu’une autre façon de gérer la démocratie soit possible. Ils n’y croient pas parce que voilà cinquante ans qu’on leur dit le contraire, preuve à l’appui avec l’effondrement du système communiste. Ils n’y croient pas parce que la gauche participationniste est liée au capitalisme libéral et que leurs dirigeants ont intérêt à ne jamais en sortir, d’où leur salade de propagande.
C’est d’un cheminement personnel que viendra le changement.
A force de constater combien le système les ignore, les exploite et se fiche d’eux, ils réfléchiront.
La mondialisation fait la démonstration de la vilaine tournure que prennent les sociétés libérales.
De la perte du pouvoir d’achat, à celle de la liberté, il n’y a qu’un pas.
Quand un travailleur n’a plus assez de sous pour nourrir sa famille, que le premier à le rançonner est le modeste du coin de la rue qui a bricolé en black avec ses amis maçons une piaule et qui profite de la conjoncture pour rafler les derniers sous du locataire, il n’y a pas 36 solutions.
Il faut d’abord reconsidérer le capitalisme de proximité comme une infection qui a grandi depuis le pu central et se défier parmi les gens du peuple de ceux qui n’ont pas encore compris que se payer sur la bête à des limites et qu’elles sont franchies.
La solution qui consiste à mendier un saut d’index, n’empêche pas la pauvreté de s’installer. La solution radicale : celle de chasser les valets du capital et le capital lui-même en confisquant ses moyens de production, est la seule bonne.
Dans ce cas, c’est la guerre entre, non pas le bourgeois et le pauvre, mais entre la mentalité bourgeoise et la mentalité collective. Le capitalisme a la vie dure, parce qu’il est défendu par ceux qu’il exploite. Sans oublier les bourgeois – ces capitalistes douteux - qui gangrènent les rapports entre les gens simples.
Tout ça, c’est de la théorie, du flan pour les picadors du troupeau de gnous.
Mais, il y a une chose qui doit rester présente à l’esprit : on ne peut pas réduire à la misère cette génération et celle qui précède, alors qu’elles viennent des Trente glorieuses du capitalisme à son zénith, sans leur raconter des craques.
Les brusques flambées spéculatives des prix, la désinvolture des industriels apatrides sont des facteurs bien plus de désagrégations que BHV.
Jusqu’à présent, il n’était question que de pousser au cul un parti socialiste dolent et une nomenklatura syndicale poussive. Autre chose serait de chasser le joli monde des délices de Capoue.
Ça commence partout de la même manière, il fait beau, les chefs sont là. Puis, ils s’en vont et on se retrouve seul avec les autres et on se demande à quoi ça sert ? Alors, si on ne fait rien que défiler, demain le patron fera la gueule et le proprio sera derrière la porte à vous attendre. Et tout sera à recommencer. Mais si les maîtres attrapaient la chiasse à votre colère, vous verriez comme ils mangeraient dans vos mains !

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