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François à La Rochelle.

Voilà le PS français embarqué dans son université d’été de La Rochelle, pourquoi faire ?
Ségolène Royal ne fait que passer, elle est attendue ailleurs. Mais elle est toujours la vedette. Les autres enragent, mais ils ne peuvent rien contre la salle. On la comprend de partir au plus vite. Ce qui est drôle, c’est que tous les ténors sont d’accord pour élire au Congrès du 6 novembre un premier secrétaire rassembleur, avec un programme qui soit de gauche. Après on verra qui donnera la réplique pour gagner la prochaine présidentielle.
Pourtant, ils sont déjà à couteau tiré, avec ou sans bise de Ségolène à François.
A la fois moment de détente et mauvais oeil à la Rochelle, Lionel Jospin est venu apporter sa scoumoune de loser à la tribune. Il a confondu PSE (Parti socialiste européen) avec PSU, le parti d’origine de Rocard.
Guy Mollet doit savourer le moment dans sa tombe.
Dans « La Bohême » il ne faut qu’un ténor. Au PS, ce n’est pas pareil. Il y a même une diva qui postule.
En attendant, l’heure n’est pas à la désignation. Mais elle est subliminale dans tous les rapports et dans toutes les conversations. En principe, le colloque singulier d’été n’est pas là pour redistribuer les cartes, mais pour dégager une aptitude – si possible de combat – à suivre un plan collectif qui ait au moins de la couleur et du caractère.
Le drame socialiste français a beaucoup d’analogies avec le drame belge. Les deux partis veulent en réalité que tout change, dans le fol espoir que ce bouleversement n’aura pas lieu, parce qu’il nécessiterait une petite révolution de palais et que personne n’en a vraiment envie.
C’est surtout à force de croire que le système libéral se réformera tout seul que les socialistes partent perdant. Parce qu’il ne pourra se réformer que sous une pression extérieure, alors que les socialistes sont bel et bien dedans. On ne peut pas adhérer mieux qu’ils ne le font actuellement aux idées libérales. D’une certaine manière, si nous parlons de l’expérience belge, Elio Di Rupo paraît plus libéral que Didier Reynders !
C’est dire, où on en est !
François Hollande n’en est pas encore là. Et c’est tout comme. S’il n’était devenu prudent avec un pôle « de gauche » à vocation majoritaire pour adversaire. C’est quand même un comble pour un parti socialiste d’en être arrivé, non pas à des courants qui susciteraient plutôt des débats sur les priorités, mais un pôle, c’est-à-dire une majorité possible qui serait en désaccord profond avec une autre majorité possible !
En clair cela s’appelle un affrontement interne qui ressemble à deux parts à peu près égales de militants prêts à tout pour gagner le pouvoir.

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L’aile gauche et l’aile droite ont malgré tout un point commun, elles sont habitées par de vieilles idées. L’une veut retourner au socialisme, oui, mais lequel ? L’autre veut réformer un libéralisme qui date des 30 glorieuses, donc qui n’existe plus en l'état et qui prospère sous une autre forme, dite globale.
En réalité, ces deux ailes sont le résultat d’un courant conservateur, mais ayant des affluents d’origines différentes.
L’ambition des anti-Hollande est de retourner aux thèmes qui firent les choux gras de la gauche des années « glorieuses », c’est-à-dire l’Etat providence qui recourt à l’impôt nécessaire à la dépense publique – comme le fit déjà la 2me République avec la création d’Ateliers nationaux, il y a plus de 150 ans, afin d’y employer le peuple !
Comment rendre efficace une expérience si ancienne et qui a échoué à chacune de ses tentatives ?
Enfin l’autre aile, semble être le refuge des bobos, des pourvus, des bien installés dans le système... Elle s’appuie essentiellement sur son succès aux municipales où elle a gagné du terrain sur l’UMP. Elle compte gérer l’Etat comme elle gère les villes, sauf que ces dernières n’ont pas vocation à changer le système au plus haut et à déterminer la politique sociale.
Français ou belges, le système de solidarité et la politique éducative ne fonctionnent plus. Et c’est ce que la gauche française n’a pas encore entériné et pour cause, elle n’est pas au pouvoir. Le socialisme belge l’a fait. Il a serré la vis des chômeurs et des allocataires sociaux avec la complicité du parti libéral. Il n’a pas réussi non plus dans l’enseignement. Il a réduit à rien les beaux slogans de l’égalité des chances, en même temps que la précarité s’emparait de presque toutes les activités, plaçant les mandataires politiques et les fonctionnaires dans une position bien meilleure que le reste des travailleurs.
L’Université d’été à La Rochelle ?
Autant aller en Ecosse, chercher Nessie dans le Loch Ness !
J’ai trouvé la fin du papier du correspondant de l’Express parfait pour clore le mien :
« Au fil des années, cette université, dont c'est la quinzième édition, ressemble de moins en moins à une "université" où l'on potasse, et de plus en plus à une soirée cinéma. Il faut choisir entre plusieurs films. "C'est le festival de Cannes", raillait l'an dernier le député Gaétan Gorce. Un concours d'ego entre rivaux, par caméras interposées. »
« C'est en tout cas le dernier festival que préside François Hollande, bronzé et plus svelte qu'avant les vacances, qui termine son mandat en novembre. "Je ne fais pas ma tournée d'adieux", clame-t-il. Les acteurs ne meurent jamais. »

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