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Special Purpose Company

On a de la peine à imaginer les événements financiers qui ont conduit au crack (1) boursier tant les avis autorisés, enfin ceux qui sont accessibles au grand public, vont dans le sens d’un avatar fortuit qui ne devrait plus se reproduire dû à la trop grande confiance des sociétés de prêts dans la capacité de remboursement des emprunteurs.
On avance parfois des termes bancaires comme la titrisation, mais baste ! pour ce que le grand public en retient.
Quelques cocus du système se lamentent, personne ne les plaint vraiment, surtout pas les banques qui ont joué avec la crédulité des petits porteurs pour des placements hasardeux à leur insu.
C’est ce qu’ont pensé les téléspectateurs en visionnant les émissions de télé de ce midi consacrées à la crise.
Comme d’habitude, les interlocuteurs sur le plateau n’étaient pas à la hauteur.
Par contre, on se réveillera bien un jour cafardeux à la suite de la stagnation qui pointe et le nombre accru de chômeurs. Les monte-en-l’air de la finance se seront fait la malle et nous serons accueillis par des jeunes cadres, universitaires et propres sur eux, qui parleront de la fatalité.
Cette unanime façon de voir la crise est suffisamment suspecte pour ne pas croire à un angélisme général, mais à une sorte d’accord tacite afin de taire le pire.
La faute constatée, le remède de cheval, à savoir l’intervention de la Banque fédérale américaine pour le rachat des canards boiteux, passe pour une action héroïque dont l’effet se fait déjà sentir.
Il est curieux que personne n’ait relevé le caractère insolite de ce remède dans le cadre d’une stricte observation des règles de la liberté des opérations financières en système capitaliste. C’est même cette faculté qu’on magnifie en économie pour expliquer les phénomènes de dynamisme et de volonté d’entreprendre, moyennant quelques règles.
Il n’y a guère, les USA faisaient la leçon aux avionneurs d’Air Bus Industrie au sujet des aides directes et indirectes que les Etats contributeurs à cette entreprise continuaient de lui octroyer. C’est à l’aide d’arguments similaires que les USA, après avoir accrédité AIR Bus pour un marché important de l’Armée de l’Air, avaient fini par céder aux arguments de Boeing.
Si les règles du marché ne sont pas respectées, il va de soi que nous sortons du libéralisme conventionnel et que nous débouchons sur un inédit qui modifie la donne.
A partir du moment où les gains financiers, les salaires des grands décideurs et l’administration interne des banques et des organismes de gestion des capitaux quittent la stricte observation des procédures de ce qui est le moteur de la compétitivité pour être en cas de pertes importantes secourus des contribuables, nous ne sommes plus dans un système capitaliste classique, mais dans quelque chose de nouveau qui n’a rien de libéral.
Comme le système socialiste est évidemment autre chose, il est permis de se demander si cette nouveauté ne va pas produire une troisième voie, autoritaire, qui consisterait à mettre les contribuables d’un Etat au service des banques dans certaines grandes occasions.
Cette troisième voie est active dans certains Etats non-démocratiques. Elle l’est à présent « dans la plus prestigieuse démocratie au monde.

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Le flou dans lequel nous allons baigner jusqu’à plus ample clarification est suffisamment inquiétant pour revenir sur la philosophie de l’Europe économique qui consiste à dénationaliser des entreprises comme les chemins de fer, la poste et les fournisseurs de gaz et d’électricité.
En effet, on ne voit plus au nom de quel principe, et surtout pas celui de l’efficacité, cette politique devrait être poursuivie.
Indépendamment de la crise, on sait ce qu’il en est de la concurrence en Europe « dénationalisée ».
Déjà ce concept ne tient pas la route en temps normal, qu’est-ce qu’il signifie encore après le mauvais exemple des Etats-Unis ?
Il va falloir que tôt ou tard les politiques qui s’étaient lavé les mains des responsabilités économiques, expliquent pourquoi les USA dépensent des milliards de dollars pour sauver ceux qui ont failli et nos gouvernements ont-ils l’intention de procéder en Europe de la même manière, au cas où ?
Et avant d’applaudir à toute initiative, il serait peut-être intéressant de tirer les leçons d’un système qui, que nous le voulions ou non, ne concerne plus seulement les banques et leurs clients, mais tous les citoyens dont la contribution est essentielle.
Tous les Américains sont devenus actionnaires sans le savoir !
Je regrette, pour ma part, que les débats en Belgique et notamment à la RTBF et à RTL n’aient pas clarifié le sujet, mais, au contraire, ont réussi à l’embrouiller.
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1. J’avais jusqu’alors hésité d’écrire le mot, préférant celui de crash qui rendait mieux compte d’un choc frontal entre les banques et l’insolvabilité des prêteurs. C’est Attali qui a eu raison de mes scrupules en employant « crack » pour désigner la situation actuelle.

Commentaires

Hier, au débat-apéritif de la RTBF, nous avons pu voir Monsieur Miller, président de Dexia, portant beau et sortant de chez le coiffeur, toiser l'assemblée de péquenots de son regard bleu, hautain et aristocratique. J'avais vraiment pitié de Son Eminence lorsqu'il dut faire un réel effort pour s'abaisser au niveau de ses interlocuteurs et leur dire que tout cela n'était pas si grave, que tout allait bien chez eux, que chez Dexia,on avait affaire à des gens sérieux. Nonobstant le fait qu'une de ses employées ait révélé par e-mail à l'antenne qu'elle avait reçu pour instruction de sa hiérarchie de vendre de la merde à ses clients...Nul doute que la malheureuse fasse déjà l'objet d'un avis de recherche et qu'elle ait intérêt à faire gaffe à ses fesses...
Tous ces pontes et experts me font dégueuler. Oh, pardon, Monsieur le Président, j'ai du salir votre moquette!

Cher Richard,

J'ignore ce que cet escroc d'Attali a réellement écrit ou dit mais l'usage demande "krach" et non pas "crack". Les anglos-saxons utilisent "crash" qui traduit assez bien "krach".
Ceci dit, l'utilisation de "crack" n'est pas nécessairement déplacée dans son sens de "drogue"...
Wikipedia explique très bien l'origine de "krach" et de "crack"
Bonne(s) journée(s) de crise.

Evidemment vous avez raison, c'est krach qu'il faut écrire.
Peut-être étais-je en manque ?
Merci à vous pour votre vigilance.

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