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L’obsolescence s’accélère.

Comment se fait-il que dans les partis alternativement ou conjointement au pouvoir, une mixing-machine d’Etat dispense une couleur uniforme « politically correct » à propos d’un tas de dossiers, dont celui – assez surprenant - d’une justice sociale ?
En effet, il n’y a plus ni droite, ni gauche dans ce dossier obstinément fermé. De Reynders à Di Rupo, le monde politique semblerait le rouvrir. Au point que la droite Libérale a son premier mai aussi !
On pourrait donc croire que l’arrivée d’une meilleure justice sociale n’est qu’une affaire de temps. Or, depuis qu’il y a ce consensus fameux, on sent cette perspective s’éloigner ! Mieux, la crise expose davantage les victimes du drame économique à la précarité, alors que l’Etat vole sans contrepartie au secours des banques !
Puisque la misère augmente dans un état de richesse générale, il est certain qu’entre la volonté de tendre vers cet objectif et ce qui se passe réellement, existe un abîme qui se creuse.
Les partis politiques se sont installés dans l’effet d’annonce, comme une sorte de parade de foire où il y plus à voir dehors que dedans !
Ils confondent, avec une certaine adresse, le politiquement correct et la réalité du terrain. Ils ne s’aperçoivent pas de la différence entre leur réflexion et celle du public.
Cela ne se voit pas trop en Belgique où tous les rapports entre le système des partis et l’administration de l’Etat d’une part, et les citoyens d’autre part, sont indirects. Ainsi l’autorité légale n’a jamais à rendre des comptes de son administration que de manière lointaine et sous la forme d’élections.
Les responsabilités des ministres sont diluées par les changements fréquents dans les gouvernements. Certains ministères changent assez souvent de titulaires et il est très difficile d’imputer des erreurs de gestion aux sortants et aux entrants, tant entre les décisions prises et leurs applications, le va et vient embrouille tout à plaisir.
Dans un rapport plus direct, des têtes d’affiche tomberaient régulièrement au profit des seconds rangs. Il s’ensuivrait un renouvellement des personnels. Certaines familles n’élèveraient plus des jeunes gens à la reprise successorale des députations diverses.
Puisqu’il est devenu « moderne » d’avoir dans sa vie professionnelle plusieurs emplois, il conviendrait d’en faire autant dans l’engagement politique. Il est anormal d’accomplir une carrière dans des fauteuils de députés ou de ministres ; carrière qui n’est mixte que parce que le fiston est entré sur recommandation d’attente bureaucratique dans l’Administration.
Les habitués de la représentation politique le savent bien, il est plus facile d’être politiquement correct que d’entreprendre.
La volonté floue de faire s’attarde dans la malléabilité sémantique et s’y perd. La phrase n’est faite que de mots. Les mots devraient être convertis en action. Hélas ! le produit du brillant lexique contribue au succès des gloses sans avoir à prouver quoi que ce soit.
Si l’uniformité au sommet est la règle, c’est que le pouvoir fait référence à une manière de penser et à un style de vie qui est essentiellement le produit de l’université. On ne peut diriger un pays avec 50 % de responsables issus des mêmes écoles dont le métier d’avocat est la profession émergente, sans courir le risque d’une autorité uniformément autarcique.

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La pensée officielle a ainsi sur les grands sujets une identité de vue qui ne correspond pas à la sensibilité de la nation.
La règle est donc celle du barreau. Elle est d’éviter que les différents groupes sociaux puissent être offensés ou amoindris par des propos de nature à induire chez les personnes concernées une vision dévalorisante d’elle-même. Bien entendu, comme dans toute partie civile, quand une source contraire est bien établie, au nom de la Nation, on réclame la peine de mort. Mort à l’insécurité, lutte sans merci pour rendre la ville à ses habitants, le terrorisme vilipendé, etc.
Ainsi, on aura l’art d’exposer la volonté de faire sans mettre en cause les bourgeoisies locales, en désignant l’ennemi ailleurs, en prenant soin d’éviter de prendre parti sur les rapports tendus entre le capital et le travail, les rapports de l’argent sale avec la haute finance, et en général tout ce qui toucherait davantage le citoyen dans sa quotidienneté, si on prenait la peine d’aller y voir.
La rectitude politique n’est que l’amalgame d’une série d’idées clés en fonction des circonstances, dont le but est de durer dans le pouvoir.
Nous sommes arrivés à la limite d’un système. Nous en avons démonté les rouages. Est-il transformable, peut-on le réparer, doit-on le casser ?
Les années qui vont venir seront cruciales et déterminantes.

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