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Royauté bananière.

Les télés qui poussaient à nous faire veiller pour être dans la nuit aux premières loges de l’élection présidentielle américaine se sont fourré le doigt dans l’œil.
C’est un flop général.
A force de prendre le téléspectateur pour un con, nos éblouissants ont fait un bide.
Non seulement on s’en fout, mais en plus, le vent de lassitude commence à être perceptible même chez les inconditionnels du pays de la liberté suprême du marché.
Les prévisionnistes sont accablés, alors que le bon sens aurait dû éveiller leur attention.
Un événement prévisible, comme l’élection américaine qui a lieu tous les quatre ans, c’est comme les Floralies Gantoises tous les 5 ans, on s’y attend. Il a lieu, bon, c’est toujours entre les Démocrates et les Républicains, en plus c’est de l’autre côté de l’Atlantique !
Pourtant les médias espéraient beaucoup cette fois-ci. Vous pensez, un métis !
La population qui côtoie depuis cinquante ans des gens de toutes les couleurs, dont les mariages mixtes ne se comptent plus, pourrait s’étonner de l’étonnement des médias. Les médias doivent-ils digérer leur ancien et tenace racisme pour s’émerveiller ?
Ce que la population considère comme allant de soi, est-ce si difficile à assimiler dans les hautes sphères ?
On se demande.
Qu’est-ce que l’arrivée au pouvoir d’Obama plutôt que MacCain va changer pour nous, Européens ?
Et même pour les Américains ?
La crise n’est-elle pas là pour tout le monde et les solutions préconisées par l’un ou par l’autre pour la résoudre ne sont-elles pas presque identiques ? C’est entendu, on a là un président exceptionnel ! D’abord, qu’en sait-on ?
Bref, les gens sont allés dormir après avoir éteint la téloche à la fin du match de foot ou le feuilleton du mardi soir.
Je ne dis pas qu’à force d’être aiguillonnés par l’enthousiasme de nos chaînes TV, nous ne nous soyons pas déterminés pour Obama. Nous avons salué en lui « l’homme qui a réussi » et même poussé un petit cri de plaisir en faveur des gens de couleur trop souvent méprisés, mais, à part ça, les soucis quotidiens, le chômage, la crise, la misère qui monte, ont vite repris l’essentiel des inquiétudes et des interrogations.

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Une chose certaine, Obama a su y faire pour sa petite propagande. On ne sait pas s’il sera un bon président, mais ce qui est sûr, c’est un bon commercial. C’est toujours ça…
A peine avons-nous souri devant les chiffres de l’audiométrie et le désarroi d’un TF1 qui continue sa lente descente dans les sondages, malgré les élections, malgré Laurence Ferrari, la pauvre, surnommée Fiat 500, alors que la direction a fichu à la porte Poivre d’Arvor au bon moment pour lui, puisque le verglas avait déjà pris sur la pente. Enfin nous avons ri carrément au nouveau surnom de la même Laurence par le Canard Enchaîné : PPDA (Petite part d’audience).
Par contre, si on veut bien lâcher un moment la situation alarmante en Europe des suites de la crise boursière, transformée en récession grave, pour voir ce qui va se passer après les élections aux USA, force est d’imaginer la déception de la politique d’Obama que la population pauvre et principalement noire aura nécessairement dès le 20 janvier 2009 passé et ce pour bien longtemps. Ce type n’est pas un sorcier, il ne va pas changer grand chose. Malgré sa couleur de peau, il est issu de la grande bourgeoisie. On a vu comment tournent court certains engouements. La déception des Français trois mois à peine après l’élection de Sarkozy, est encore présente aux esprits.
Enfin, ne troublons pas trop les jours de fête. Ils vont devenir une denrée rare.
Restons lucides et sur nos gardes.
L’élection est une bulle d’oxygène dont profite nos grands chefs qui élucubrent dans l’armistice inattendu leur nouvelle tactique afin de nous manger tous crûs ; car, enfin, va-t-on poursuivre les dons d’argent aux banques prélevés sur nos salaires futurs sans contrepartie ? Et la Belgique fédérée, on en est où ? L’explosion de la haine raciale flamingante sur un terrain de football à Tubize est venue à propos nous remettre les pieds sur terre.
A choisir entre la guerre sainte des Flamands pour la défense de l’idée qu’ils se font de l’inviolabilité de leur territoire ou l’affrontement des classes sociales dans la guerre économique qui se prépare, les Autorités avec la complicité des partis et de la FEB préfèrent cent fois les échauffourées linguistiques.
Enfin, qu’est-ce qu’un Etat, si mal barré, fait avec la multitude de gouvernements divers, les autorités dispersées, les nombreuses casquettes, comme si nos politiques étaient la réplique parfaite de l’armée mexicaine du temps d’Emiliano Zapata !
Quel est l’Homme d’Etat qui va enfin se pencher sur les coûts astronomiques de cette royauté bananière ?
Voilà ce que les gens pensent de « l’événement » médiatique.
Désolé, mais vous ne réussirez pas à nous détourner des vrais sujets d’actualité.

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