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Travailler « idiot » ?

Voilà longtemps qu’on le dit. Les statistiques le prouvent : l’homme occidental dans son désir d’arriver « à quelque chose » est devenu un bourreau de travail.
Qu’importe qu’il y ait des chômeurs qui cherchent désespérément un emploi, des intérimaires qui vivent la peur au ventre d’être sans rien la semaine suivante, le workaholic (1) s’en fout. Il souhaite travailler plus pour acheter ou thésauriser davantage. Il n’a presque plus de temps à consacrer aux loisirs, donc à dépenser, alors il dépense « idiot » ou il met « de côté », sans réfléchir que la temps passe…
L’homocapitalis, le Burnout américain ou le Karoshi japonais, développent une forte dépendance au travail, comme d’autres sont accrocs à l’alcool ou à la cocaïne.
La médecine du travail a toujours épousé la cause productiviste. Plus grand est le rendement dégageant des plus-values, plus la médecine du travail est prise en considération, donc se développe et est mieux rémunérée. Des officines de contrôle des travailleurs malades ou accidentés poussent comme des champignons. La plupart des médecins qui y collaborent, exercent une pression sur le travailleur en congé de maladie ou d’incapacité. Quelques formes de stress, de trouble obsessionnel compulsif (TOC) et de névrose obsessionnelle sont reliés à l’excès de travail. La travaillolique est un néologisme qui pourrait faire son chemin pour exprimer la ferveur dévote au travail amenant à des ennuis de santé. Les médecins contrôleurs connaissent bien les traumas inhérents. La médecine à la louche ne fait aucune distinction entre les « tire-au-flanc » et les forcenés du boulot en incapacités. Symptôme classique : le travaillolite néglige sa famille et ses relations sociales.
Le help your self a dégénéré dans les dernières décennies et atteint en pleine crise une dramatique ampleur.
Certains travailleurs sont amenés à ce surmenage qui n’est pas dans leur nature par l’espoir de convaincre l’employeur de les conserver dans l’entreprise.
Au cours des vingt dernières années, le temps de travail aux USA n’a cessé d’augmenter. Le temps libre rétrécit au pays des libertés. L’Europe s’engage sur le même chemin depuis Sarkozy.
Le manque de sommeil fragilise. Se priver d’une heure ou deux de sommeil par nuit peut engendrer des pathologies lourdes.
Actuellement l’employé américain type travaille 320 heures de plus que l’Allemand ou le Français. C’est l’obsession de Sarko de coller au plus près à la norme américaine.
Les dernières propositions européennes tendant à augmenter le temps de travail annuel trouvent leur aboutissement dans la volonté de faire travailler le dimanche, d’allonger les prestations de la journée, bref d’aligner le travailleur français sur son homologue américain.

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Le phénomène aux USA ne s’inverse pas en raison de la crise, au contraire. Le travailleur américain a perdu la notion de solidarité. On ne sait pas s’il peut s’opposer dans une organisation collective de résistance aux licenciements et aux expulsions des travailleurs suite à la crise économique.
Un PIB en panne de croissance libère de nouveaux égoïsmes. Les bons boulots deviennent rares.
L’engouement pour le travail anesthésie le sens critique. On l’a bien vu aux USA, mais aussi en Europe, avec quelle placidité les actifs ont accueilli les mesures prises par les gouvernements de renflouer les banques, comme en France ou en Belgique où peu ou pas de contreparties étaient demandées en garantie, alors que les salaires sont au plus bas.
Le travailleur n’a plus le temps de se tenir au courant de l’évolution de la situation. Il a perdu son sens critique.
Travailler trop nuit à la santé physique et psychique. Il y a perte d’intelligence dans certains « métiers » de grande spécialisation.
Le travail répétitif abruti. Il nie la compétence. Ravale l’artisan au manœuvre. Détruit l’initiative.
L’intellectuel surmené par de longues études peut rejoindre dans cet aspect négatif du travail l’ouvrier le plus déshumanisé. Certaines professions à haute valeur ajoutée produisent parfois un effet d’abrutissement. Une concentration importante des connaissances réduit parfois le champ de compréhension des autres disciplines, des problèmes de la vie courante et de la culture en général.
Des Universités sortent chaque année quelques pourcentages d’imbéciles instruits et de spécialistes incultes.
Nous en avons des échantillons aussi bien en salle d’op que dans les studios de nos télévisions.
Etre « excellent », dans un métier cinq étoiles, siphonnerait-il les cervelles ?
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1. Workaholic : se dit d’un bourreau de travail (workaholic en anglais). C’est une personne ayant développé une addiction au travail.

Commentaires

Avec les connaissances et les moyens techniques disponibles, il devrait être possible pour tous de vivre dans un confort raisonnable et durable et dans un environnement sain. Qu'est-ce qui a donc foiré? La cupidité, le vouloir "plus", l'individualisme CONSTRUIT (alors que l'homme est un mammifère grégaire, ...)De la même façon que la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires, la vie en société est trop fragile et trop précieuse pour être confiée, par-dessus la tête des gens, à des économistes, des avocats, des experts et tutti quanti. Il faut d'abord se poser la question: "dans quel monde voulons-nous vivre?" Une fois la réponse fournie, il faut écarter, par la force si besoin est, tous les obstacles humains, matériels, technologiques, etc...à la réalisation de cet objectif. La démocratie manipulée que nous connaissons est-elle capable d'aboutir à ce but? P't'êt' ben qu'oui, pt'êt ben qu'non! Je n'ai pas de réponse toute faite, mais je considère comme important que la question, politiquement absolument incorrecte, puisse être posée!Démocratie parlementaire, démocratie directe, despotisme éclairé, peu importe. Moi, ce qui m'intéresse, c'est d'avoir l'assurance que le système soit écologiquement et valablement durable...et la démocratie passe après!

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