« Un catch du tonnerre de dieu ! | Accueil | Les nouveaux kollabos. »

Une démocratie fer à béton.

A propos des caténaires arrachées du réseau ferroviaire français, dix personnes sont en garde à vue. Les policiers anti-terroristes (SDAT) ont trouvé suffisamment « d’indices » pour maintenir et éventuellement inculper ces personnes.
Les policiers tentent dans le même temps de préciser les profils des « saboteurs ». Présentés par les autorités comme des membres de « l'ultra-gauche », tendance « anarcho-autonome », ils seraient proches de militants écologistes allemands.
Il paraît que ce groupe dit du « Goutailloux » aurait participé à la rédaction d'un ouvrage intitulé « L'insurrection qui vient », signé d'un énigmatique « Comité invisible » et paru aux éditions de La Fabrique.
Besancenot s’est démarqué de l’ultra-gauche dont il dénonce l’illusion.
On a résumé en ces quelques lignes un ensemble permanent de trois parallèles dont l’une, celle de l’extrême gauche, tendance Besancenot, est asymptote de celle représentant le pouvoir, et la troisième, plus farfelue que réellement terroriste et dangereuse, est celle qui mobilise les services antiterroristes français contre elle.
Le pouvoir est évidemment outré que l’on puisse suspecter sa légitimité. C’est la ligne 1, celle de l’apparent consensus, de la loi des 50 % + 1.
Avec tout ce qui a été dit sur le terrorisme depuis 2001, il manquait des exercices pratiques aux forces de l’ordre des 50 % + 1. C’est ce qui se fait dans la plus grande diligence, avec une Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, sur les dents, ravie de la célérité et l’efficacité de ses subordonnés. Les pièces à conviction sont exhibées, fers à béton, matériel d’alpinisme et horaire des trains.
C’est l’occasion de revenir sur la bande à Bonnot, et les attentats anarchistes. Chez nous, sur l’attentat et la mort d’un pompier par des pieds-nickelés qui avaient écopé d’un max, il y a très longtemps.
La sévérité des tribunaux, à l’égard de ces quelques « grands » criminels, ne l’est à ce point, que parce que leurs motivations sont incompréhensibles. Ce qui les rend encore plus dangereux. Comme serait aussi incompréhensible pour les 50 % + 1 que l’on accusât de forfaiture et de crime organisé les maffias économiques qui perturbent actuellement le système capitaliste au point de jeter des centaines de milliers de travailleurs au chômage.
Comme c’est incompréhensible pour tout le monde... l’anarchiste paie ! Normal. C’est le lampiste.

goutail.JPG

Besancenot a une conduite asymptote, c’est-à-dire qu’il rejoint sans le toucher le fameux paquet 50 % + 1. Il pense convaincre assez de gens pour y parvenir ou, tout au moins, obtenir un tel score que l’on ne puisse plus se passer de lui. Et quand bien même cela serait ? Il ne lui resterait d’autre alternative que de diriger le pays en collaborant avec le PS, à moins que de s’obstiner à ne vouloir aucun compromis ou, triste et dernière alternative, forger en grand des fers à béton pour une grande finale. Dans cette dernière alternative, il pourrait se retrouver aux Goutailloux pour tenir une nouvelle épicerie.
Enfin, reste la plus pitoyable des lignes, en même temps la plus idéaliste et la plus meurtrière. Pitoyable, parce que l’on ne se lance pas à l’assaut d’une citadelle avec des lance-pierres, en comptant ses troupes sur les doigts. La plus idéaliste, puisque personne ne comprend que l’on puisse se sacrifier pour des idées ; mais, aussi la plus médiocre et la plus certainement vouée à l’échec, quand ceux que l’on aime tant ne souhaitent pas d’être aimés avec cette violence, même si elle est loin de pouvoir rivaliser avec Al-Qaida.
Evidemment, dans tous les cas de figures, c’est la Ligne 1 qui l’emportera toujours. Car, quand bien même aurait-elle perdu sa légitimité, quand on est maître de la police et de l’armée, on finit toujours par imposer sa loi, sauf dans un cas extrême, quand la police et l’armée changent de camp. Or, ces éléments incontournables sont plus proches de la droite, voire de l’extrême droite, que du centre… c’est dire quel chemin ils devraient faire, pour établir à gauche un nouveau genre de démocratie.
Comme nous n’en sommes pas là, le pouvoir va se rengorger du succès de sa police qui suivait de près l’ultra-gauche, comme on peut être assuré qu’elle a les mêmes attentions pour l’extrême gauche, au cas où… Quelques pauvres types vont écoper du maximum pour des sabotages qui ont rendu furieux les usagers des lignes de chemin de fer, actions inutiles et qui auraient pu faire des victimes « innocentes » comme on dit. Cela aurait été illustré par les journaux qui n’auraient pas manqué de fustiger la connerie d’une démagogie poussée à sa logique extrême dans les conditions de la nostalgie hippie : par du bricolage !
Quant aux asymptotes, il sera de bonne guerre de les assimiler au « terrorisme renaissant » et ils pourraient le payer aux prochaines élections.
Inutile de dire que forte de ses résultats, la police pourrait, en cas de montée du chômage et sur constat d’huissier, faire la place nette devant les usines en grève.
Ainsi on aurait dans l’électeur inclus dans les 50 % + 1, l’usager qui rouspète qu’on lui bousille son train, le type qui va bosser jusqu’à 70 ans et le gréviste qui ramasse un coup de matraque sur la gueule pour s’être trouvé là où il n’aurait pas dû.
La démocratie capable de faire du trois en un, c’est ce qui s’appelle une démocratie en béton et qui n’est pas prête d’en laisser traîner un bout là où elle passe à grande vitesse.

Poster un commentaire