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Un peu de philosophie.

Qu’est-ce qui pousse un personnage en vue dans l’exposition de soi, si ce n’est la concupiscence à la fois des biens terrestres et du pouvoir ; sinon, cette sotte vanité qui fait croire que l’on est le meilleur et qui disparaît peu à peu avec l’usage des autres et le peu d’intelligence qu’on a ?
Reste que la bête politique est un personnage à la fois fascinant et repoussant.
La politique est le plus inconsistant des savoirs. Elle place l’homme en porte-à-faux entre le réel et la chose rêvée. Comment concilier le pouvoir avec la modestie ? Enfin, il est impossible d’avoir autorité sur les autres en prêchant la responsabilité de chacun, quand l’instinct premier est la désobéissance.
Dès que l’on réfléchit à sa propre conduite on s’ouvre aux paradoxes que tout pouvoir soulève.
La concupiscence est donc le puissant levier qui fait sortir du lot. C’est le fond secret du Moi, son masque est la foi, l’altruisme et l’amour des autres.
Même les plus sanguinaires dictateurs sont sincères lorsqu’ils se disent bons, soutenus dans cette bonté par l’amour du bien général qui les rend si cruels au sort des particuliers.
En réalité l’amour qu’ils professent distille en même temps le mépris du corps social.
D’où une règle générale : la politique est une machine à fabriquer des monstres.
Qu’est-ce que le bien public ?
Est-ce préserver les biens et si besoin est par la force ?
Ou est-ce donner à tous suffisamment de moyens pour échapper à la misère et à la convoitise du bien d’autrui ?
Quitte à sévir seulement après, afin de réfréner les instincts pervers qui ne se satisferont pas d’une honnête aisance ?
Pour réussir dans ce métier difficile de l’exposition de soi à la satisfaction générale, il faut paraître ce qu’on n’est pas et quitter des amis qui seraient de nature à nuire à sa propre ambition.
Il faut être obséquieux à bon escient, humaniste dans l’envolée de rhétorique, dilettante lettré et toujours répondre d’un air assuré, surtout à la question qui soulève des océans d’incompétence.
Bref, faire coexister en soi le maître et l’esclave, le pardon et le ressentiment, le juste et l’injuste, le lettré et l’inculte.
Les moments difficiles, telle la crise que nous traversons, doivent paraître maîtrisés afin de rassurer les peuples. Le discours du gouvernement belge à la veille du 10 mai 40, alors que nous allions être envahi par l’armée allemande et vivre quatre années de cauchemar est tout à fait remarquable de fermeté, de force tranquille et d’optimisme. On a vu ce qu’il en a été !
Ce n’est pas par perversité que les personnages politiques mentent à propos des soubresauts de la bête capitaliste, c’est parce qu’ils craignent que même des propos mesurés et justes n’atteignent les foules dans leur hystérie.
Ils mentent pour ce qui semble être un devoir. Et ils entraînent avec eux l’ensemble des médias, moitié complaisants, moitié dubitatifs.

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D’un côté l’égoïsme de caste et de l’autre l’abstraction utopique, il n’y a pas à barguigner. Puisque nos Etats sont par nature conservateurs et réalistes, la politique de pouvoir privilégiera l’égoïsme de caste. C’est tout naturellement un pouvoir dévolu aux libéraux. Il a fallu inventer la social-démocratie pour y inclure les transfuges de l’abstraction utopique, c’est-à-dire les socialistes, avec les résultats que l’on sait.
Le socialisme sous le couvert du libéralisme poursuit ses déclamations des libertés d’un idéal démocratique absolu afin de soumettre par l’aliénation et la servitude une population essentiellement vouée au travail et au service des riches.
Encore ce socialisme-là n’avoue pas ce qu’il inflige aux petits, il invoque, au contraire, des adéquations momentanées à l’Ordre par un devoir d’adhésion.
Tout finit par se savoir. Hélas ! souvent quand il n’est plus possible de retourner là où cela a dérapé, quand il n’est plus possible de cacher ce qui n’est pas beau à faire voir, ce qui est la définition de l’impudeur, en quelque sorte.
Aujourd’hui que l’on a bradé ce qui reste de l’Etat indépendant au capital, nous assistons impuissants et avec nous nos suborneurs, à la victoire de la banque et du banquier, dignes successeurs de nos antiques épiceries, des anciens détaillants, âpres aux gains et qui depuis Germinal se sont élevés au rang qui nous les font redouter dans les Conseils d’administration.
Même déconfite, la Banque triomphe et nous écrase ! Même par terre, elle nous en impose. Notre seule issue était de la laisser crever, quitte à souffrir un moment avec elle et de voir affluer dans les rues les malheureux à son service.
Devant cette préfiguration du désordre, l’Etat a eu peur et changé les règles. C’est le condamné qui a pris le pouvoir, quand l’homme juste en a été chassé.
Notre servitude involontaire est devenue volontaire et la règle, notre asservissement.

Commentaires

je viens de regarder un très intéressant reportage diffusé au jt de midi (4/12) sur la RTBF. Des étudiants de l'UCL ont monté une banque fictive pour "démontrer l'absurdité" des banques. Promesse de "haut rendement" contre éthique. Il n'est pas surprenant de constater au travers du reportage que 55% des piégés estiment préférable de faire passer le rendement avant tout. Certainement est-ce la preuve "philosophique", pour ne pas dire idéologique, de 30 années de matraquage libéral. La crise n'a pas encore changé les mentalités...

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