« On se fout du 14. | Accueil | Je vote le 22 »

Un ministère secret.

-C’est quoi ce truc ?
-C’est le ministère de la suspicion.
-On n’en parle nulle part ?
-Ça doit rester secret.
-Pourquoi ?
-La démocratie est menacée, Monsieur. L’ennemi est invisible. Nous lui avons laissé suffisamment des armes pour qu’il s’en serve contre nous, à cause de ce que nous appelions sottement l’Etat de droit et qui, vous le verrez, s’est beaucoup amendé, grâce à nous !.
-Et alors ?
-…alors, nous nous cachons. Notre action pour être efficace doit rester secrète.
-L’ennemi, c’est qui ?
-Tout le monde et personne. Nous devons nous méfier de tous, pour que la Belgique se sauve des périls.
-Même des Belges ?
-Surtout.
-A part les Belges quels autres ennemis ?
-Tout le monde, je vous dis. Le Communisme n’est pas mort. L’intégrisme explose et nous avons nos jeunes voyous. Les caméras et les portiques sont devenus insuffisants. Les vigiles n’exercent plus assez de contrôles. La chienlit menace l’honnête commerçant.
-Et le ministère de la Justice ?
-Vous voulez rire ? Les prisons regorgent de monde, pourtant, il y en a plus dehors que dedans.
-A quoi cela tient-il ?
-Au laxisme, Monsieur. Nous, nous vous condamnons, puis nous vous exécutons.
-Vous rendez la justice aussi ?
-Notre ministère est autonome. Nous vivons sur des fonds secrets, évidemment, puisque nous n’apparaissons dans aucun budget.
-Vos fonds secrets doivent bien venir de quelque part ?
-Du plus haut, Monsieur…
-Quoi, Lui ?
-Evidemment qui voulez-vous d’autres aussi haut placé ? plus quelques sponsors temporels, des banquiers, des fabricants connus, tous honorables et sûrs.
-Et vos condamnés, où purgent-ils leur peine ?
-Les condamnés ne purgent pas de peine.
-Ah ! vous m’avez fait peur. Qu’en faites-vous ?
-Ils ne purgent pas. C’est nous qui les purgeons.

gaspard.JPG

-Comment ?
-Vous ne vous êtes jamais demandé où passent les gens qui disparaissent ?
-Oui, on en retrouve un de temps en temps, noyé dans le canal…
-Dans les débuts, il nous est arrivé d’exposer l’un ou l’autre à titre d’exemple. Mais ce n’était pas assez dissuasif.
-Quoi, c’est le ministère de la suspicion qui les exécute et les fait ensuite disparaître ?
-Attention à la marche, Monsieur, baissez la tête, la voûte est basse.
-Où sommes-nous ?
-En-dessous du Ministère des Finances.
-Quoi, le Ministre est au courant.
-Oui et non.
-Comment cela ?
-Le vrai a été condamné et a donc normalement disparu.
-Alors, celui qu’on voit ?
-C’est un homme à nous, un parfait sosie.
-C’est le seul ministre de ce genre ?
-Non. Sept de nos agents, dont trois femmes, occupent les fonctions.
-Et le premier ministre ?
-Notre département chirurgie façonne actuellement la tête d’un de nos agents pour le remplacer prochainement.
-Qu’ont fait les élus de la Nation que vous remplacez ?
-Certains ne volaient pas assez pour la juste cause, d’autres volaient pour la mauvaise, enfin le Ministre des Finances avait accumulé les maladresses, ces temps-ci.
-Et le public n’est au courant de rien ?
-Il avait applaudi sottement aux dérives de l’ancien ministre des finances. Nous y avons mis un terme. Le public ne s’est jamais aperçu que toutes les élections étaient truquées, alors, pourquoi voulez-vous qu’il se rende compte que le ministre n’est pas celui qu’ils voient à la télé tenir des discours ?
-…des sosies ?
-Oui. L’Etat est presque entièrement sous notre contrôle. Mais nous redoutons le pire.
-Le pire ?
-Oui, des ultras du ministère de la suspicion sont en train de fonder un ministère bis des classes moyennes chargé d’éliminer toute pensée subversive…
-Une révolte ?
-Oui. L’hyper centre s’est séparé de nous. Voilà le résultat…
-L’hyper centre a un PC quelque part ?
-Sous le ministère des classes moyennes et de l’agriculture.
-La ministre a été clonée ?
-Non. C’est l’authentique. Celle-là est sûre.
-Pourquoi, me racontez-vous tout cela ?
-C’est que vous êtes condamné et que nous sommes arrivés au troisième sous-sol. Nous allons nous débarrasser de vous.
-Que vous ai-je fait ?
-Rien. Mais nous trouverons bien quelque chose. Votre nom a été tiré au sort dans le bottin. Nous devons faire des exemples, n’est-ce pas, afin de frapper l’imagination populaire.

Poster un commentaire