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Di Rupo show.

On peut se demander si les Autorités communales liégeoises, en refusant de postuler pour 2015 la vitrine de la culture européenne, ne nous ont pas enlevé une épine du pied.
Les raisons connues, l’arrangement socialiste pour que Mons n’eût pas de rivale, cachaient l’empreinte profonde d’une acculturation accélérée de Liège.
On a bien vu, à la présentation du dossier de Mons à la Commission européenne par le bourgmestre Di Rupo, à quelle mascarade nous avons échappé. Notre dossier à l’avenant, laissons aller les Montois à la glorification qu’ils se font de la culture et soyons soulagés de n’avoir pas à exposer la nôtre, sans quoi nous eussions eu droit au folklore vaticinant et aux gloires locales que l’échevinat de la culture est le seul à tirer du néant.
Le problème culturel, le plus important qui soit, est le plus maltraité aujourd’hui. C’est d’abord l’enseignement, base de toute aventure créatrice. Le monde officiel espère masquer l’insuffisance des crédits pour une politique culturelle féconde par la montre de quelques « monstres » sacrés qui se révèlent presque toujours des baudruches vite dégonflées à l’heure de leur mort et parfois même avant, et qui au lieu de répandre le goût des Arts et du sensible se sont confinés dans l’absolu amour d’eux-mêmes et d’un convenu bâti sur des lieux communs.
Enfin pour que soit relevé l’envie créatrice de Liège pour l’art, les Autorités accompagnent leur « originalité » d’une représentation classique et la moins controversée du théâtre, de la musique et des arts picturaux. Lorsque la pontifiante « élite » s’en écarte, c’est pour nous faire la démonstration de son instinct du kitch et du pire.
Le problème est posé depuis fort longtemps. A partir d’un certain seuil de développement économique, lorsque les privilèges de l’argent recouvrent le goût général en ne tenant pas compte du phénomène de masse, une perversion recouvre d’un vernis le monde de l’art, sous lequel n’existent que lézardes et délabrements.
L’Art a des rapports manifestes et parfois inavoués avec le travail et la pauvreté. La volonté collective d’une transformation de la culture en un champ de réflexions et d’audace dans la réalité n’existe pas dans la représentation que s’en fait l’échevin Jean-Pierre Hupkens.
A partir d’un certain développement économique les relations entre les strates culturels mettent en cause une éthique, une politique et pourquoi pas une philosophie.

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Les efforts depuis 1936 jusque dans les années 60 d’une culture prolétarienne amalgamée plus ou moins avec bonheur dans le terreau existant avaient produits des artistes et des œuvres tout à fait remarquables que la société de consommation a proprement fait disparaître par la destruction des structures de création, remplacées par des Maisons de jeune qui tiennent plus à l’éducation par le sport que véritables centres culturels, comme jouer aux scrabbles dans les locaux attribués aux pensionnés a éteint toute velléité créatrice par l’autre bout.
L’art des villes comme Liège ne pourra se révéler dans sa propre essence que dans le réveil d’une certaine redynamisation de la sociologie urbaine au service de l’Art.
Lloyd Warner, bien avant Pierre Bourdieu, avait établi l’existence de pas moins de six classes sociales différentes dans une petite cité américaine de 17.000 habitants.
Cinquante ans plus tard, les six classes sociales se retrouvent en l’état de décalque de la société liégeoise, l’agent fédérateur n’étant pas encore trouvé.
Les déterminismes sociaux et culturels qui pèsent sur la population ont gardé un poids beaucoup plus lourd que le nivellement apparent des loisirs télévisuels le laissent supposer. La toute puissance des médias n’a pas encore eu tout à fait raison des particularismes. On voit même des citoyens qui s’en émancipent dans d’autres villes et redécouvrent une qualité de vie qui pourrait valoir des espérances culturelles évidentes, redonnant une deuxième chance aux arts du cinéma et du théâtre.
Les intérêts culturels s’associent dorénavant à des activités physiques, artisanales, artistiques, intellectuelles et sociales. Les universités du Troisième Age affichent une nouvelle prospérité et démontrent la part de frustration qu’ont subie les plus de soixante ans qui ont connu l’apogée de la société de consommation destructrice de toute forme d’art.
Liège n’étant nulle part dans ces domaines, c’est donc avec un ouf de soulagement que nous n’avons pas eu à « flatter » l’opinion européenne pour obtenir d’elle que nous en devenions sa capitale culturelle, pour la bonne raison que nous n’aurions pu rien afficher de transcendant.
Bachelard dans son « Nouvel esprit scientifique » publié en 1963 nous en dit la raison principale « Le jugement de réalité doit être posé en fonction d’une organisation de pensée qui a déjà donné les preuves de sa valeur logique ».
Or, je n’ai jamais entendu nulle part dans les sphères officielles de la culture qu’on se préoccupât le moins du monde de ce qui fait l’essentiel d’une vraie et profonde culture.
Cela aurait supposé de l’Echevinat de la culture de Jean-Pierre Hupkens, en collaboration avec d’autres formes de pouvoir, un préalable de ce que nous aurions été amenés à proposer pour 2015, et notamment sur l’évolution probable de la culture par rapport à la crise et aux modifications de la société, dont nous sommes les acteurs plus passifs que réactifs.

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