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Effets de manches.

Depuis le temps que le MR et Reynders nous travaillent sur l’idée que le libéralisme ce n’est pas le capitalisme, alors que ce dernier les chaussent parfaitement, le moment ne serait-il pas venu de vider la question ?
Qui croit encore que la démocratie n’a rien à voir avec le capitalisme, mais que, par contre, elle est intimement liée au libéralisme ? C’est de la dialectique de nos « élites » bavardant devant un bon feu de bois de leur maison de campagne, Onkelinx tondant sa pelouse à Lasne ou Reynders, gentleman-farmer à Vissoule, élaguant ses haies. Pour eux, la question est tranchée.
Eh bien ! soit. Abandonnons à la corbeille des magouilles bancaires, le capitalisme le plus honteux et ne parlons que du libéralisme.
La démocratie, dans la bouche de ceux qui louchent de bonheur rien qu’au prononcé du mot, serait la petite sœur chérie du libéralisme, son enfant adorée.
Le libéralisme sans la démocratie aurait-il une chance de survivre et vice-versa ?
La gauche et la droite libérale au pouvoir ont répondu à la question, au détriment des citoyens qu’elles étaient censées protéger : le libéralisme est bien en association « définitive » avec la démocratie.
Depuis Tocqueville, le libéralisme et la démocratie jouent les siamois, en même temps, liés par la tête et non pas par le cœur, ils se haïssent sans se l’oser pouvoir dire .
Jumeaux, ils cohabitent, l’un épiant l’autre, essayant de se plumer mutuellement, tout en se roulant des pelles. Ils sont les deux volets d'un même programme d'émancipation, seulement, quand on entre dans le détail de leur amour du prochain, ce ne sont pas les mêmes qu’ils souhaitent émanciper.
La démocratie aime tout le monde, le libéralisme aime ceux qui réussissent, voire qui trichent pour réussir.
Voilà la difficulté pour Reynders : apparaître le sauveur du monde, tout en favorisant l'autonomie individuelle au détriment de la communauté, véritable tour de force de tous les partis libéraux. C’est pourquoi on les voit flatter tant et plus la relation sociale pour se désintéresser du sort des pauvres, en prétextant la dureté des temps.
Par contagion, c’est devenu le dilemme aussi de la social-démocratie, puisque cette gauche-là a lié son sort au libéralisme.

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De l’Ancien Régime à la fin du XIXme siècle, les rapports entre le libéralisme et la démocratie ont été au centre des passions sociales et des affrontements politiques ; tandis que les couches intellectuelles, à quelques exceptions près, rêvaient d’un autre avenir.
Aujourd’hui, les masques tombent. Trois camps apparaissent : la démocratie, le libéralisme et le capitalisme, trois formes distinctes de l’organisation sociale et des buts de l’Etat.
Toutes les interrogations sur le sens et les formes de la démocratie moderne sont passées par les combinaisons possibles, pour ne retenir que ce qui arrange bien le pouvoir, une association binaire, mais qui en réalité, fait la part belle au capitalisme, au point de voler à son secours en y jetant les forces collectives dont l’Etat libéral dispose sans trop donner des comptes.
Quoique issus de la même racine« libertatem », la liberté et le libéralisme ne s’accordent pas si parfaitement que cela, comme d’aucuns le croient, et ce depuis les débuts.
Comment fonder un régime qui associe l'ordre et la liberté ? Et cette liberté, comment la mettre en rapports harmonieux avec une autorité stable? Comment représenter la société sans un pouvoir capable d’imposer la Loi du nombre ? Comment penser la citoyenneté au milieu des contraintes surtout économiques ? Et comment justement élaborer une politique qui ne sacrifie pas l'individu aux impératifs des lois économiques, comme le libéralisme s’y est engagé depuis longtemps ?
Si cela pouvait être à la faveur de cette crise que ces questions fondamentales départageraient les partis, les souffrances du peuple ne l’auraient pas été pour rien.

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