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Les apories d’Aristote

On doit plus à Aristote qu’à Platon.
Affirmer cela n’est rien si on ne peut pas argumenter.
Qu’Aristote paraisse de prime abord un philosophe moins « souverain » que son maître Platon, c’est avant tout à cause de la religion, puisque les grands penseurs du christianisme à commencer par Saint Augustin ont récupéré la sagesse antique dans les textes écrits au nom de Socrate par Platon, après quelques tours de passe-passe, avec réécriture et même falsification, dont les pères de l’Eglise ont toujours été friands, vu la nécessité quand il s’agit de la foi.
Mais quand même, quelle succession de talents, Aristote élève de Platon, lui-même élève de Socrate !
C’est dans l’héritage spirituel – enfin ce qu’il en reste - des trois philosophes que s’est déterminé mon choix.
Quoique Aristote ait été avec ses maîtres, complètement dépassé dès le XVIme siècle avec les découvertes de Copernic dans sa théorie de l’héliocentrisme, Bruno et Galilée un demi-siècle plus tard, la vision du philosophe d’une terre fixe au centre de l’univers, vision partagée par l’ensemble du monde philosophique et scientifique jusque là, comportait quand même dans sa simplicité l’une ou l’autre approche moderne du cosmos.
De sorte que sa division en deux parties de l’Univers reste plus qu’une curiosité. Selon Aristote, il y aurait les corps célestes, décrits comme substance parfaite désignée par « l’Ether » et le reste sublunaire, c’est-à-dire, nous.
On pourrait croire qu’il conviendrait d’en rester là, si Aristote n’en avait induit quelques interrogations qui restent encore des énigmes en 2009.
L’Ether d’Aristote pourrait être une entité qui imbiberait tout à fait l’espace dans l’expansion de l’univers. Découverte seulement en 1998, c’est la théorie du champ « sombre ». Il s’agirait d’une énergie dont on ne connaît rien, sinon qu’elle est considérable et essentielle à l’univers, une énergie auprès de laquelle la fission de l’atome serait comme le craquement d’une allumette.
Le devenir de l’Univers en dépendrait.

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Le problème scientifico-métaphysique lié au commencement des choses que certains pensent avoir résolu par le big-bang est battu en brèche par Aristote et avant lui par les sceptiques. Comme Pyrrhon, ils pensaient que « rien ne peut surgir de rien ». Car, que nous dit-on pour réfuter cela ? Qu’il faut chercher le pourquoi en partant d’un point zéro et qu’en deçà, cela n’entre pas dans notre entendement. Donc, la théorie du Big-bang n’explique l’expansion de l’univers qu’à partir d’un temps qu’on tente d’affiner à chaque découverte.
Evidemment, les théologiens qui avaient déjà eu toutes les peines du monde d’accrocher les Saintes Ecritures aux théories irréfutables, s’étaient finalement ralliés au big-bang, comme compatible avec la création par Dieu de l’espace et le temps.
Mais, s’il n’y a pas d’avant au moment de l’éclatement initial, puisque Dieu en serait l’instigateur, que faisait-il donc avant ?
La relativité générale bute sur le même aléa.
Aujourd’hui la mécanique quantique, c’est-à-dire la connaissance de l’infiniment petit, est en passe de faire disparaître un « début » du temps, donc en donnant raison à Aristote.
Enfin, une énigme non résolue de la physique déjà posée par Aristote concerne la notion d’infini.
Qu’est-ce que l’infini ? Peut-on se représenter l’infini dans la nature ? L’infini n’est-il pas une abstraction nécessaire afin d’imaginer des solutions, là où il serait impossible d’en trouver sans cette fiction, un peu comme en algèbre nous usons d’inconnues, à la différence que l’infini reste de l’alpha à l’oméga l’inconnue parfaite ?
Au contraire, Aristote estime les entités et les processus finis. L’infini n’est qu’une nécessité mathématique. Même une ligne de fuite de la plus lointaine distance qui soit vise un point. Si l'on excepte Renan avec son mot : " La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l'infini." Mais, lui, c'était pour nous faire rire !
L’infini serait potentiel et non pas actuel.
Enfin, on doit à Aristote d’avoir tenté une synthèse entre les sciences et la philosophie, dans une sorte de culture générale commune ; mais, avec la lucidité de celui qui pense que la recherche de la vérité ne sera jamais qu’une approche plus ou moins « heureuse » de la vérité et que les grandes questions métaphysiques resteront ouvertes longtemps et jamais closes.
Aristote me plaît beaucoup, avec cela peu avide de pouvoir et qui osa tenir tête à Platon, au point qu’il s’en sépara.
Dans son Ethique à Nicomaque, il pose des questions sur le bonheur et l’amitié que nous nous posons toujours. Mais, pour ce qui est de son amitié vis-à-vis de nous, il faut nous contenter des textes qui nous sont parvenus.

Commentaires

Bouges pas! Y a l'aca qui va t'rectifier à ta sortie de quetban :).

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