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Trompettes, paillettes et baisers

C’est parti. La campagne a commencé. Les listes sont presque terminées. C’est fou comme les bases sont en osmose avec les Comités de direction ! Il n’y a rien à reprendre que ce soit du côté du MR, du PS et du CDh. Tout est parfait. Les candidats sont exactement ceux que le bon peuple attendait.
Les stars s’apprêtent à descendre le grand escalier avec leur truc en plumes. Dans les coulisses on met la dernière main sur les discours. Les prompteurs sont réglés et Kubla cherche Chastel qui est parti avec la cassette de la marche des gladiateurs.
C’est chic, c’est du belge, c’est très Folies bergères ! On croirait que la chorégraphie est de Ségolène Royal ! Au lieu de « so-li-da-ri-té » on entendra « u-na-ni-mi-té », puisqu’ils sont unanimes : il faut voter pour sauver l’emploi, le leur dans un premier temps et éventuellement le vôtre, si vous avez bien voté !
Elio Di Rupo, nœud mauve, bas de soie et jaquette cintrée, emmènera la liste PS du 7 juin prochain à Mons-Borinage. Le scoop : on a voté dans la foulée du message reçu du bureau pour que Di Rupo n’ait pas à disputer le leadership à un téméraire (Laurent Grad) qui osait poser sa candidature à côté de l’icône ! Picqué à Bruxelles, Daerden et Marcourt à Liège, du jamais vu, de l’inédit… Magnette et Van Cauwenberghe à Charleroi… Cette innovation doit saisir les cœurs socialistes de l’émotion des grands jours. Tounet doit être émerveillé !
Et pas que le PS qui remonte les Champs-Élysées en fanfare.
Les gens sont aux fenêtres, agitent des mouchoirs. Madame Houart crie « Bravo » !
Bientôt une autre meneuse de revue apparaît au bout de la voie royale à la tête d’une clique étincelante de bleus costumes.
C’est Reynders en Monsieur Loyal. Le blanchi de la Commission ne pouvait être qu’en frac blanc et haut-de-forme de même. Mesdemoiselles Reuter et Laruelle, amazones et acrobates, ont la fesse généreuse dans leurs habits de scène, suivies de Chastel en montreur d’ours, avec les ineffables Michel qui ferment la marche libérale sur des vélos aux roues ovales.
Monfils et Kubla jettent des bonbons. Rien que du neuf, rien que du sensationnel…
Enfin Milquet suit le bleu ruissellement en reine du carnaval au-dessus de son char de combat orangé, elle lance des oranges et des baisers à la foule massée sur les trottoirs en criant « in fine ». C’est son expression favorite.
Delpérée et Simonet sur des échasses jettent des faux bulletins de vote et crient « Du jamais vu, c’est du 90 % partout ». La foule saute de joie. C’est dire l’unanimité, la ferveur…
On est sauvé. Le regain d’intérêt, le sursaut parti de la base est celui que le pays attendait.
Dans les discours la crise est derrière. Les banlieues ne sentent pas encore le frémissement, ce sera pour plus tard, après le 7 juin. La misère est vaincue. La poisse recule. BHV ne sont plus les initiales qui font peur. Les Flamands sont nos amis. Le chômage est vaincu. Pépé à sa fenêtre qui ne bandait plus depuis le 11 septembre 2001, à la vue de ces belles dames sent lui aussi comme un frémissement.
On est reparti pour la croissance. On ne peut pas faire autrement. Ce ne serait pas juste après la Nation retrouvée. Le triumvirat entonne la Brabançonne. C’est le recueillement devant une agence FORTIS.

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Tous pleurent d’émotion.
Comme il faut un show, alors qu’on sait bien que les promoteurs du défilé sont copains comme cochons, ils se lancent des vannes, pas bien méchantes dans le fond, juste pour faire rire. Ils sont là pour ça… Mon dieu comme ils sont drôles. Ils se rejoignent dans une seule haine, mais alors totale, contre Ecolo. Cependant ce n’est qu’une façade. Ce n’est qu’apparence. Les politiciens ne se haïssent pas. Ils se jalousent tout simplement. Ils font semblant pour qu’on voie que ce n’est pas de la rigolade, que c’est du sérieux, que leur avenir est en jeu…
Ils se demandent tous les trois comment accueillir les Ecolos dans la grande famille sans perdre un seul emploi. On ne peut pas créer un sixième gouvernement tout de suite !
Enfin, ils sont à moins de trois mois du 7 juin. Toute la politique depuis la démission de Leterme dépendait de la paix des urnes, après on verra s’il y a des bouleversements…
D’ici là, c’est champagne pour tout le monde. Et pas un mot sur le capitalisme, s’il vous plaît !
Le public, sur le moment emballé, risque de se demander, une fois les trombones de l’orphéon remis en caisse, pourquoi on va voter quant à peu de choses près, ce sont les mêmes qui remontent sur le kiosque pour le bouquet final, comme ils étaient la fois avant ?

Commentaires

"Faire parler un homme politique sur ses projets et son programme, c'est comme demander à un garçon de restaurant si le menu est bon. Tout ce qui l'intéresse c'est que vous payiez l'addition. Ce n'est pas lui qui aura mal au ventre." (Jean Dutourd)

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