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Une affaire d’honneur.

On ne sait pas à quoi jouent les milieux financiers relayés par la presse bien militante pour sortir au plus vite de la crise dans les mêmes conditions qu’avant.
En effet, le seul problème qui vaille dans ce qu’on dépeint comme malheur, ce sont les parachutes dorés. Cela permet à Sarkozy de faire à nouveau des discours comme s’il était en campagne électorale et au bon peuple de croire que ce sont les méchants Présidents des Sociétés qui ont conduit les pays à la récession par une mauvaise gestion de leurs entreprises.
Nul ne prétend dédouaner la pratique du patron qui après avoir conduit sa Société à la quasi faillite, la quitte en emportant des indemnités dignes d’un LOTO de rêve, sur le temps que les ouvriers sont licenciés et que le successeur du patron réclame l’aide de l’Etat.
Mais, c’est un des grands classiques de la société capitaliste de pointer du doigt un type malhonnête – encore que les actionnaires n’avaient pas à prévoir des indemnités colossales en cas de départ forcé – afin qu’on relâche l’attention sur tout le système qui est en train de foirer.
Ainsi on évite d’attaquer le mal à la racine si l’opinion publique avait été mise au courant de l’entièreté de la crise et des causes du désastre.
Les parachutes dorés, ce n’est que l’histoire d’un mouton noir au milieu d’un troupeau de la même noirceur. Mais un mouton chargé de symbole et qui agit en trompe l’œil. Ainsi le public se noie dans des fausses perspectives et le troupeau passe indemne pour perpétuer la race.
Le galop d’essai de ce qui est devenu une tromperie de l’opinion publique fut offert au monde par la France en la personne de Jean-Marie Messier.
Avant de tomber, ce PDG médiatique avait recruté l'ancien juge Alain Marsaud, comme « directeur de la prospective », a raison de 236 461 €. Le juge, devenu depuis député UMP de Haute-Vienne, a été remercié l'année suivante par Jean-René Fourtou, nouveau patron de Vivendi, qui s'était interrogé sur l'utilité du poste. Une ex-substitute était aussi rémunérée 142 783 € pour réfléchir à des « questions éthiques ». Quant au député PS de la Drôme, Eric Besson, délégué général de la Fondation Générale des eaux puis Vivendi, il touchait 140 418 € pour réinsérer des chômeurs de longue durée.
Il était donc urgent de braquer les feux de l’actualité sur Messier empêtré dans un procès aux USA, au cours duquel on apprit que son compte personnel à la Société générale indiquait qu'il avait acheté, le 26 décembre 2001, 182 859 titres Vivendi à 30,91 € l'action et revendu le lendemain au prix unitaire de 59,87 €. Bénéfice de cet aller-retour pour le brillant PDG pendant les fêtes de Noël : 4 millions d'euros.
Viennent ensuite les derniers avatars de son parachute doré qu’il finira par abandonner à condition que son ancienne Société paie ses amendes et son procès aux USA.
Dans cette affaire vieille de sept ans se trouvent déjà tous les éléments qui expliquent aujourd’hui le discours de Sarkozy à Saint-Quentin et notamment le passage où il condamne la malhonnêteté de certains, dénonçant le danger dans la mesure où le public pourrait faire l’amalgame avec le système capitaliste qu’évidemment le président des Français trouve « éthique », c’est son expression.

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Voilà tout est dit, l’intention secrète éventée, le pot aux roses découvert !
Tout doit être fait pour que jamais le système soit mis en cause.
Avec les parachutes dorés, version 2009, la presse a un os à ronger qui correspond au désir de vengeance des foules misérables, la gauche collaboratrice se sauve aussi par ce subterfuge des menaces internes de ses militants qui s’impatientent.
S’il le fallait, le pouvoir politique de mèche avec le pouvoir économique irait jusqu’à traduire en justice les quelques responsables « malhonnêtes », contre l’avis de Laurence Parisot, à la tête du patronat français et mouillée jusqu’au cou de par sa famille (une bande de rapaces inflexibles selon les anciennes ouvrières de l’usine de papa) dans le concept d’un patronat libre de toute entrave et qui se vote les indemnités qu’il veut.
La pièce est jouée. La presse à moitié complice entre dans le jeu, les partis compères et lorgnant le pouvoir ne pipent mot.
C’est une affaire d’honneur, disent-ils, de Sarko à Reynders, ils feront semblant de nettoyer les écuries d’Augias !.. Peut-être iront-ils jusqu’à limiter les prétentions patronales en matière d’indemnités de rupture de contrat.
Le capitalisme repartira de plus belle et l’occasion de le flanquer en l’air, nous filera sous le nez.
Ainsi se dessinera une nouvelle « éthique » qui aura tout l’air d’une belle escroquerie.
Qu’est-ce que vous voulez, quand il y a connivence dans les sphères du pouvoir politique et économique, que pouvons-nous faire ?

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