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Amérique nous revoici…

A l’exception de Jean-Marie Happart, on ne rêvait plus d’Amérique en Europe, malgré le buschisme de la Commission de Bruxelles.
Le Parlement européen avait ses détracteurs qui regardaient du coin de l’œil les atlantistes comme Barroso, Michel ou Lamy, mais l’ensemble tenait bon face à l’opinion européenne de plus en plus hostile au fur et à mesure de la montée en puissance de la crise et du ralentissement des affaires.
La fronde était d’autant pertinente que la crise mondiale venait des places boursières les plus fortes du monde anglo-saxon. Il s’avérait que ces organismes financiers avaient bluffé tout le monde, sans cependant entamer la confiance dans le capitalisme de la Commission. On se posait beaucoup de questions sur l’avenir des Etats-Unis dans les travées du Parlement européen.
Puis vint Obama.
La situation n’était pas meilleure, pire même au plus mauvais moment de la présidence Bush ; mais, l’homme nouveau séduisit. Il n’en fallut pas plus pour que le parlement votât par 503 voix pour et 51 voix contre (10 abstentions), une résolution sur « l'état des relations transatlantiques après les élections qui ont eu lieu aux États-Unis ».
La droite européenne, avec le soutien massif de la gauche, venait une fois de plus de réhabiliter la politique américaine, malgré les erreurs et les malhonnêtetés couvertes par les Secrétaires d’Etat des deux présidents. Le document, sur lequel on s’est prononcé, trace les grandes lignes des relations de l’Europe et des USA jusqu’en 2015.
On peut y lire ce que notre suzerain d’Outre Atlantique réclame de nous et, avec quel empressement, nous nous efforcerons de le satisfaire.
En même temps qu’on y souscrit à près d’un siècle d’asservissement de l’Europe à la politique américaine, c’est un rappel à « l’amitié » éternelle, avec de beaux élans comme si nous étions toujours sous la menace de l’Ours à l’étoile rouge venu du froid « le partenariat transatlantique doit demeurer une pierre angulaire de l'action extérieure de l'Union. Il s’agit de construire un véritable marché transatlantique intégré, d'ici à 2015 ».
Ainsi, avant que la polémique de « qui va payer quoi » ne se termine, alors que beaucoup d’Européens se trouvent avec des actions qui valaient 100 et qui ne valent plus que 2 à cause des pratiques douteuses de la titrisation des produits toxiques américains, on hisse le drapeau, bat de la caisse et fait retentir les trompettes, rien que parce que c’est Obama au lieu de Bush !
Belle illustration de la confiance ainsi rétablie sans que rien ne soit réglé et en pleine crise financière.
Sans savoir si le dollar ne va pas sombrer, si la Chine ne va pas réclamer ses créances, nous lions notre sort aux faillis, au point qu’un accord de partenariat devrait être conclu, juste après la ratification du traité de Lisbonne, qu’on avait un peu oublié dans la tourmente.
Restait à coordonner l’OTAN avec les deux politiques de sécurité, cette machine de guerre étant qualifiée de « pierre angulaire de la sécurité transatlantique ». C’est tellement gros que l’on se demande si le texte n’a pas été écrit par un Louis Michel complètement délirant ?
Du coup Barak en tournée en Europe, joue sur du velours. Il nous presse d’intégrer la Turquie dans l’Europe, de la manière de quelqu’un dont on ne discute pas les propos.
Les Européens sont aussi sommés d'augmenter leurs efforts de défense. Nous n’avons pas d’ennemi ? Qu’à cela ne tienne, Obama nous en trouvera bien un.
Et ce type n’a pris ses quartiers à la Maison blanche que depuis janvier !

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La suite de la résolution est à l’avenant. C’est le discours classique du néolibéralisme, consacrant le leadership des USA. : suppression des entraves aux échanges, libéralisation des investissements étrangers, etc…
C’est une mine d’or pour une gauche qui serait encore capable de voir le côté excessif d’une droite qui ne s’endort pas et préfère, au contraire, l’attaque aux excuses.
On se croirait même revenu aux beaux jours du mandat de Clinton.
C’est le classique redécoupage du monde, sauf que les pays émergents ne sont pas prêts à se laisser découper. On n’est plus à Yalta, quand même.
Il faudrait au moins que ceux qui vont briguer notre suffrage le 7 juin pour l’Europe, expliquent quand même aux électeurs, s’ils ont prêté la main à cet acte d’allégeance aux Etats-Unis et pourquoi ils l’on fait ?
Evidemment avec les nostalgiques que nous avons au PS… déjà que le plan de redressement de la Wallonie, ils l’ont appelé Plan Marshal…

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