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La nouvelle donne.

Avec ou sans décision du G20, il semble bien que le gavage des banques en difficulté qui a été la politique des pays riches depuis le début de l’année soit une erreur magistrale.
Les Etats ont ainsi distribué de précieuses liquidités là où ils n’auraient pas dû le faire au vu des résultats : des responsables qui fuient avec de solides paquets d’argent, la méfiance excessive des prêteurs pour financer des investisseurs dans des projets, conséquence la stagnation de l’immobilier, faillite de petits entrepreneurs, et, par dessus tout, l’inconnue de la quantité de produits toxiques encore sur le marché.
Les Etats, dont la Belgique, ont renfloué des banques sans savoir jusqu’à quel niveau elles étaient endettées !
Vous en connaissez-vous des gérants d’une agence au coin de la rue qui ouvriraient les robinets du crédit à des gens dont ils n’auraient pas évalué le patrimoine et les salaires ?
C’est pourtant ce que Reynders a fait et le gouvernement l’a laissé faire.
Moralité, il ne reste pas ou peu de moyens pour envisager une autre politique.
Qu’arriverait-il s’il s’avérait que les sommes versées aux banques soient insuffisantes ?
C’est comme à la roulette, pour se refaire il faut continuer de miser et de plus en plus gros. Si on arrête on perd tout.
Alors, qu’une autre solution existait bel et bien. Elle a fait ses preuves par le passé. C’est un cas d’école : le « News deal » de Franklin Roosevelt.
Le New Deal est le nom donné par le président américain Franklin Delano Roosevelt à sa politique interventionniste mise en place pour lutter contre les effets de la Grande Dépression aux États-Unis. Ce programme s'est déroulé entre 1933 et 1938, avec pour objectif de soutenir les couches les plus pauvres de la population, de réformer les marchés financiers et de redynamiser une économie américaine meurtrie depuis le krach de 1929 par le chômage et les faillites en chaîne.
Quand on parle d’économie, on se réfère toujours à une date : 1929. Après avoir évoqué cette année noire du capitalisme, on a tout dit.
Tout le début des années trente serait à citer. C’est en effet jusqu’en 1938 que l’Amérique s’est petit à petit redressée dans un effort bien plus considérable que tout ce que Obama a fait jusqu’à présent pour les banques et l’industrie automobile.
L’Amérique a directement investi dans des grands travaux, réengagé en masse des travailleurs, construit des hôpitaux, jeté des routes à travers les Etats, des ponts gigantesques au-dessus des fleuves. Tandis que Roosevelt n’a pas donné un sou aux banques en faillite.
Nous avions les moyens de concevoir un plan de cette ampleur, soutenir les employés de banque qui allaient perdre leur emploi était dans le domaine du possible, en même temps que garantir l’épargne et les petits propriétaires par l’engagement de l’Etat à garantir les hypothèques. Fortis à la dérive aurait pu être étatisée, et c’est depuis cet organisme qu’aurait été possible notre « news deal ».

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Evidemment, c’est l’effort de guerre des années qui ont suivi 1938, qui a définitivement sauvé l’industrie américaine pour en faire la première au monde durant le demi siècle suivant.
La différence entre cette période de crise et la nôtre n’est pas dans la dilution de l’autorité des entrepreneurs partout dans le monde, si bien qu’un Indien est le maître de l’ex Cockerill, comme veulent nous le faire croire Minc et Attali ; mais dans le caractère purement industriel des forces d’influence qui ont conseillé le président Roosevelt et ce le fut dans le bon sens.
Les grands groupes industriels aujourd’hui sont soit le produit des banques, soit l’enjeu des Bourses. Les conseillers de Reynders à Sarkozy, de Merkel à Obama sont essentiellement des économistes des milieux boursiers et des banques. L’argent fictif, basé sur de l’embrouille a supplanté celui qui est le résultat d’un travail et d’un produit.
Il n’est pas dit que sans leurs conseillers aussi toxiques que les titrisations et les magouilles interbancaires, les Européens n’auraient pas choisi la méthode Roosevelt ?
Tout porte à croire que la politique de soutien aux banques, si cela ne se termine pas par une catastrophe, va prolonger la crise de plusieurs années. Certains parlent de dix ans !
Il est intéressant de se rappeler ce que Galbraith, en sa qualité d’économiste et conseiller de Roosevelt écrivait à propos d’une politique de relance, en suivant l’exemple de Keynes :
« …l'inégale répartition des revenus entraîne une baisse de la demande globale. Les classes les moins favorisées ayant une consommation supérieure à celle du reste de la population par le nombre, une diminution de leur niveau de consommation en période d'incertitude entraîne une baisse de la demande globale et une hausse du chômage. L'intervention de l'État est alors nécessaire pour sortir l'économie du sous-emploi, et cela en créant un déficit. ». Il était partisan d’une augmentation des impôts des classes aisées, plutôt qu’à tout autre solution qui pénaliserait les plus pauvres.
On le voit, ce n’est pas ce chemin-là que nos dirigeants ont pris.

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