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Muskeligkandidät.

- Monsieur Adolf Heil, vous vous présentez aux élections du 7 ?
-J’ai les 5.000 signatures nécessaires.
-Vous n’avez que 23 adhérents, comment est-ce possible ?
-Technique, monsieur, technique ! Nous nous sommes inspirés des élections en Algérie. Pays remarquable, à la démocratie irréprochable.
-Mais encore, vos 5.000 ?
-Notre Bien-aimé a su créer la volkswagen. Nous avons créé la volksurne.
-Votre parti, le « Vront » c’est un nom bizarre, n’est-ce pas ?
-Pas plus bizarre que le Front. Je vous explique, certains peuples du Nord ne savent pas prononcer le « F », ils disent « ve ». Comme nous nous voulons européens, face au péril rouge, c’est notre manière de faire une ouverture à ceux qui vivent aux confins du monde civilisé.
-Vous avez un programme ?
-Tous au balai. Nous faisons une porte ouverte dimanche pour balayer devant. Mais ce sera le seul jour.
-Votre slogan « Celui qui n’est pas comme moi, est contre moi » tout le monde n’est pas obligé d’avoir la petite moustache et la mèche sur le front, comme vous !
-Nous avons réfléchi à l’opportunité d’exclure les chauves, puisque pour eux la mèche est impossible. Eva a trouvé la solution. Elle a fait faire des perruques avec la mèche.
-Eva, c’est qui ?
-C’est ma compagne. Mais comme Notre Bien-Aimé, nous ne sommes pas mariés. Nous attendons la dernière minute.
-La dernière minute ?
-Oui. Nous avons construit un blockhaus dans le fond du jardin, exacte réplique de la dernière demeure de Notre Bien-Aimé. Ce n’est pas nous qui le disons mais Louis Michel du MR qui parle du possible retour des hordes rouges, nous nous marierons aux premiers bruits des chars, puis nous nous ferons brûler à l’essence.
-Eva est d’accord ?
-Oui, elle est pompiste.
-Vous avez des relations avec des partis frères ?
-L’anschluss a échoué avec le Front National français.
-Et le belge ?
-C’est quoi, le belge ? un groupuscule…
-Vous n’êtes que 23 !
-Eux ne sont que 17, si vous décomptez les métèques.
-Les métèques ?
-Oui. Je n’en dirai pas plus, …peur d’un nouveau détail de l’histoire.
-Vous voulez parler de Jean-Marie ?
-Non. De José !
-José l’Américain ?
-Exactement. Il a traité les gens de lavette. C’est du racisme !
-Ce n’est pas tout à fait ça. Il a dit qu’il n’était pas une lavette.
-C’est la même chose. S’il n’est pas une lavette, c’est bien entendu par rapport aux autres qui le sont. Donc c’est du racisme…
-Et vous, vous n’en faites jamais ?
-Evidemment si, mais où allons-nous, si les autres nous piquent nos bonnes idées ? Il y a confusion. Depuis sa déclaration, nous sommes certains que des électeurs croyant voter pour le « Vront » voteront pour le PS.
-Mais enfin, Monsieur Adolf Heil, ce n’est pas la même chose !
-Aujourd’hui tous les partis se ressemblent. Comme ils n’ont plus qu’une idée, ils se la volent l’un l’autre, si bien que l’électeur entre en pleine confusion mentale.
-Ils trompent l’électeur ?
-Je ne vous le fais pas dire.

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-Quelle est donc cette pensée unique ?
-Obtenir le meilleur mandat possible et durer le plus longtemps possible !
-Je vois que vous êtes seul dans le local, à part Madame Eva qui repasse des brassards, où sont les autres ?
-Vous ne m’aurez pas si facilement.
-Mais je ne cherche pas à vous avoir. Sinon, comment le pourrais-je ?
-On ne me la fait pas à moi ! Si je rassemble mes partisans, ce local risque d’être pris d’assaut par la police pour association de malfaiteurs. Vous savez comme les chefs des autres partis sont jaloux de ma réussite !

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